50À la fois auxiliaire et glorification du soi comme spectacle, le miroir est aussi un lieu de conflit. En revisitant ce conte de l’inceste, Demy représente le désir queer d’une manière qui dénaturalise le normal et remet en question les oppositions constitutives de l’ordre sociosexuel de la France de l’après-guerre. Même si pour nous autres, cœurs d’artichauts, on fête tous les jours l’amour, c’est bel et bien le 9 … Et, comme la princesse de Peau d’âne, Marie-Antoinette incarne le lieu de convergence du narcissisme, du voyeurisme et de l’exhibitionnisme : tandis qu’elle contemple son image, le comte Fersen parcourt ses appartements du regard. La préoccupation évidente de Demy pour la question de l’inceste dans son cinéma indique que ce pourrait bien être le cas. Telle qu’il représente cette scène, Demy donne davantage de poids à la toilette, qui semble pourtant superficielle, qu’à l’inceste, question qui paraît grave. »Chanson de la fée des Lilas à Peau d’âne1. Pour ce faire, il dénaturalise les tabous culturels et déstabilise les oppositions constitutives du système sexe-genre au sein duquel les femmes sont considérées comme les objets passifs du regard masculin et associées à la sphère domestique, et dans lequel la sexualité hétéronormative est la règle. Le catalogue de la Bibliothèque nationale de France répertorie une version de 1808, mais la publicité de l’édition de 1838 affirme qu’elle a été « représentée pour la première fois à Paris en 1838 » (ibid., p. 599), indice selon lequel elle a pu faire l’objet de tournées préalables en province. Bien que Demy ait déclaré avoir pensé à un autre décor pour la chambre de la princesse, le cerf ne peut qu’évoquer celui du domaine de la Bête chez Cocteau23. S’inscrivant dans cette lignée, Capellani mêle au conte de Perrault des éléments empruntés au Peau d’âne d’Émile Vanderburch (ou Vanderburck), Laurencin et Charles Clairville, féerie du music-hall populaire. La Belle aux cheveux d’or met une touche finale à son apparence dans sa galerie des glaces avant de rencontrer Avenant ; la princesse Florine est amusée par les miroirs magiques dans lesquels femmes et hommes se regardent car ils ont le pouvoir de représenter les gens tels qu’ils voudraient être et non tels qu’ils sont ; en s’observant dans un miroir afin de faire son autoportrait pour la princesse, le prince Lutin se transforme doublement en œuvre d’art dans le cadre du miroir et dans la reproduction de son reflet sur la toile ; et lorsque la guenon Babiole se change en la belle princesse qu’elle est en réalité, celle-ci se délecte de la beauté de son image. » Je voudrais considérer le thème de l’inceste dans ce film selon un autre point de vue qui n’est pas sans rapport avec l’approche féministe de Le Gras. L’Amour avec un grand A?Celui qui apparemment nous ferait nous « teindre en blonde » ou « faire le tour du monde » ?Eh bien, ce n’est peut être pas celui que vous croyez… Il y a hélicoptère avec le roi et la fée. Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque/établissement d’acquérir un ou plusieurs livres publié(s) sur OpenEdition Books.N'hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées :OpenEdition - Service Freemiumaccess@openedition.org22 rue John Maynard Keynes Bat. Le Gras cite également le magazine Look à propos de Deneuve (voir Gwénaëlle Le Gras, art. Pour une analyse du même type de la femme comme valeur d’échange et comme valeur d’usage, voir Jean-Joseph Goux, « Sexual Difference and History », Symbolic Economies : After Marx and Freud, Ithaca, Cornell University Press, 1990, p. 213-244. %PDF-1.5 Pour vous l’amour est une aventure au quotidien. Bohèmes et bo... Chapitre III. 82 Richard Dyer analyse une stratégie semblable chez Jean Genet, où il devient difficile de distinguer narcissisme, voyeurisme et exhibitionnisme (voir R. Dyer, op. Sur les aspects utopiques du conte, voir Anne Duggan, « Feminine Genealogy, Matriarchy, and Utopia in the Fairy Tale of Marie-Catherine d’Aulnoy », Neophililogus, vol. Quand il apprend que cette maison est la demeure d’une souillon appelée Peau d’âne, il demande à manger un gâteau fait de ses mains. Joleen. On peut même dire que, dans le film de Demy, l’apparence et le désir bestiaux de la princesse assignent à celle-ci le rôle de la Bête, tandis que le prince, par son association avec la rose, joue celui de la Belle. Dans la version collectée par ces derniers, le foyer des nains est assez ordonné, alors que, chez Disney, un désordre indescriptible règne dans la maison des sept nains. Liberté artistique et satire grotesque. 