5.2 - Courriers de Jocelyne REVEL-MOUROZ aux Elus - 2010
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IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Bloody Monday
1 - Lettre au Premier Ministre. 2010
2 - Lettre à Christian ESTROSI, Maire de Nice. 2010
1 - Lettre au Premier Ministre
CENTRE D’ETUDES PIED-NOIR Nice, le 16 juin 2010
C.E.P.N.
Josseline Revel-Mouroz
14, avenue Alfred de Vigny
06100 Nice à
Monsieur le Premier Ministre
Hôtel Matignon
Monsieur le Premier Ministre,
Le Premier Ministre britannique, David Cameron, a présenté des excuses aux familles des victimes de la fusillade de Londonderry, le 30 janvier 1972. Il a déclaré que ce massacre n’était ni justifié ni justifiable et que les conclusions du rapport Saville étaient « choquantes ».
Il a ainsi résumé le rapport :
- aucune sommation n’a été faite aux civils par les militaires avant d’ouvrir le feu
- aucun des militaires n’a tiré en réponse à des jets de pierres ou de cocktails Molotov
- de toute évidence, certaines des personnes blessées ou tuées s’enfuyaient ou portaient secours aux blessés ou aux mourants
- aucune action des victimes ne constituait une menace qui aurait justifié la fusillade
- de nombreux militaires ont menti sur leurs actes
- les événements du Dimanche Sanglant n’ont pas été prémédités
- le vice Premier Ministre de l’Irlande du Nord, Martin Mac Guinness (Sinn Fein) était présent au moment des violences et était « probablement armé d’une mitraillette » mais il n’a « rien fait qui puisse justifier l’ouverture du feu par les militaires ».
Le Premier Ministre britannique a fait preuve d’un courage qui a manqué aux hommes politiques français depuis plus de 48 ans.
En effet, le 26 mars 1962, des faits similaires s’étaient produits à Alger mais aucune enquête sérieuse n’a été ouverte alors que les familles des victimes la réclament depuis bientôt un demi-siècle. Et pourtant :
26 MARS 1962 30 JANVIER 1972
ENTRE 65 ET 80 MORTS 14 MORTS
AU MOINS 150 BLESSES 13 BLESSES
RIEN 1998 : Ouverture d’une enquête
RIEN 2010 : rapport Saville
RIEN 2010 : excuses du Premier Ministre
Nous espérons que, suivant l’exemple de nos voisins britanniques, vous comprendrez les attentes des familles des victimes et que vous demanderez l’ouverture d’une enquête sur ces événements qui représentent une page honteuse de notre histoire.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération.
2 - Lettre à Christian ESTROSI, Maire de Nice.
CENTRE D’ETUDES PIED-NOIR Nice, le 30 juin 2010
C.E.PN.
Josseline Revel-Mouroz à
14, avenue A. de Vigny
06100 Nice
Monsieur Christian Estrosi
Maire de Nice
6, rue de l’Hôtel de Ville
06000 Nice
Monsieur le Ministre,
Je vous remercie d’avoir pris la peine de répondre au courrier que j’avais adressé au Premier Ministre le 16 juin dernier à propos des excuses que le gouvernement britannique a présentées aux familles des victimes de la fusillade de Londonderry.
Malheureusement, contrairement à ce que vous pensez, le Premier Ministre n’a pas jugé utile de répondre à ma demande, comme en témoigne la lettre ci-jointe. Nous sommes habitués depuis de nombreuses années à ce genre d’indifférence polie.
Nous ne nous découragerons pas pour autant et nous réclamerons une enquête sérieuse sur ce massacre tant que nous n’aurons pas obtenu satisfaction.
C’est pourquoi nous vous demandons instamment de renoncer à faire ériger une statue du général De Gaulle dans une ville où sont particulièrement nombreuses les victimes de sa politique algérienne : promesses non tenues, fusillade du 24 janvier 1960, fusillade du 26 mars 1962, abandon des harkis, exclusion des habitants des départements français d’Algérie du référendum du 8 avril 1962, abandon des Français d’Oran le 5 juillet 1962, pendant que des accords secrets visaient à protéger le pétrole.
Alain Duhamel a eu le courage de dire, au bout de plus de quarante ans, que l’acte de trahison le plus retentissant avait été commis par De Gaulle à l’égard des Français d’Algérie. La vérité met souvent beaucoup de temps à voir le jour mais elle finit toujours par apparaître, comme ce fut le cas pour le massacre de Katyn.
Alors, par respect pour toutes les victimes de cette trahison et pour leurs familles qui se sont réfugiées à Nice après un exode indigne de notre pays, nous vous demandons de renoncer à ce projet.
Pour conclure, je me permettrai simplement de rappeler les résultats d’un sondage organisé par le Journal Du Dimanche en juin 2010 :
« Près d’un interviewé sur deux (45 %) juge que les idées gaullistes "ne veulent plus dire grand chose", 28 % les estiment "dépassées". Seul un gros quart des personnes interrogées inscrivent le courant gaulliste dans la modernité en le jugeant d’actualité, notamment les personnes âgées et les proches de l’UMP. »
Je vous prie d’agréer, monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.