9.12 - "J'accuse Zohra DRIF " de Danielle Pister et Éveline Caduc

XII - 50 ans après - Honte - Outrages - Blasphèmes - Profanations

5 - "J'accuse Zohra DRIF "  de Danielle Pister et Éveline Caduc

 

La Grande Zohra

Madame Zohra Drif s’indigne, Madame Zohra Drif trépigne. Madame Zohra Drif griffe.

Qui la met en fureur ? La France. Banal, c’est une longue habitude. Mais ses imprécations visent également le Muet du Sérail, le Président algérien Bouteflika.

Quel crime mérite tant de bruit ? Un silence.

Celui du Président de la République française : François Hollande, pour la première fois de son quinquennat, assistait à la cérémonie annuelle d’hommage à toutes les victimes du terrorisme, le 19 septembre 2016, aux Invalides. Parmi les intervenants, le père d’une jeune fille tuée dans le massacre du Bataclan, le 13 novembre 2015, dénonça l’atrocité de ces actes terroristes perpétrés contre des victimes innocentes. Il rappela les attentats qui, depuis des décennies, ont endeuillé la France. Il osa remonter jusqu’au 30 septembre 1956 quand une bombe éclata au Milk Bar, à Alger : quatre tués, une soixantaine de blessés, essentiellement des jeunes gens et de jeunes enfants dont une douzaine durent être amputés. Ces jeunes vies, quand elles ne furent pas fauchées, furent irrémédiablement brisées.

Terroriste, la « porteuse de feu » qui savait poser une bombe à l’endroit précis où, d’une glace, on consolait tant d’enfants à la veille de la rentrée scolaire ? C’est plus que n’en pouvait supporter Madame Zohra Drif, auteur de ce carnage qui lui valut, plus tard, une vie dorée d’apparatchik dans l’Algérie indépendante. Ses fonctions de sénatrice, puis de vice-présidente du Conseil de la nation d’Algérie, lui permirent de voyager en France avec tous les honneurs que la République française sait ménager à ses hôtes de marque, particulièrement quand ces derniers l’ont combattue et stigmatisée sans vergogne. En effet, comme le disait un grand homme de parole, le général de Gaulle : « C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France. » En 2012, année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le Président du Sénat, Gérard Larcher, et Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, reçurent cette haute figure algérienne avec déférence et humilité. N’avait-elle pas présidé un « Groupe d’amitié Algérie-France » car, disait-elle, le FLN a combattu « les forces colonialistes et non le peuple français » ? Le premier édile de la cité phocéenne, face aux protestations de quelques Pieds-Noirs, se risqua à affirmer que s’il avait connu les hauts faits de la dame, il ne l’aurait pas invitée.

Madame Zohra Drif bénéficia de cette carence informative qui lui permit, felix culpa, de témoigner de l’humanisme et de la grandeur d’âme qui l’animent : invitée, dans la ville de la Bonne Mère, à un forum sur la guerre d’Algérie, elle opposa aux questions d’une de ses nombreuses victimes - à l’âge de cinq ans, elle perdit une jambe dans l’attentat du Milk Bar -, qu’elle n’avait aucun compte à lui rendre. Elle lui conseilla cyniquement de s’adresser plutôt aux « pouvoirs français venus asservir [s]on pays. »

Madame Zohra Drif, le verbe haut, l’œil accusateur, n’a jamais cessé de se poser en donneuse de leçons de morale politique et, à ce titre, de réclamer à la France un acte de repentance en bonne et due forme pour ses crimes commis pendant les 132 ans de colonisation de l’Algérie.

Madame Zohra Drif aurait voulu que François Hollande quittât la cérémonie des Invalides et qu’Abdelaziz Bouteflika protestât solennellement contre l’offense faite au peuple algérien, en laissant publiquement qualifier de terrorisme un épisode de la « Glorieuse Révolution algérienne ». Car l’avocate qu’elle a été – grâce à la Faculté de Droit créée en Algérie par la puissance coloniale honnie –, s’appuie sur une étonnante argutie : la requalification par la France des « Événements d’Algérie » en « Guerre d’Algérie » légitimerait tous les actes perpétrés contre l’ex-métropole et ses ressortissants.

