9.2 - NON au 19 mars - Communiqués des associations

X - Les actions - 19 mars 1962 : un déplacement de la mémoire

1 - "Nous nous permettons de vous rappeler que la loi du 23 février 2005 reconnait la violation des accords d'Evian" par Claude-Sandra RAYMOND - L'Echo de l'Oranie" - 12 octobre 2012

2 - A propos du 19 Mars 1962 - Le 19 mars, trahisons et mensonges par Anne Cazal du Comité VERITAS - février 2013

3 - "Il n'y a décidément rien à célébrer ce 19 mars sinon l'aveuglement idéologique dans lequel s'enferme une poigée d'organisations et de partis politiques" par Danielle et Jean-Pierre Pister du Cercle algérianiste du Grand-Est et de Champagne - 18 mars 2013

 

1 - "Nous nous permettons de vous rappeler que la loi du 23 février 2005 reconnait la violation des accords d'Evian" par Claude - Sandra RAYMOND - L'Echo de l'Oranie" "Les amitiés oraniennes" - le 12/10/2012   

     

echo d oranie    

Communiqué / Lettre ouverte

Le 12 octobre 2012

Monsieur le Président de la République,

Lors de votre campagne électorale du printemps dernier, vous vous étiez engagé, si vous étiez élu, à reconnaître, comme le fit votre prédécesseur en avril dernier, après sa venue au camp de Rivesaltes, la responsabilité de la France dans l’abandon et le drame des Harkis.

Louable intention qui se concrétise aujourd’hui d’une bien atterrante et scandaleuse façon.

Nous apprenons, en effet, que votre majorité au Sénat a inscrit à son ordre du jour, le 25 octobre prochain, la discussion d’une loi visant à officialiser la date du 19 mars comme journée nationale de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie.

Nous nous permettons de vous rappeler que la loi du 23 février 2005 reconnaît la violation des accords d’Evian.

Comment, dans ces conditions, et au regard des dizaines de milliers de victimes Harkis, des milliers de victimes Pieds-Noirs et des centaines de victimes militaires de l’après 19 mars 1962, autoriser l’adoption d’une loi qui nierait de fait ces massacres et relèguerait dans les oubliettes de l’Histoire les innombrables martyrs de cette paix sur le papier ?

Que certains anciens appelés du contingent souhaitent ce jour-là « fêter la quille », à titre privé, peut se comprendre. Mais de là à en faire une journée nationale de commémoration qui bafouerait la mémoire de tant de victimes dépasse l’entendement.

Ce projet de loi ne peut être ressenti que comme une provocation par l’ensemble des associations de Pieds-Noirs et de Harkis et l’immense majorité des associations d’Anciens combattants.

Une telle loi, injurieuse pour des centaines de milliers de vos compatriotes, ne pourra que provoquer une profonde fracture dans la nécessaire unité nationale.

Les Amitiés Oraniennes / L’Écho de l’Oranie vous prient donc, avec la plus vive insistance, d’intercéder auprès de Monsieur Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, afin que cette indécente proposition de loi soit retirée de l’ordre du jour du 25 octobre 2012 pour être replacée dans les cartons dont elle n’aurait jamais dû ressortir.

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Claude-Sandra Raymond

Présidente

 signature


2 - A propos du 19 Mars 1962 - Le 19 mars, trahisons et mensonges par Anne Cazal du Comité VERITAS - février 2013"

 

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A propos du 19 Mars 1962
Le 19 mars, trahisons et mensonges

Le 19 mars 1962, la France généreuse, fidèle à ses traditions, à ses engagements s’apprête à libérer dans le cadre des Accords d’Evian, les détenus, les prévenus, les condamnés.

Ainsi retrouvent la liberté, les poseuses et poseurs de bombes, les tueurs de sang froid, les égorgeurs.

Mais, il y avait aussi, une autre France, la France honteuse, comme l’a si bien nommée, mon camarade, le Colonel AZIZ MELIANI, dans son ouvrage dénonçant le massacre des harkis. Cette France qui a ordonné à ses soldats de rester l’arme au pied devant les enlèvements massifs, les tueries généralisées, de leurs frères d’Armes de la veille, les Harkis, tout comme d’autres concitoyens difficilement dénombrés ayant subi le même sort en particulier à Oran les premiers jours de juillet.