17 Dans L’Univers de Jacques Demy (Agnès Varda, 1995), édition DVD Ciné Tamaris, 2003. Grâce à ces aspects incongrus, le film, pour citer Rodney Hill, « met en évidence et en question son univers artificiel et même son propre statut de conte de fées50 ». me, S/he, and the Boss », dans Pauline Greenhill et Diane Tye [dir. 9 La plupart des versions s’inspire du conte en prose apocryphe de 1781. Cependant, voir l’âne en action, à grands renforts de braiement et de chutes de pièces sonnantes et trébuchantes sur un plateau, comme on gagne au jackpot, ajoute un niveau d’humour supplémentaire que les représentations textuelles et même les illustrations du conte sont incapables de rendre. C’est précisément parce que le corps monstrueux (indéfinissable, queer) de la princesse porte les marques du masculin et du féminin qu’il nous est possible de voir en son désir pour le roi le désir homosexuel masculin. Et, comme dans d’autres films traitant des sexualités qui vont à l’encontre du système sexe-genre de la France des années 1950 et 1960, Demy neutralise toute forme de condamnation morale, de honte ou de culpabilité que, dans des films plus grand public, les personnages pourraient exprimer ou ressentir. Amour, Amour, je t’aime tant Amour, Amour, je t’aime tant Le perroquet Amour, Amour, je t’aime tant Conseils de la Fée des Lilas La situation mérite attention. On pourrait en dire autant du désir queer. Selon cet auteur, malgré les tentatives du Parti communiste français d’élargir les notions de genre, de travail et de famille à une époque où les femmes avaient obtenu le droit de vote et joué des rôles de premier plan pendant la guerre, « le désir de normalité (autre effet de la guerre) et la nécessité de repeupler le pays allaient entraver les facteurs annonçant le changement » (ibid.). En faisant incarner le père incestueux par Jean Marais, Demy pouvait ainsi associer la bestialité au désir transgressif du personnage. Pénélope. Pourtant, comme l’indiquent clairement les vers extraits du film qui figurent en exergue de ce chapitre, Demy en fait aussi l’histoire d’une fille qui désire son père et voudrait l’épouser. 15La précarité de la prohibition de l’inceste est mise en évidence dans la scène où la princesse, après avoir appris les intentions de son père, va voir sa marraine, la fée des Lilas (Delphine Seyrig) dans sa demeure forestière, autre lieu où nature et culture, humain et animal, se mélangent et coexistent27. 59, no 2, 2006, p. 40. Bien entendu, la princesse de Demy est habillée en princesse, vêtue d’une belle robe de taffetas bleu qui tranche nettement avec la forêt à travers laquelle elle se précipite. Enfin bref, j'ai tout de suite pensé à Peau d' âne, qui fait un cake d' amour pour son prince. cit., p. 245. 42Dans ses fameuses « Notes on “Camp” », Susan Sontag a choisi une citation d’Oscar Wilde tout à fait appropriée pour définir l’esthétisme camp tel qu’il se manifeste chez le sujet individuel : « Il faut soit être une œuvre d’art, soit porter une œuvre d’art66. La fée lui dit : « Tout est arrangé, ma chérie, j’épouse votre père. Comme avec la fée, nous découvrons d’abord Marie-Antoinette devant son miroir, assistée du coiffeur royal qui lui sculpte la chevelure et y incorpore une réplique de bateau en argent. cit., p. 1-9. Chaque famille se suffisait à elle-même et se perpétuait par son seul sang. Conte dont le principal moteur est le désir incestueux d’un père pour sa fille, « Peau d’âne » fut largement diffusé sous forme de livre au XIXe siècle et au début du XXe. […] Mes cheveux sont dans un désordre… Ma toilette74. 