Madame Zohra Drif, trop habituée à réécrire l’histoire selon la version des caciques du FLN, comme la plupart de ses compatriotes depuis 54 ans, oublie un peu vite que la guerre a ses lois qui imposent le respect de certaines règles, comme celle de ne pas s’attaquer à des non-combattants, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants. À moins de vouloir adopter les méthodes nazies qui suscitèrent d’ailleurs bien des admirations dans les pays arabes, et en suscitent encore parfois aujourd’hui. Internationalement, cela s’appelle des crimes de guerre. Ce qui aurait dû exclure l’intéressée de toute amnistie en 1962.

Madame Zohra Drif possède au moins une vertu : la constance de sa haine contre la France. Croit-elle piéger les Français, ou veut-elle rallier à sa cause les Algériens, peu au courant de l’Histoire en général et de la leur en particulier, en évoquant Jean Moulin ? Repoussant les limites de l’impudence au-delà de toute vraisemblance, elle laisse entendre que cet homme, figure emblématique de la Résistance française, aurait, lui aussi, sacrifié des enfants pour faire triompher sa cause. Cette grossière tentative de salir la mémoire d’un homme entré au Panthéon pour le rabaisser au statut de terroriste sans foi ni loi, est digne de la propagande nazie de l’époque. Les bombes de Madame Zohra Drif, pour n’être plus que médiatiques, n’en sont pas moins blessantes pour ses victimes et tous ceux qui ont vécu ces événements à leurs côtés.

Madame Zohra Drif, arc-boutée sur son statut de libératrice de sa nation, veut-elle se refaire une virginité de moudjahida, elle qui se trouve en délicatesse avec l’opinion publique et les autorités politiques de son pays ? Les Algériens dénoncent son statut de dignitaire inamovible d’un régime issu du FNL qui, depuis 1962, détourne les richesses du pays à son seul profit. Pis, elle aurait été éloignée des sphères du pouvoir, suite à de graves accusations de trahison : Madame Zohra Drif et Yacef Saadi, son supérieur pendant la Bataille d’Alger, se renvoient l’accusation d’avoir « donné » aux Français Ali la Pointe. On laissera aux historiens le soin de trancher cet aimable débat.

Madame Zohra Drif, longtemps halal, ne supporte sans doute pas d’être devenue haram en son pays. Mais la France n’en peut mais.

Cessez donc, Madame, d’instrumentaliser les difficultés intérieures de l’Algérie, pour permettre à une classe politique corrompue, dont vous avez été la digne représentante, de cracher sur la France et de la rendre responsable du fiasco d’un régime algérien gangrené, mais toujours en place depuis 54 ans.

Cessez donc, Madame, de nier l’apport de la France dans un pays qui n’avait ni existence politique ni identité géographique en 1830, avant l’arrivée des Français : depuis trois siècles et demi cette région végétait sous le joug de l’Empire ottoman. En 132 ans de présence, le colonisateur a créé des départements munis de toutes les infrastructures modernes qui auraient dû lui permettre de connaître un développement rapide, une fois la paix revenue.

Cessez donc, Madame, de transporter vos guerres intestines sur le territoire français. En accusant sans cesse la France de tous les maux, vous perpétuez, avec d’autres moyens, votre action terroriste sur son sol en dressant contre elle tous les Algériens et leurs descendants qui ont choisi de vivre chez le colonisateur prédateur plutôt que de dépérir dans leur pays libéré.

Cessez donc, Madame, de rouvrir sans cesse les plaies physiques et morales de vos victimes qui n’ont jamais eu droit ni à votre compassion ni à la moindre parole d’apaisement.

Vous n’avez qu’une circonstance atténuante : vos propos ignobles ne sont possibles que par la lâcheté du pouvoir gaulliste qui, indigne héritier de la grande histoire de la France dont il était comptable, s’est résolu à une indépendance bâclée, octroyant à une faction totalitaire, avide de pouvoir et de profits, un peuple et un pays qui méritaient mieux. Ce Peuple et ce pays sont à reconstruire à présent. Ils ne pourront renaître que lorsque vous et vos semblables aurez quitté une scène où vous vous serez attribué les rôles les plus odieux. Espérons, pour nos deux nations, qu’elles n’auront pas trop à attendre.

 

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Danielle Pister, Eveline Caduc

Victimes civiles NG 1956

 

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 Nicole GUIRAUD

 

 

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