Aussi ceux qui préconisent la repentance pour pouvoir supporter le regard de leurs enfants, dixit un journaliste ayant une certaine audience, auraient-ils pu supporter le regard de ceux que l’on s’apprête à égorger en ayant bien pris soin de les ligoter afin de ne point gêner, l’ample mouvement de l’égorgeur ?

Auraient-ils pu supporter le regard du père de famille que l’on a obligé à assister au viol de ses enfants et de son épouse avant d’être émasculé, égorgé et enterré les parties dans la bouche.

Auraient-ils pu supporter le regard et les gémissements des enfants déchiquetés par les bombes déposés par celles que vos médias et vos universités ont honorées.

N’a-t-on pas crée une chaire à l’Université de Toulouse pour l’une d’elles, pour enseigner la "colonisation". Peut-être verra t- on un jour un ancien membre de l’OAS, enseigner la "décolonisation" à l’Université d’Alger
…….......

Auraient-ils pu supporter le rictus des gens dont on avait coupé les lèvres et tranché le nez pour avoir enfreint l’interdiction de fumer - Pas beau à voir Messieurs les censeurs et j’en ai vu à Batna.

Auraient-ils supporté les cris, les supplications, les plaintes, les gémissements, et le râle des habitants de MELOUZA assassinés en une journée ? 301 victimes furent dénombrées.

Certes, méfaits il y a eu, mais la torture n’était pas le pain quotidien de l’Armée Française.

Vos écrits, vos accusations blessent ceux qui ont fait honnêtement ce que la République leur a ordonné de faire. Vos accusations blessent ces milliers de familles de nos campagnes et de nos villages qui ont eu la chance de voir leur enfant de retour au pays, sain et sauf ; ces familles qui n’ont pas eu cette chance et qui en souffrent encore. Vous salissez la mémoire de leurs disparus.

Aussi, s’il vous plaît, parlez des médecines militaires d’active et appelés qui prodiguaient leurs soins dans les coins les plus reculés d’Algérie. Parlez des instituteurs militaires qui remontaient les écoles brûlées. N’oubliez pas s’il vous plaît les jeunes moniteurs d’Issoire et les monitrices de Nantes dont bon nombre d’entre eux ont été sauvagement assassinés. Leur crime : avoir donné un peu de joie dans le sport aux gamins des douars et des villages.

Enfin, vous n’êtes pas sans ignorer le drame des Harkis que la conscience française a mis du temps à découvrir de par votre silence, vos allégations, vos mensonges. Leur fin atroce a été révélée et relatée, mais l’incrédulité a été la plus forte. Ébouillantés dans d’énormes chaudrons, ils furent, dans l’Oranais à SAÏDA, ces soldats des commandos Georges et Cobra. Égorgés, déchiquetés, mutilés dans tous les douars devant les leurs.

Ils sont en droit de demander justice et réparation et surtout Reconnaissance du génocide des 150 000 des leurs. NON à la Commémoration du 19 Mars 1962
…..
Malheureusement l’ignorance demeure et comme le dit le colonel de Lignières :
« Parmi les faits rayés des manuels, des mémoires et des débats, le désarmement des Harkis et l’abandon à leur sort des disparus pèsent d’un poids exceptionnel sur la conscience de la FRANCE et sur l’honneur de son armée ».

LE 19 MARS ...JOUR DE DEUIL.

En 1961, les supplétifs comptaient : 61 600 harkis servant dans 600 harkas, 19 000 Moghaznis servant dans 740 S.A.S,  8 000 gardes servant dans 101 G.M.S, 62 000 gardes d’autodéfense.
Avec les appelés et les engagés dans les régiments réguliers, les musulmans étaient quatre fois plus nombreux dans les rangs français que dans ceux de l’A.L.N dont la presque totalité étaient stationnée aux frontières !

