5.7 - COURAUD Jacques 30 ans

VI - Les témoignages - Grande Poste Les familles, les amis, les journaux

1 - Témoignage de Henriette GOUEN, Veuve de Jacques COURAUD

2 - Témoignage du Docteur Lavernhe Directeur de la clinique Lavernhe

 

 

1- Témoignage de Henriette Gouen, veuve de Jacques Couraud

"Je travaillais à l’E.G.A d’Alger. Mon mari, Jacques COURAUD travaillait pour la Compagnie française des Pétroles à Hassi Messaoud. C’était un plongeur passionné et compétent. Ce 26 mars 1962 il était chez nous à Alger, rue Burdeau, car c’était sa semaine de récupération. Nous suivions la grève qui couvrait tout Alger en raison du siège de Bâb el Oued.

Mon mari décida de se rendre à cette manifestation pacifique en faveur de la levée du siège, et je décidai de l’accompagner avec les enfants. Moi, aussi, je voulais soutenir ces pauvres gens de ce quartier d’Alger aux prises avec les forces de l’ordre, depuis trois jours. Mais mon mari s’y opposa à cause des enfants. Et il y alla seul.

Soudain, un moment plus tard, j’entendis des coups de feu qui venaient du bas de la rue Michelet, des fusils mitrailleurs….. Une fusillade venait d’éclater. Elle dura pendant des minutes qui me parurent une éternité. Paralysée de peur, je n’osai sortir, malgré l’inquiétude que j’éprouvais pour mon mari. Je ne pouvais laisser les enfants qui avaient alors 5 et 7 ans.

Puis plus tard, dans l’après-midi, on frappa à ma porte pour m’apporter l’atroce nouvelle : mon mari avait été grièvement blessé. Des ambulances avaient emmené les blessés à l’hôpital.

J’ai couru à l’hôpital Mustapha mais il n’y était pas. On m’a dit de redescendre à la clinique Lavernhe. Je suis repartie. Tout le monde courait. Un spectacle affreux m’attendait à la clinique Lavernhe. Le hall était couvert de linges ensanglantés. Il y en avait partout. Mon mari était dans une chambre, il avait le foie éclaté d’une balle qu’il avait reçue dans le dos. Il m’a appris que lorsque la fusillade éclata, il était dans la rue d’Isly et il a couru s’abriter, dans le hall d’un immeuble, près de la pharmacie du Soleil, à la hauteur de la rue Chanzy. C’est à ce moment, qu’il a entendu une femme hurler. Elle venait d’être touchée par une balle et elle appelait à l’aide. Mon mari s’est aussitôt précipité dans la rue pour l’amener dans le hall, à l’abri. Mais une balle l’atteignit et lui transperça le foie.Il a mis deux mois pour mourir. Nuit et jour, je ne l’ai pas quitté. J’avais un petit lit à côté du sien et on m’avait appris les soins à lui prodiguer. Il ne pouvait pas vivre. Il a gardé sa lucidité jusqu’à la fin bien qu’il soit devenu très affaibli. Il m’a toujours dit que ce sont les tirailleurs musulmans qui ont tiré mais ce sont les Français qui ont donné l’ordre."

Madame GOUEN Henriette Veuve de Jacques COURAUD
83220 Le Pradet

2005

La clinique Lavernhe se situait au 21 avenue Pasteur qui partait du haut de l'Université, coupait le boulevard Laferrière et débouchait dans  la rue d'Isly. (S.G.)

 

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1ère zone de tirs Laferrière - Isly
2ème zone de tirs Isly - Chanzy
La 3ème fusillade a éclaté rue Chanzy
La pharmacie du Soleil se trouve rue d'Isly face à la rue Chanzy

 


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Jacques COURAUD -30 ans.

02

Madame COURAUD née GOUEN Henriette

03

Le temps du bonheur

 

2 - Témoignage du docteur Lavernhe directeur de la clinique Lavernhe

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