5.5 - La longue marche des Harkis de Montpellier à Paris du 22 août au 25 septembre 2011

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

La marche des Harkis et des Pieds noirs, Français d'Algérie
Montpellier - Paris Les invalides

du 22 août au 25 septembre 2011

1 - La Marche des Harki est organisée par la coordination nationale du Mouvement de la résistance Harki dont les initiateurs sont Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï - Propos recueillis

 2 - Témoignage de Simone Gautier. - Lecture de deux poèmes de Jean Bastien-Thiry au cimetière de Bourg la Reine

3 - Témoignage du colonel Hamilton

 

1 - La Marche des Harki est organisée par la coordination nationale du Mouvement de la résistance Harki dont les initiateurs sont Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï - Propos recueillis par José Castano

La Longue Marche des Harkis organisée par la Coordination nationale du mouvement de la résistance harki est partie de Montpellier le 22 août 2011.

 Elle est arrivée à Paris le 25 septembre, jour de l’hommage aux Harkis après avoir parcouru 800 kilomètres entrecoupés de 34 haltes plus ou moins longues. Ce qui faisait 30 kilomètres par jour de marche.

Hamid Gouraï et Zohra Benguerrah sont les initiateurs de cette marche, jamais découragés, malgré la fatigue, malgré le refus de certaines municipalités de leur apporter leur aide, malgré un succès d’irrégulier à triomphant, tout au long de ce parcours à travers la France.

Les maires de Lunel, Nîmes, Castillon du Gard, Saint Vallier sur Drome ont refusé de les recevoir, de leur donner un abri, de leur permettre des toilettes … C’est sur le trottoir devant les mairies, sur les marches des mairies qu’ils passèrent ces nuits, certaines bien froides, dans leurs petites guitounes.

Zohra rappelle :
« En 2007 le présidentiable Sarkozy avait déclaré : -Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des Harkis et d’autres milliers de musulmans français qui lui avaient fait confiance, afin que l’oubli ne les assassine pas une seconde fois -. Vaines paroles, fausses promesses des politiciens de tout bord. »

Alors Hamid et Zohra décident de se faire entendre. Zohra raconte et s’indigne avec colère, tristesse et amertume :

« Nous poursuivons ce mouvement car nous avons déjà passé deux ans (2008 – 2010) devant le Palais Bourbon ; nous avons dormi sur le trottoir face l’Assemblée Nationale ; nous avons souffert du froid, de la neige, du verglas, du vent, de la pluie et de la chaleur. Les femmes et hommes politiques nous ont discriminés, nous avons subi les pires humiliations des deux partis politiques UMP et PS et avons été tabassés par la police Sarkozienne. Il est hors de question d’accepter une soumission ou bien de courber l’échine. Cette reconnaissance l’Etat français nous la doit. Nous sommes prêts à dormir dehors sur les trottoirs devant toutes les mairies qui refusent de nous accueillir. La Coordination Nationale du Mouvement de la Résistance Harkis avec les Pieds-Noirs qui la rejoindront, mèneront ensemble une action sur le terrain pendant 34 jours à travers tous les départements pour démontrer que le Président de la République avec son Gouvernement sont des voyous de la République et des délinquants constitutionnels. »

« Nous considérons que nous ne sommes plus chez nous, on préfère dérouler le tapis rouge à des criminels de la guerre d’Algérie, ceux qui salissent la France, ceux qui l’insultent au lieu de servir les honnêtes citoyens et aider nos compatriotes dans la détresse. Cela devient inacceptable ! …  Il faut honorer la mémoire de nos anciens, celle de nos parents, celle de nos familles qui étaient innocents. Ils ont payé très cher leur engagement au service de la France. Leur destin est aussi le nôtre. Nous souffrons encore de ces blessures que le clan gaulliste nous a infligées pour punir notre fidélité et notre amour du drapeau tricolore. Nous nous battrons jusqu’au bout pour dire non à Nicolas SARKOZY ! … Cette reconnaissance il nous la doit. Nous sommes dans la dernière ligne droite du cinquantenaire de notre exode ; il faut nous unir fraternellement  –Harkis et Pieds-Noirs – pour faire trembler ce Gouvernement qui fait honte à la France… Le moment est venu pour descendre dans la rue ; plus rien ne nous arrêtera ! C’est l’honneur de nos pères que nous défendons ! C’étaient des hommes valeureux et courageux ; ils ont pris les armes pour défendre une terre qu’ils voulaient française jusqu’à l’ultime sacrifice. La France nous l’aimons ; c’est notre patrie, il faut la défendre avant qu’il ne soit trop tard ! »

 

 

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

2 - Témoignage de Simone Gautier. - Lecture de deux poèmes de Jean Bastien-Thiry au cimetière de Bourg la Reine

J’ai rejoint Zohra et Hamid à Montpellier, après avoir eu connaissance de leur  résolution et profonde détresse devant l’Assemblée nationale. J’étais bien décidée à faire cette longue marche avec eux. Je voulais, en remerciant Zohra et Hamid de m’accepter dans leur marche, crier avec eux « Harkis – Pieds-Noirs même combat ».