2Si des contes de Perrault comme « Cendrillon », « La Belle au bois dormant » et « Le Petit Poucet » ont souvent trouvé le chemin du grand écran dès les origines du cinéma français, peu de cinéastes se sont risqués à faire une adaptation cinématographique de cette histoire d’un roi incestueux qui veut épouser sa très jolie fille5. Raphaël Lefèvre qualifie en ces termes l’ultime œuvre de Demy : « Audace tranquille, absence de culpabilité et de jugement moral : Demy achève sa carrière avec un film bancal mais sur une étonnante vision de l’amour et des tabous44. Les laitières auront les joues roses. S’inspirant du récit original de Perrault, de la version apocryphe ou de versions publiées qui mêlent les deux traditions, Demy introduit également des allusions à des films de Jean Cocteau, principalement Le Sang d’un poète (1930), La Belle et la bête et Orphée. Tout d’abord, elle fait fidu traumatisme véritable provoqué par de véritables situations d’inceste45. À l’image des conteuses des années 1690, le cinéaste crée des personnages féeriques qui se délectent du plaisir et de la beauté de mondes utopiques et transcendent les limites du genre et de la sexualité, imposées par leurs sociétés respectives. Lorsqu’elle s’installe dans la maisonnette sous les traits de Peau d’âne, la princesse se sert de sa baguette magique pour avoir un lit, une chaise, une table, un coffre et, bien sûr, un miroir ; ce faisant, elle recrée l’environnement qui sied à la mise en scène de soi. Vous savez que j’ai horreur qu’on me surprenne. 58 Charles Perrault, « Peau d’âne », op. Mise en scène pour la première fois en 1863, cette œuvre est une version revisitée d’une féerie antérieure de Vanderburch et Laurencin, qui connut un succès durable à Paris et en province jusqu’en 1878 au moins, date à laquelle le décorateur Chéret poursuivit ses collaborateurs qui ne lui avaient pas versé sa part des bénéfices6. Dans un entretien à Télérama, Demy déclarait sans ambiguïté : « Quand j’ai écrit la scène où l’on voit Peau d’âne pétrir la pâte et chanter la chanson du cake d’amour, j’ai revu Blanche-Neige confectionnant une tarte aidée par les oiseaux64. Demy et Varda passaient régulièrement leurs vacances avec leurs enfants sur l’île de Noirmoutier. Petite plume, Dis lui combien je l’aime, Montre lui que sans lui tout nés plus que amertume, Écrit lui se qui ne peut voir grâce a tes poème… Dessine lui se qu’il représente a mes yeux, Chuchote-lui avec tes mots doux, Tout l’amour que je lui porte comme je le veux, Il es mon petit […] Je suis fan des contes de fées, de Disney, de l' univers des princesses. Les contrastes s’accentuent lorsque les broussailles s’entrouvrent pour laisser la princesse entrer dans la demeure forestière de sa marraine, clin d’œil à « La Belle au bois dormant » de Perrault. Même « La Ségur », la célèbre comtesse auteur d’histoires pour enfants du XIXe siècle, a aussi sa place au panthéon des divas aristocratiques de Jacques Demy. Elle avait également joué dans Baisers volés de François Truffaut (1968) et dans La Voie lactée de Luis Buñuel (1969). 1 0 obj 82, no 2, 1998, p. 199-208. Oui, ce n’est pas tant l’être aimé qui vous fascine, mais tout ce qui en découle. L’une et l’autre se servent très fréquemment de miroirs dans la construction réfléchie de leur identité individuelle qu’elles présentent, tant à autrui qu’à elles-mêmes, comme une œuvre d’art. 40Il est donc possible de voir en la scène de préparation du gâteau par la princesse une parodie, ou une version camp, de la scène du rangement dans le Blanche-Neige de Disney. En revanche, la princesse voit parfaitement le prince dans le miroir qu’elle tient à la main. Pourtant, avec ses allures de Jean Harlow à la mode des années 1930, la fée des Lilas contraste de manière flagrante avec tous les autres styles vestimentaires du film55. Bon Entendeur: Influences. Freud analyse particulièrement cette association dans son essai consacré à « l’homme aux loups » (voir, par exemple, S. Freud, L’Homme aux