5.4 - Hommage à Alain MIMOUN ( 1er janvier 1921 - 27 juin 2013) le coureur de légende de l'athlétisme français

XII - 50 ans après - Nous nous sommes tant aimés. 

 

Article de Vincent de Longueville, écrivain, journaliste :

C’est marrant, mais quand je vois la vie d’Alain Mimoun, j’ai comme une envie de comparer. Loin de moi l’idée que tout était mieux avant, mais je dois bien reconnaitre qu’à l’occasion, le bon vieux temps me file la nostalgie.

C’est vrai, Mimoun, c’est quand même cet Algérien qui a devancé l’appel sous les drapeaux, pour aller se prendre une dégelée par les Boches en 1940, à la frontière belge. Qui a remis ça contre Rommel en Tunisie. Puis a failli perdre un pied à Monte-Cassino, début 1944, pour débarquer en Provence six mois plus tard.

Forcément, quand on n’a pas fait le service militaire parce que Chirac l’a supprimé, on a un peu plus de mal à chanter La Marseillaise avec l’équipe de France. Et je ne veux viser personne.

Mimoun, c’est aussi le garçon de café qui a vécu quatorze ans dans un deux-pièces du XIXe, à Paris, alors qu’il se battait aux quatre coins de la planète pour la suprématie mondiale en course de fond. Celui que Zatopek fut tout heureux de le voir gagner à Sydney, en 1956, après l’avoir privé trois fois de podium olympique. Ça a quand même plus de gueule que les petites querelles d’égos de nos divettes footballistiques, à Ferrari de fonction et hôtel particulier dans les beaux quartiers de Londres. Mais je ne veux viser personne…

Mimoun, c’est le Stakhanov, vous lançant cette maxime maison pleine de bon sens : « Quand ça fait mal, c’est que ça fait du bien ».

Le gars qui, quand il défaille au 30ème kilomètre du marathon de Sydney, se traite de « salaud », s’insulte copieusement, se met lui-même des coups de pied au cul, et gagne par-delà la douleur, quand d’autres préfèrent rejeter la cause de leurs échecs sur les arbitres, les journalistes, les entraîneurs. Ou font la grève de l’entraînement… Bon, d’accord, je vise quelqu’un. Enfin, quelques-uns, mais n’y comptez pas : vous n’aurez pas de noms.

Mimoun, quand il parlait, ça pouvait être imprévisible. On l’écoute :

« En Australie, quarante ans après les jeux olympiques de Melbourne, j’ai été reçu comme un chef d’Etat. On m’a même proposé le passeport australien. Ce à quoi j’ai répondu : “ Vous savez, j’ai déjà deux nationalités : Française et Corrézienne. »

C’est sûr que ça nous change des analyses d’après match de nos héros modernes, à base de «l’important, ce soir, c’était les trois points », ou « comme dit le coach, il faut prendre les matchs les uns après les autres, on fera les comptes à la fin de la saison ».

Pas de nom, j’ai dit. Une tombe.

Mimoun, c’est le type qui a cinquante stades à son nom, des écoles et des rues dans tous les sens. Pas mal, pour quelqu’un qui vient de mourir.

Alors, à quand une école Nicolas Anelka, un stade Samir Nasri, une avenue Karim Benzema ou pire encore,une place Frank Ribery ? Aïe, ça y est, j’ai lâché des noms… Las, ceux-là, c’est davantage dans la rubrique fait divers qu’il faut les chercher, accolés à celui de Zahia ou autre…

Mimoun, c’est ce type qui a su aimer la France, au temps où la France savait se faire aimer. Où elle n’avait pas encore pris ce pli de se déverser un tombereau de culpabilité sur la tête à chaque occasion. Mimoun c’est le patriote pur et dur, que même le FLN n’a pas tenté de récupérer, et à qui de Gaulle affirma qu’ils avaient deux points communs : leur amour de la France et leur longévité. Car oui, Mimoun, à 44 ans, il gagnait son quatrième titre de champion de France du marathon ! Jusqu’au bout, il aura couru ses 10 ou15 kilomètres par jour.