En souvenir de ma Zohra, celle qui m’a servi de mère, celle qui m’a répété toute mon enfance : «  ma fille, dans ta vie, tu marches toujours avec le respect ». Je n’ai compris que plus tard son précepte, alors que la douleur me déchirait et que j’avais la tentation de me laisser submerger par la haine. Cet amour pour la France qui a failli se transformer en haine de n’être pas compris… Quelle douleur est la nôtre !

Qui a dit que rien ne ressemble plus à l’amour que la haine !

Tout à coup une Zohra Benguerrah me faisait savoir que son amour pour la France rejoignait le mien, un amour désespéré. Alors, Zohra me faisait savoir, sans le savoir, que nous devions rester debout, cette fois-ci, dans cet amour les uns des autres, tant pis pour cette France, sourde, muette, aveugle, jusqu’à ce qu’elle comprenne. Qu’importe les années de plomb et les secrets d’Etat putrides …

En attendant, on lui ferait savoir,on lui ferait comprendre !

J’ai fait mes 30 kilomètres par jour, jour après jour, déclarant forfait, pour deux marches, les pieds couverts d'ampoules éclatées, puis les retrouvant eux, toujours debout, de vrais combattants, la vie chevillée au corps … Ils sont les miens, ils sont mes racines, avec eux, je ne suis plus en exil.

Lors de l’arrivée de nuit, à Paris, aux flambeaux, toujours en marche, pour les Invalides, Hamid me dit : « Prends le haut-parleur, à ton tour ». Alors … ça m’est venu tout droit, du fond d’il y a 50 ans …comme si tout à coup leurs cadavres mutilés, ceux du 26 mars, ceux assassinés sur ordre du sommet de l’Etat, comment dire son nom, sans se sentir salie ? -sur ordre d’un tueur en série-, se mettaient debout, me soutenant à courir aux Invalides … Et j’ai hurlé de toutes les forces de ma poitrine : « De Gaulle assassin ». Et puis je n’avais qu’à crier « De Gaulle » et toute la marche criait « assassin » sans que les forces de police, qui nous encadraient, ne nous en empêchent.

Oui Harkis-Pieds-Noirs même combat ….

De Gaulle assassin … Devant l’Histoire ! Un grand rendez-vous !

Vous mes racines …MERCI

Simone Gautier née Ramos (de Elche - Palmeraie patrimoine mondial)- près d’Alicante)

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La Marche partie le 22 août de Montpellier arrive à Etampes le 23 septembre 2011.

Hamid GOURAÏ vient d'apprendre par téléphone qu'aucune invitation pour l'hommage aux Harkis aux Invalides ne leur sera accordée.

Hamid décide alors de bloquer la RN20 tant qu'il n'obtiendra pas satisfaction.

- (0'38") Tandis qu'Hamid argumente sur sa décision de bloquer la RN20, au fond la police fait dévier la file des voitures, qui s'impatiente à coups de klaxons, sur une voie d'accès à la RN1 tandis que le bouchon grossit. 

- (1'15") Et le bouchon grossit. La file des voitures est bloquée ce qui provoquera un bouchon de 50 km.

- (1'42") Simone GAUTIER explique sa participation à la marche des Harkis

- (3'17") Zorah BENGUERRA explique à sontour, son combat

- (4'25") Thérèse alors entonne les "Africains" (ah mon Dieu nos oreilles !)

- (4'40") Madame le Commissaire de police tente de persuader Zorah de libérer la chaussée.
              Refus catégorique de Zorah.

- (5'00") Sous la menace de la mise en exécution de l'enlevement des deux véhicules, Hamid et Zorah décident de reprendre la marche et acceptent une voie détournée.

- (5'05") Sous l'œil vigilant des policiers de plus en plus nombreux, le cortège est orienté sur une vois rendue déserte.

- (5'30") Direction Bourg la Reine

- (6'30") Entrée Bourg la Reine

- (6'55") Devant la mairie

- (7'10") Hamid et l'adjoint au maire en discussion pour décider de l'hébergement nocturne qui finira par les tentes plantées sur le trottoir devant la mairie. Le colonel Hamilton en compagnie de Jean Roger Alibert

- (7'28") Bernard COLL Président de Jeunes Pieds-noirs en compagnie de Hamid

- (7'55") Hamid explique son projet aux journalistes pour son entrée aux Invalides

- (8'10") Ils ont dormi sur les marches de la mairie Ils sont transis mais Thérèse garde "la pêche et chante les Africains (aï, ça sonne pas ça ...)