loups, trad. 8L’adaptation cinématographique dans laquelle Demy revisite « Peau d’âne » incorpore de nombreuses références intertextuelles qui déstabilisent le conte, lui-même dérangeant, de Perrault. ». Document vidéo. ], Undisciplined Women : Tradition and Culture in Canada, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1997, p. 151-166). Quand le prince trouve la bague dans son gâteau, il annonce qu’il n’épousera personne d’autre que la femme capable de porter cette bague. Les protagonistes portant des vêtements raffinés détonnent par rapport au cadre naturel et entre elles, car leurs styles vestimentaires respectifs appartiennent à des périodes historiques différentes. Elles ont pour fonction de dénaturaliser les perceptions conventionnelles de la « réalité », y compris la sexualité. Seuls les animaux et les êtres humains antérieurs à la culture et dépourvus de morale peuvent se livrer librement à de telles pratiques sexuelles31. Avec nonchalance, la fée des Lilas lui explique en chantant que les filles ne sauraient épouser leur père : c’est une question « de culture et de législature ». Par conséquent, la remise en cause de ces oppositions constitutives de l’ordre sociosexuel de la France de l’après-guerre sape la logique du genre qui en est le fondement. « Amour, Amour, Je t’aime tant » chantonnait Anne Germain sous les traits de Catherine Deneuve dans le film Peau d’âne de Jacques Demy. 27Il est néanmoins possible de comprendre la légèreté avec laquelle Demy aborde l’inceste à la lumière de la « dénaturalisation du normal », pour reprendre l’expression de Richard Dyer. Lorsque les nains rentrent chez eux, elle les oblige à se laver avant de manger, dans une scène assez drôle. Bon l'histoire est bien, c'est un conte intéressant ça y a pas de soucis, mais l'adaptation est vraiment mauvaise. Une princesse, conseillée par sa fée, refuse l’amour de son père en fuyant cachée dans une peau d’âne, qu’elle quitte parfois quand elle est seule dans sa cabane. Voir « Cowles Closing Look Magazine after 34 Years », New York Times, 17 septembre 1971, p. 1. 19 Harold Beaver, « Homosexual Signs (In Memory of Roland Barthes) », Critical Inquiry, vol. (N.D.T.). 7 Dans le film de Capellani, les hommes du roi brossent l’âne pour qu’il défèque et expulse les pièces d’or. Voir, par exemple, Luce Irigaray, « Le marché des femmes », Ce sexe qui n’en est pas un, Paris, Éditions de Minuit, 1977, p. 167-185. 28Dans son analyse de l’ironie camp, Babuscio définit cette notion comme « tout contraste très incongru entre un individu ou une chose et son contexte ou son association47 ». Nous sommes une association à but non lucratif. » Une telle déclaration implique que le soi devienne spectacle, s’offre au « regard du public », pour reprendre les termes de l’Oxford English Dictionary, « comme objet (a) de curiosité ou de mépris, ou (b) d’émerveillement ou d’admiration. 37 À propos de la forme que prend la sexualité non normative chez Cocteau, Irène Eynat-Confino écrit : « C’est dans Le Livre blanc, antérieur de [six] ans à La Machine infernale, qu’apparaît explicitement le rapport entre une sexualité non normative et les stigmates de la monstruosité. 39 Freud analyse l’homosexualité en fonction de la « fixation à la mère » qui peut faire des « précoces rivaux […] les premiers objets homosexuels », l’un des principaux rivaux étant le père (Sigmund Freud, « De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité », trad. Si l’inceste est représenté comme une loi arbitraire dont le fondement est culturel et non naturel, il peut être aussi considéré en fonction du désir du sujet queer pour le père, projeté sur l’héroïne qui, elle-même, devient une « bête », à la fois animale et humaine, masculine et féminine. 