13.6 - GUIRAUD Nicole : j’avais 10 ans et puis j’ai eu 15 ans

VI - Les témoignages - Les enfants d'hier et d'aujourd'hui

Raymond GUIRAUD, mon père, à la suite de l’attentat du Milk Bar, où j’ai été gravement blessée, a créé une association, l’A.V.I.C.C.E.A.L. La permanence de l’Association Nationale des Victimes Corporelles des Événements d’Algérie et de leurs Ayants droit se trouvait à La Maison du Combattant à Bâb el Oued.

Mon père s’est adressé à la Délégation de l’Action Sociale dès le 29 mars 1962 puis le 2 avril 1962 et à plusieurs reprises aux pouvoirs, pour leur demander qu’une indemnité soit versée aux ayants droit des victimes du 26 mars précisément, en vertu de la décision n°55032 de l’Assemblée algérienne. Sans réponse, il menace, en cas de refus de l’administration, de saisir la voie juridique, en application de la loi de 1884.

Courant avril les gendarmes mobiles font une perquisition à notre domicile pour chercher des papiers. Ils se montrent insultants et agressifs et menacent d’emmener ma sœur, alors âgée de 16 ans.

Dans la nuit du 11 au 12 mai, pour la deuxième fois, mais cette fois-ci à 4 heures du matin, les gendarmes mobiles viennent perquisitionner. Ils enfoncent la porte d’entrée et emmènent mon père, vêtu de son seul pyjama. Au bout d’une semaine et grâce « aux CFA », où mon père était chef du personnel, nous apprenons qu’il est incarcéré à l’école de police d’Hussein-Dey. Il a été dénoncé comme militant en faveur des victimes du FLN. Puis fin juin, avec 50 autres présidents d’associations ils seront transportés en avion militaire servant de transport de troupes, à VILLA COUBLAY, en résidence surveillée.

Il est interdit de retour en Algérie, interdit de séjour sur le sol algérien.

L’association de Monsieur GUIRAUD comprenait 1.800 adhérents et des listes ont été échangées entre le FLN et la police politique française au nom du secret Défense. La sortie des morts de l’hôpital Mustapha doit bien être enregistrée.

Nicole Guiraud n’a pu se résoudre à vivre en France. Elle réside à Francfort. Elle a réalisé un D.V.D. "La valise à la mer" (38ème festival international du court métrage d’Oberhaussen - où elle a obtenu le Grand prix du jury international pour 1992)

Ci-dessous : Photocopie des courriers de son père ainsi que de l’article du journal annonçant la déportation de Monsieur GUIRAUD en France.

L’AVICCEAL suspend son activité, fait connaître aux victimes civiles corporelles des évènements d’Algérie et de leurs ayants droit que son président M. GUIRAUD Raymond a fait l’objet d’une mesure d’expulsion en Métropole le 11 mai 1962. En conséquence l’AVICCEAL se trouve momentanément dans l’impossibilité d’exercer son action bienfaisante et suspend notamment l’attribution des secours, ainsi que sa permanence à la Maison du Combattant.

Sa fille Nicole dit que jamais, de toute sa vie, son père n’a dit aux siens comment s’était passé son internement à l’école de police d’Hussein-Dey, jamais.

Pour lui écrire : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.">Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

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