Dès l’application unilatérale du cessez-le-feu, les massacres et les tortures se généralisèrent sous l’œil souvent passif des unités de l’Armée Française maintenue sur ordre dans ses cantonnements.
Les mesures gouvernementales se succédèrent :

- Le 19 avril 1962, le Conseil des Ministres rejeta la proposition de rapatriement général des supplétifs,
- Le 12 mai 1962, toute initiative individuelle dans le domaine du rapatriement fut interdite aux officiers.
- Le 26 mai 1962, un camp d’accueil fut ouvert en métropole au Larzac, un autre le sera le 29 juin à Bourg Lastic
- Le 21 juin 1962, il fut interdit aux forces de mener des opérations au profit des personnes menacées,
- Le 19 juillet 1962, pour cause de saturation des camps, les transferts en France furent suspendus,
- Le 19 septembre 1962, les rapatriements furent à nouveau autorisés. · Les suites de ces atermoiements et de ces interdits sont tristement connues :

Seuls 91 000 français musulmans (civils et militaires) purent rejoindre la métropole dont 15 à 20 000 supplétifs soit environ 10% des effectifs de 1961.100 à 150 000 Supplétifs, femmes et enfants furent assassinés souvent après d’effroyables tortures.
Du côté des européens, Le 26 mars 1962, à Alger, l'armée française, sur ordre du chef de l'État, ouvre le feu sur ses propres ressortissants lors d'une manifestation pacifique, faisant 52 morts et près de 200 blessés, le 5 juillet 1962 à ORAN, plus de 3 000 personnes furent enlevées, massacrées , 736 militaires furent, malgré le cessez-le-feu, tués ou blessés,...près d’un million de "pieds-noirs" fut contraint à l’abandon de ses racines et de ses morts !

………..

01

Anne CAZAL Février 2013


3 - "Il n'y a décidément rien à célébrer ce 19 mars sinon l'aveuglement idéologique dans lequel s'enferme une poigée d'organisations et de partis politiques" par Danielle et Jean-Pierre Pister du Cercle algérianiste du Grand-Est et de Champagne - 18 mars 2013

 

PISTER

                                                            Metz le 18 mars 2013

 

                                                    Monsieur Pierre Wagner
                                                                                     13, rue des Frères Lumière

                                                              57155 Marly

 

Double envoyé ce jour à Monsieur le Maire de Marly et à la FNACA Moselle

Monsieur,

Nous avons pris connaissance avec consternation de votre tract invitant le plus grand nombre de citoyens à participer à la cérémonie organisée par la FNACA à Marly pour célébrer les « Accords » d’Evian du 19 mars 1962.

D’abord vous usez d’un terme qui, pour être consacré par l’usage journalistique, n’en travestit pas moins la vérité historique : la France a décidé seule d’appliquer unilatéralement un cessez-le-feu que le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne a refusé d’entériner. Cela a permis aux forces de l’ALN, dès le 19 mars, de redoubler ses exactions contre les populations de toutes origines, abandonnées par une armée française qui avait l’ordre, elle, de rester l’arme au pied.

La décision d’un gouvernement français actuel, animé d’intentions purement idéologiques, sous l’impulsion d’un Président de la République acquis aux thèses algériennes, d’inscrire la date du 19 mars au nombre des commémorations nationales françaises, est suffisamment scandaleuse pour que vous n’ajoutiez pas à la forfaiture de nos politiques, l’injure à l’égard de ceux qui ne partagent pas vos convictions et l’insulte à nos morts civils et militaires.

Vous avez l’impudence d’affirmer vouloir rétablir la vérité d’une « histoire si souvent falsifiée et décriée au nom d’un passé révolu et de passions déplorablement entretenues », alors que l’organisation que vous représentez, ne cesse depuis cinquante ans d’ignorer les faits historiquement incontestables, comme le sinistre Robert Faurisson le fait à l’égard de la Shoa. Il est vrai que vous tentez de vous mettre à couvert de tout reproche en utilisant un euphémisme ahurissant : vous justifiez la célébration des pseudos « Accords » d’Evian, en précisant, « si on en accepte les conséquences » : s’agissant des 3000 européens enlevés, violés, mutilés, assassinés, disparus ; des 80000 harkis abandonnés sans défense à la vengeance et à des règlements de compte sauvages qui n’épargnèrent ni femmes ni enfants ; des quelques 450 soldats français tués ou disparus, dans la seule période qui suit le 19 mars jusqu’à la fin 1962, cette comptabilité morbide montre l’inanité d’un prétendu rétablissement de la paix à la date du 19 mars 1962. L’« acceptation » que vous prônez, revient à entériner l’assassinat de Français, civils et militaires, abandonnés sans défense à la vindicte des nouveaux maîtres de l’Algérie, avant même qu’une parodie de référendum ne leur donne tout pouvoir sur l’Algérie. Drôle de façon pour votre organisation et pour la France de perpétuer « le souvenir de ses enfants morts sous le pli du drapeau. »