54La fée des Lilas et la princesse se délectent bel et bien de leur propre image, tout en s’évertuant à se faire objet du désir pour un Autre qu’elles désirent elles-mêmes (ou qu’elles désirent parce que le véritable objet du désir leur est interdit)83. Pour un survol du contexte socioculturel de cette tendance littéraire des années 1690, au cours desquelles Perrault, ainsi que Marie-Catherine d’Aulnoy, Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon et Henriette Julie de Murat ont signé des volumes de contes de fées, voir Jack Zipes, Beauties…, op. Comme l’affirme Rousseau, suivi plus tard par Sigmund Freud et Claude Lévi-Strauss, la prohibition de l’inceste marque l’accession de l’état de nature à celui de culture ou de l’état animal à l’état humain. Le miroir symbolise la glorification de la superficialité et de l’apparence, ou ce que Christine Jones appelle une « esthétique de la frivolité73 ». Elle semble vivre son mariage avec le prince, qu’elle avait pourtant souhaité, comme une déception et, en apprenant que la fée des Lilas va épouser son père, la princesse a l’air un peu contrariée. Si Marie-Catherine d’Aulnoy s’intéresse au miroir, c’est pour son statut d’article de luxe à la mode, d’accessoire dans la construction de l’identité individuelle et dans sa fonction de glorification de la beauté superficielle, extérieure et puissante des femmes et des hommes de l’aristocratie mondaine. Comme le dandy masculin, les deux femmes demeurent des sujets désirants, même lorsqu’elles sont présentées comme des objets d’art. 19Certains commentateurs voient dans la bête monstrueuse au cinéma une figure spécifique de l’homosexualité33. 44On ne trouve aucune de ces références dans le conte original de Perrault, ni dans la versions apocryphe ultérieure. Quand la fée des Lilas affirme avec tellement de détachement que l’inceste est une question « de culture et de législature », elle dénaturalise fondamentalement la prohibition de l’inceste qui ne représente pas pour ces personnages un tabou profondément ancré, source de honte et de culpabilité. Demy joue en permanence avec les incongruités visuelles et temporelles afin de déconstruire l’intrigue hétéronormative et, tout simplement, de se délecter d’une esthétique faite de couleurs et d’images qui jurent entre elles. <>/XObject<>/ProcSet[/PDF/Text/ImageB/ImageC/ImageI] >>/Annots[ 11 0 R] /MediaBox[ 0 0 595.32 841.92] /Contents 4 0 R/Group<>/Tabs/S/StructParents 0>> <>>> 35Comme je l’ai déjà évoqué, Peau d’âne fait de nombreuses et importantes allusions à l’œuvre de Jean Cocteau. BIENVENU SUR LA PAGE DE L'AMOUR , IMAGES , PHOTOS ET CITATIONS DE L'AMOUR , LE VRAI ! 60 Voir M. Thomas Inge, art. 72 Si de nombreux éléments permettent d’affirmer que Demy connaissait très bien les contes de Perrault et des frères Grimm, je n’ai trouvé aucun indice de sa connaissance des contes de Madame d’Aulnoy. Dans The Aristocrat as Art (1980), Domna Stanton met en évidence les affinités qui existent entre « l’honnête homme » de la cour de Louis XIV et le dandy plus rebelle de la France postrévolutionnaire qui, comme son prédécesseur des débuts de l’époque moderne, accordait de l’importance à la mise en scène et à la construction de l’identité individuelle. 88 Voir Brett Farmer, « The Fabulous Sublimity of Gay Diva Worship », Camera Obscura, vol. Dans le même temps, l’esthétisme gay doute de l’existence d’une manière d’être naturelle et, par conséquent, la reconnaissance de l’artificialité de la réalité constitue une démarche honnête46 ». 28 « Jacques Demy : “J’ai attendu neuf ans pour faire Peau d’âne mais c’est mon adieu aux films roses” », France-Soir, 19 décembre 1970, n. p. 29 Voir J.-P. Berthomé, op. Par exemple, dans les versions textuelles du conte, l’âne du roi expulse des pièces d’or en lieu et place d’excréments51. 36 Susan Hayward, notamment, souligne que la Belle est « terriblement déçue à la fin du film quand la Bête […] se transforme en prince charmant » (S. Hayward, French National Cinema, New York, Routledge, 1993, 2005, p. 47). Chez Straparola et Basile, le père incestueux est exclu de l’ordre sociopolitique, lequel est rétabli au terme du conte, par l’exécution ou par l’oubli. 3Beaucoup de metteurs en scène français des débuts du cinéma se sont inspirés du music-hall pour imaginer les intrigues et les scènes qu’ils allaient porter à l’écran.