- (8'47") Thérèse harangue les passants.

- (9'30) Joëlle APPERT s'y met à son tour

- (9'47") Arrivée devant le cimetière de Bourg la Reine, Alain AVELIN en tête.

- (9'54") En compagnie de Farida Khalkhal

- (8'03") Le colonel Hamilton arrive à son tour

- (10'08") Tous les présents, devant la Tombe de Jean BASTIEN-THIRY pour un hommage

- (10'16) Charly Cassan est parmis nous

- (10'27") Le groupe se resserre autour de la tombe de Jean BASTIEN-THIRY. La chorale MONTJOIE SAINT DENIS chante en son honneur et à sa mémoire.

- (10'56") Nicole FERRANDIS et Yves SAINSOT sont également présents

- (11'15) Jean-Paul SPINA du CLAN-R est là

- (11'31") Dépot des gerbes

- (12'12") Louis de CONDE

Sortie du cimetière

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 Poèmes lus par Simone Gautier devant la Tombe du Colonel Jean BASTIEN THIRY
au cimetière de Bourg La Reine

 

BASTIEN-THIRY

Mon prochain c’était toi
Qui a trouvé pendu
Ton fils assassiné

Mon prochain c’était toi
Que des fusils français
Ont blessé à jamais …

Mon prochain c’était toi
Qui errait en sanglots
Dans ton quartier pillé.

Mon prochain c’était toi,
Harki mon camarade
Abandonné sans armes …

Mon prochain c’était toi,
La femme à l’enfant mort
Dans ses bras …

Comment aurions-nous pu
Continuer à vivre
Protégés et tranquilles
Alors que votre cri parvenait jusqu’à nous ?
Alors que l’Algérie nouvelle
Élevait une croix immense
Où le visage de douleur
D’un peuple entier
Ressemblait à celui du Christ.

La lumière s’éteint.

 

MÉDITATION VIII

C’était le 26 mars,
Á Alger.
O mes frères d’Algérie
Votre douleur est devenue la nôtre.
Comme vous, nous avons compris
Que ce jour était le dernier,
Le dernier jour de l’espérance …

L’Armée désormais, n’allait plus soutenir
Votre sursaut désespéré,
Et la consigne était donnée
De fermer les yeux, les oreilles,
A l’appel au secours
D’un peuple abandonné.

L’Armée assisterait, impassible et muette
A cet écrasement
A cet effondrement …

O mes frères d’Algérie
Nous avons entendu l’appel
Nous avons entendu le cri
Que vous avez jeté !

Comment aurions-nous pu
Sans honte
Continuer à vivre
Comme si de rien n’était ?

Car vous étiez plus proches, dans votre éloignement,
Car vous étiez plus proches, après ce reniement,
Plus proches, plus prochains
Que ceux que chaque jour nous pouvions côtoyer.

 

Voir l'hommage rendu à Zohra et à Hamid, le 25 Septembre 2013 à GIENS (83) par Jean-François COLLIN, Président de l'ADIMAD, cliquez : ICI

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs 

3 - Témoignage du colonel Hamilton 

Francis Hamilton

Son père est anglais né à Shanghai (concession britannique) 

En France la famille s’installe à Courbevoie (92). Il nait le 20 juin 1933.
Il passe son enfance et sa jeunesse à Paris, dans le quartier d'Auteuil, jusqu'à son entrée à Saint Cyr
Il fait Saint Cyr et part en Algérie.
- de 1959 à 1962. Il sert en Algérie dans le 4ème Zouaves - 2ème Compagnie.
- jusqu'à fin 1961 il est dans les Maadid, secteur M'Sila, zone ouest du Constantinois puis à la frontière marocaine et finalement à Oran.
En 1962 le régiment est rapatrié.

Pour lui l’Algérie est un morceau de la France.

- 1962 - 1965  : 93ème R.I - Camp de Frileuse à Beynes - dissolution du  93ème R.I.
- 1965 - 1968 :   5ème R.I. - Camp de Frileuse à Beynes
- 1968 - 1975 : Centre Mobilisateur 19, Montlhéry
- 1975 - 1980 : Centre Interprétation Photos Aériennes (C.I.P.A.T.) transformé en Centre d'Instruction du Renseignement et de interprétation Photo (C.I.R.I.P.) à Satory
- 1980 : retraite à Versailles

 

 

21 Copie2

Le Colonel Hamilton, Zohra Benguera, Hamid Gouraï et Simone Gautier

 

colonel Hamilton3

Colonel Francis Hamilton, Simone Gautier et Hamid Gouraï

 

Hamilton4

Colonel Francis Hamilton, Hamid Gouraï et Lieutenant Louis de Condé

 

HAMILTON 

 

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