2.9 - OLIVIERO Danièle épouse SANCHEZ : les chars descendaient la rue Franklin et tiraient au canon

VI - Les témoignages - Bâb el Oued - Les assiégés

Je, soussignée, Danièle OLIVIERO, épouse SANCHEZ, domiciliée à Marseille, déclare ce qui suit :

J'habitais 6 rue de la Consolation à Bâb el Oued.

Le 23 mars 1962, au matin, j'ai entendu une fusillade dans le quartier. On avait peur. On ne bougeait pas parce que les fusillades ne cessaient pas. On entendait tirer de tous les côtés.

A 15 heures, les habitants de Bâb el Oued sont descendus dans la rue et avec les militaires qui patrouillaient , ils ont fraternisé. Nous nous sommes rendus compte qu'on se tirait dessus, alors oui, nous avons fraternisé. A ce moment-là, des chars qui descendaient la rue Franklin et l'avenue de la Bouzaréah prolongée, tiraient au canon. Nous avions peur, les chars ont tiré, et les avions mitraillaient les immeubles.

Nous avons eu un couvre-feu constant et interdiction absolue de sortir de chez nous. Nous sommes restés enfermés, privés de vivres. Les malades n'on pas pu être soignés, et les morts n'ont pas pu être enterrés.  Les gendarmes, les gardes mobiles, "les rouges", criaient "gens de Bâb el Oued, rendez vos morts, vos blessés seront soignés à l'hôpital Maillot". Alors les perquisitions ont commencé. Les gardes mobiles ont tout fracassé, ils ont pillé, ils ont volé dans les maisons et cela jusqu'au 26 mars.

Ils ont emmené les hommes de 16 ans à 70 ans. Nous sommes restés sans nouvelles, sans savoir ce qu'on allait faire d'eux.

Le 27 mars, le bouclage a cessé et dans tous ces tourments, on ne s'en est même pas rendu compte.

Témoignage recueilli à Aix en Provence, Maison Maréchal Juin,  le 3 octobre 2010.


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En bleu le bouclage ,
En rouge, la rue
de la Consolation part de l'avenue Malakoff , parallèle au bord de mer, et remonte jusqu'à la rue des Consulats.
A la perpendiculaire la rue Franklin part de la rue de la Consolation et débouche dans l'avenue de la Bouzarea qui remonte jusqu'à Climat de France.
Les chars descendaient cette avenue de la Bouzarea, s'engouffraient dans la rue Franklin et tiraient au canon.

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