2.2 - L'accueil des exilés ces Français d'Algérie par la France et les politiques par Daniel Junqua

I - Une journée historique - L'exode

Après plusieurs mois en France, les jeunes « Pieds-Noirs » se sentent-ils chez eux ?

Depuis un an déjà, nombre de lycéens et d’étudiants français d’Algérie étaient venus poursuivre leurs études en France. Nous avons interrogé l’un de ces lycéens afin qu’il nous donne son avis sur la façon dont il a été accueilli.
Il s’appelle Alain. C’est un grand gaillard qui mesure près de 1,80 m. Des cheveux châtains coupés très court, un visage ouvert. Il est né à Alger, il y a quelques 19 ans de cela. Il est inscrit depuis un an dans un des lycées de La Rochelle, en classe de première.

Q- Alain, peux-tu me dire pourquoi tu es venu cette année, poursuivre des études à La Rochelle ? Est-ce que ce sont tes parents qui ont pris cette décision ?

R- "Il devenait presque impossible de travailler de façon correcte Alger. J’étais au lycée Bugeaud, à proximité de la Casbah. De nombreux professeurs manqués, les cours étaient sans cesse interrompus par des grèves et des manifestations. L’an dernier, j’étais déjà en première, mais j’ai « collé » à mon bac. Or, à mon âge, je ne pouvais plus me permettre de perdre un jour. De plus les parents vivaient dans l’inquiétude de façon permanente. À la fin de l’année scolaire, je suis allé passer des vacances en France, et c’est au moment de reprendre des inscriptions que j’ai décidées en accord avec mes parents, de rester en France".

Q- Quelles ont été les principaux problèmes auxquels tu t’es heurté durant cette année scolaire ?

R- "La nationale- Le froid, bien sûr, et la pluie. Je n’y étais guère habitué et j’ai été enrhumé presque toute l’année. La solitude aussi. Je vivais dans une chambre en ville et bien qu’ayant des nouveaux amis de la famille à proximité, je ne pouvais les déranger tout le temps. L’absence de ma famille m’a beaucoup pesé".

Q- Est-ce que tu ne t’es pas fait des amis au lycée ?

R- "Presque pas, surtout durant les premiers mois. Oh il n’était pas hostile bien sûr, et c’étaient de bons copains de classe. Mais cela n’allait pas plus loin. Sortie du lycée…, Vous savez, ils vivent dans leur monde à eux, avec leurs habitudes, leurs amitiés".

Q- Ce « monde à eux », comme tu dis, tu n’as pas essayé d’y pénétrer, tu n’as pas essayé de t’intéresser à ces problèmes ?

R- "Il aurait fallu que j’en aie l’occasion. Ce n’était pas à moi de m’imposer".

Q- Y avait-il d’autres « Pieds-Noirs » dans ta classe ?

R- "Oui. Deux autres. Il y en avait aussi dans notre classe. On a sympathisé, bien sûr, mais cela n’est pas allé plus loin. Être originaire d’une même région, cela peut favoriser une amitié, mais cela n’est pas suffisant pour en créer une. Il faut que d’autres éléments interviennent un idéal ou des activités communes, par exemple".

Q- Quelles ont été tes activités durant l’année, en dehors bien sûr, de tes études ?

R- "J’étais routier à Alger. J’ai continué à La Rochelle. C’est là surtout que je ne suis fait des amis. D’ailleurs, cet été, je participe à l’encadrement d’un camp dans les Pyrénées. La haine de l’année, je me suis fait aussi des amis parmi les élèves des classes terminales, routiers ou jécistes".

Q- Est-ce qu’avec des copains des amis, l’Algérie revient souvent dans vos conversations ?

R- "Au lycée, pas tellement. La plupart des copains se désintéressaient complètement du problème. Cela m’a beaucoup choqué, au début. Après bien sûr, je m’y suis fait. Il ne connaissait pas le pays, ils n’ont pas d’amis là-bas, ils n’avaient aucune raison apparente de s’intéresser à la question. Mais si l’on devait s’intéresser seulement aux questions où l’on a un intérêt direct, emmènerait une existence bien terre à terre et l’on pourrait avoir un jour des surprises !"

Q- Quels sont tes projets d’avenir ?

R- "Dans l’immédiat, passer mon second bac. Je ne sais pas encore si je préparerai à la Rochelle ou à Nantes, mais de toute façon, je resterai en France pour le préparer. Plus tard, je ne sais pas. Il n’est pas exclu que je retourne un jour en Algérie. Si les Européens ne sont que tolérés là-bas, cela ne vaudra pas le coup. Mais s’ils participent vraiment à la construction de l’Algérie, ce sera sans doute intéressant. L’avenir le dira. Il est impossible de pouvoir prendre encore une décision."

Dans les mois qui viennent, les jeunes comme Alain seront 10 fois plus nombreux dans tous les lycées de France. La question est de savoir s’ils en seront réduits à former des groupes repliés sur eux-mêmes, ou bien s’ils trouveront auprès de vous une ambiance qui leur permettra de s’épanouir pleinement.

Daniel JUNQUA

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L'accueil des exilés par les français et par les politiques

 

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