6.3 - Au cœur de la fusillade - Plateau des Glière - Grande Poste
- 6.3 - Au cœur de la fusillade - Plateau des Glière - Grande Poste
- 2 - ALCAYDE Gilbert
- 3 - Badin André
- 4 - Ferrandis Monique
- 5 - Francine Dessaigne
- 6 - Ferrandis Annie France
- 7 - Martinez Nicole épouse Mari
- 8 - Pons Daniel
- 9 - Ponsetti Pierre
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9 - Ponsetti Pierre - 45 ans : Je reçus deux balles qui traversèrent le mollet gauche
Témoignage recueilli par Marie-Jeanne Rey "Un crime sans assassin" page 167-168
Monsieur Ponsetti était très connu en tant que footballeur de talent et entraineur d'une équipe .
Il avait été décidé cet après-midi là, d'une manifestation pacifique e faveur de nos parents ou amis bloqués par représailles des autorités, dans le quartier de Bab el oued.
Ainsi avais-je pris rendez-vous avec des collègues de travail devant la Maison de l'Agriculture , boulevard Baudin en début d'après-midi.Je je l'y ai pas rencontré et je partis donc seul pour me joindre à la manifestation, boulevard Laferrière, plutôt vers la fin du cortège qui se dirigeait vers la rue d'Isly.
Tout se passait pacifiquement et nombreux étaient femmes et même enfants qui participaient à cette manifestation, je me répète, pacifique.
Tout à coup, à hauteur de la Grande Poste, je ressentis un blocage, nous n'avancions plus et brusquement cela commença à tirer dans tous les azimuts. Je me trouvais avec d'autres à hauteur de l'impasse située derrière la Poste vers laquelle nous courûmes avant de jeter à terre. Entre temps je reçus deux balles qui traversèrent le mollet gauche sans trop en souffrir sur le moment.
Une très petite accalmie me permit de me réfugier dans l'encoignure d'une petite porte de la poste, toujours dans l'impasse et de soulever ma jambe pour éviter une trop forte hémorragie. Une dame allongée sur le sol, près de là, me jeta un foulard avec lequel je me fis un garrot.
Puis la fusillade cessa enfin grâce, semble-t-il à l'officier qui commandait ce détachement de soldats indigènes. J'entends encore ses appels de "haltes au feu" non immédiatement suivis d'effet. Ce sont des sapeurs pompiers qui nous conduisirent ensuite à l’hôpital de Mustapha mais il y avait hélas bien des morts autour de nous ...
Cette description ne vous apportera pas beaucoup d'éléments nouveaux. Je peux pourtant témoigner des faits suivants :
1) C'était une manifestation pacifique avec la participation de femmes et enfants
2) On a subitement constaté un blocage à l'entrée de la rue d'Isly. Peut-être a-t-on voulu passer quand même et la fusillade a commencé. La sanction était tout à fait disproportionnée et la quasi totalité du cortège était déjà largement engagée rue d'Isly.
3 ) Pourquoi des soldats algériens non aguerris dans une situation absolument inhabituelle pour eux ?
4 ) Une de mes connaissances, avocat en rapport avec la Préfecture pour son activité professionnelle, m'a confié qu'il m'aurait tout à fait déconseillé de participer à cette manifestation s'il m'avait rencontré avant so déroulement. Il en savait certainement davantage que nous
Son ami André Dechavanne témoigne -" je me trouvais sur la terrasse d'un immeuble qui surplombait la fusillade...
Voir son témoignage : ICI
Parmi les blessés se trouvait l'un de mes camarades Pierre Ponsetti blessé au mollet gauche. Il était un footballeur de talent. Entraîneur du R.S.A.
Entretien avec André DECHAVANNE en juillet 2008 - domicilié à Menorca - Baléares
Le gros trait rouge indique le découpage de l'armée les croix sont des barrages
Les ronds en pointillés indiquent l'emplacement des victimes civiles
Le gros trait bleu indique l'impasse dans laquelle il y eut toutes ces victimes, les armes sont juste en face indiquées par des flèches