Mimoun, c’est ce petit Français qui meurt en même temps que Mandela et qui, comme lui, a su jeter des ponts entre les cultures et les races, pourdevenir l’un des plus grands porte-étendards français.

Cet homme qui est né Ali, musulman, dans l’Oranais, qui est mort 92 ans plus tard : Alain (quel beau prénom) catholique, dans le Val-de-Marne. Il admirait Bayard et Sainte-Thérèse-de-Lisieux, il déclarait, se retournant au crépuscule de sa vie sur son aurore :

« Je savais depuis longtemps que mon pays était de l’autre côté de la mer. Mes ancêtres, étaient des Gaulois. La France était déjà dans ma peau et dans mes veines. Par conséquent, qu’on ne me parle pas de ces conneries d’intégration !!! »

 Envoi de : Jean-Michel Mondon - Jeudi 7 juillet 2016 

 

 

 

    le 13 heures du 28 juin 2013 la mort d alain mimoun l nde de l athl 10941831ugckz  508001601
                            Melbourne - Australie - 1956                                       Emile Zapoteck et Alain Mimoun

 

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Il est décédé dans la soirée du jeudi 27 juin 2013

 

Alain Mimoun, légende du sport français, est mort dans la soirée du jeudi 27 juin. Le champion olympique en 1956, légende du marathon, s'est éteint à l'âge de 92 ans à l'hôpital militaire de Bégin, à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne.

Né Ali Mimoun Ould Kacha à Telagh en Algérie Française le 1er janvier 1921, Alain Mimoun est l'athlète le plus titré de l'histoire. L'ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui avait découvert la course à pieds lors de son service militaire effectué chez les Tirailleurs algériens a décroché 29 titres de champion de France, entre le 5 000 m, le 10 000 m, le cross et le marathon de 1947 à 1966. Pourtant, Alain Mimoun aurait bien pu ne jamais courir. Grièvement blessé à la jambe par un éclat d'obus lors de la bataille de Monte Cassino le 28 janvier 1944, il évitera de justesse grâce à un docteur français l'amputation préconisée par les médecins américains avant d'être soigné à l'hôpital français de Naples et de débarquer en Provence en août 1944.

Par la suite, Alain Mimoun s'imposera dès 1946 comme le grand coureur de fond français. Quadruple vainqueur du Cross des Nations, l'ancêtre des Championnats du monde (1949, 1952, 1954 et 1956), Alain Mimoun était surtout connu pour son titre olympique décroché en Australie à Melbourne en 1956 sur le marathon. Il aura décroché une première médaille d'argent en 1948 sur le 10 000 mètres lors des Jeux olympiques de Londres, et deux autres du même métal à Helsinki sur 5 000 et 10 000 m en 1952.

À chaque fois, le Français s'était fait voler la vedette par le mythe Emile Zatopek, l'un des plus grands coureurs de fond de tous les temps, qui deviendra par la suite l'un de ses plus proches amis. L'image des deux sportifs dans les bras l'un de l'autre après le marathon olympique de 1956 restera dans les annales.

Fait Grand officier de la Légion d'honneur en 2008 par Nicolas Sarkozy, Alain Mimoun était un sportif respecté et apprécié de tous pour sa gentillesse, son énergie, son humour et son sourire, lui qui n'a jamais cessé de courir malgré son âge. Fervent catholique et passionné d'histoire, il s'était fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze. En 2012, L'Équipe en avait fait son champion des champions de légende.

Alain Mimoun aimait les images : "Je compare ma carrière à un château : ma médaille d'argent de Londres, ce sont les fondations ; mes 2 médailles d'Helsinki, ce sont les murs ; ma médaille d'or de Melbourne, c'est le toit."

 

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