10.3 - Déclaration de Rose CELLI soeur d’Edmond BRUA- c’est le gage promis au F.L.N.

VI - Les témoignages - Les journaux, les lecteurs

Rose CELLI
(Romancière et traductrice, sœur aînée d’Edmond Brua)
Journal Algérie (inédit) Extrait

BÂB EL OUED (62)
Bâb El Oued, soixante mille âmes.
Ils ont parqué comme des bêtes, pendant six jours, soixante mille âmes.

Nuit et jour, pendant six jours, ils ont braqué les mitrailleuses contre les portes et les fenêtres. Ils ont emmené les hommes dans des camions, empêché les femmes d’aller au marché, les enfants de jouer dans la rue ; ils ont empêché les boulangers de faire du pain. Pendant six jours, ils ont fait un camp de concentration de soixante mille âmes.Qu’il s’agisse de six jours ou de six mois ou de six ans, le viol est de la même nature. C’est le même crime.

Ils ne l’auraient pas fait dans les « beaux quartiers ». Ils l’ont fait dans un quartier de pauvres. Même la police et l’armée allemandes n’auraient pas osé cela à Belleville. Et trois jours plus tard, ils ont tiré à bout portant sur la foule sans armes. Ils prennent sur des Français sans armes leur revanche de la honte bue à Évian. A Évian, ils ont tout lâché ; contre les Français d’Algérie, ils ont résolu de déployer une farouche énergie.

C’est le gage promis au FLN. Sans Bâb El Oued et sans le massacre de lundi, jamais le FLN n’aurait consenti à mettre le pied à Rocher-Noir. A lui aussi il fallait des garanties. Les a-t-il assez exigées pendant les douze jours d’Évian ! Il lui fallait la preuve palpable de l’énergie du Pouvoir contre les pieds-noirs. Il fallait du sang français pour sceller le Pacte.

Texte offert par Jean BRUA - octobre 2007

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