Noble et belle métaphore mais qui n’a qu’un défaut : il semble que le drapeau algérien se soit substitué à celui de la France, dans notre propre patrie. Vous ne pouvez ignorer, sinon vous ne savez pas de quoi vous parlez, qu’au moment où vous rendrez « hommage » à vos camarades, l’Algérie célèbre sa victoire sur une France battue et humiliée, que l’hymne national algérien qui retentira dans tout le pays, et peut-être à vos côtés, est une véritable déclaration de guerre dans son troisième couplet :

«Ô France, le temps des palabres est révolu / Nous l’avons clos comme on ferme un livre / Ô France, voici le jour venu où il faut rendre des comptes ! / Prépare-toi ! Voici notre réponse / Le verdict, notre révolution le rendra. / Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. / Soyez-en témoin. »

 L’hymne national algérien serait le seul au monde citant nommément, pour la mettre en cause, une autre nation. Depuis quand demande-t-on à des citoyens Français de faire chorus avec ceux qui continuent à désigner leur Patrie comme l’ennemie à abattre ?

Vous passez à la trappe la souffrance d’un million de Français condamnés à l’exil du jour au lendemain, et que certains partis politiques, qui vous sont proches, ont contribué à peindre sous le jour le plus noir. Pour leur plus grand nombre, ces exilés, ouvriers ou employés modestes, étaient les descendants de tous les miséreux du pourtour méditerranéen ou exilés politiques, qui n’ont jamais eu que leurs bras pour survivre. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ceux qui défendent les droits de tous les immigrés qui entrent en France aujourd’hui, sont les mêmes qui ont considéré, en 1962, que les Pieds-Noirs, dont les aïeux étaient en Algérie depuis 5 ou 6 générations, n’avaient plus le droit d’y rester (déclaration réitérée de plusieurs membres du gouvernement algérien dont celle du premier président BenBella), pas plus que le droit d’entrer en métropole ? Pour satisfaire les Français progressistes et le FLN, il eût mieux valu couler tous les bateaux des rapatriés en pleine Méditerranée. Vous pourriez ainsi continuer à refaire l’histoire à votre guise.

Toutes ces horreurs se justifient à vos yeux parce que les « Accords » d’Evian auraient mis fin au colonialisme. Il aurait cessé de toute façon et surtout, la transition eût pu mieux se réaliser pour tous ses habitants. Vous savez parfaitement que les Algériens, depuis cinquante et un ans sont les premières victimes d’« accords » bâclés au profit d’une nomenklatura qui a accaparé rente pétrolière et liberté politique à son seul profit.

Il n’y a décidément rien à célébrer ce 19 mars, sinon l’aveuglement idéologique dans lequel s’enferment une poignée d’organisations et de partis politiques qui ne veulent pas reconnaître leurs propres erreurs de jugement.

Quant à la paix que vous invoquez, en finale de votre tract, nul n’aurait l’idée de lui préférer la guerre. Mais les faits sont têtus, la paix n’existe toujours pas entre nos deux pays.

Pour que nos soldats et nos victimes civiles reposent enfin en paix et que leurs familles puissent faire leur deuil, il n’y a pas d’autres moyens que de rétablir la réalité des faits. Nous avons le regret de constater que vous n’y contribuez guère.

Mais il n’y a pas d’exemple de vérité historique qui ne finisse par s’imposer à tous. Excepté aux négationnistes, émules des Faurisson, Dieudonné et autres, dont vous faites partie. Ce jour-là, nous préférerons alors être à notre place plutôt qu’à la vôtre.

 

 pister

Danielle Pister-Lopez
Agrégée de Lettres modernes-Maître de Conférences honoraire, Université de Lorraine

Porte-parole de l’Amicale des Pieds-Noirs de la Moselle
Vice-présidente du Cercle algérianiste du Grand-Est et de Champagne

 

 JP Pister

Jean-Pierre Pister
Agrégé d’Histoire-Professeur de Chaire supérieure honoraire, Lycée H. Poincaré Nancy
Secrétaire du Cercle algérianiste du Grand-Est et de Champagne
5, rue du 16° Chasseurs 57070 METZ

 

Eté 1962

 

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