7.13 - " Les oubliés de l’Église ? " Mémoire de Master 2 Renan MÉGY 2005 - Prix universitaire "Jeune algérianiste" Cercle algérianiste - 2007

XI - Bibliothèque - Publications des historiens

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CONCLUSION

Les relations entre l’église catholique et les rapatriés d’Algérie demeurent nombreuses depuis 1962. L’organisation de leur accueil puis leur intégration dans les paroisses des diocèses d’Aix en Provence et de Marseille montrent que les Pieds-noirs ne furent pas oubliés. Le souvenir du mauvais accueil persiste pourtant dans les représentations. En fait, le perçu ne correspond pas au vécu. Beaucoup d’actions ont été conduites par l’Église, tant au niveau local que national. Les diocésains, l’épiscopat français et la papauté participe à cet élan de générosité. Pourquoi alors le souvenir d’avoir été oublié par l’Église est-il aussi tenace ? L’amertume envers l’église s’explique par sa prise de position en faveur de l’indépendance algérienne et par la tendance à dénigrer les Pieds-Noirs chez une partie de l’opinion catholique française. Tout le problème émerge dans la figure du père Robert Davezie. Comment un prêtre de la mission de France qui aida le FLN peut-il accueillir charitablement les Pieds-Noirs ?

Il est vrai également que la lenteur de l’Église à réagir en 1962 y est pour beaucoup. Aucune pastorale spécifique n’est prévue et l’action au sein des paroisses reste empirique. Les Rapatriés reprochent aussi à l’Église de France son manque d’écoute et l’absence de déclaration officielle de soutien.

L’exemple des diocèses d’Aix-Marseille et d’Aix en Provence montre que l’Église n’a pas négligé les Pieds-Noirs. Ces derniers retrouvent leur place au sein des différents mouvements catholiques. Les processus d’accueil puis l’intégration par assimilation ou acculturation et les dynamiques qui se mettent en place illustrent les interactions entre l’Église de France et celle d’Algérie. Croyances et pratiques religieuses deviennent des vecteurs identitaires au sein de la communauté pied-noire. Ces premières évoluent par ailleurs sous l’influence des dévotions de métropole. Les dévotions provençales sont enrichies, sans opposition, par les processions et pèlerinages des rapatriés. La religion est aussi un des fondements du réseau de sociabilité de la communauté rapatriée : le religieux sacralise le souvenir dans une mémoire commune et rend légitime la commémoration. Le paysage diocésain se trouve ainsi modifié par les grands rassemblements religieux, comme le pèlerinage voué à Notre Dame d’Afrique à Carnoux lors de l’Assomption.

Dans les analyses sociologiques[i] sur le groupe pied-noir, les dynamiques religieuses ne sont presque jamais perçues comme des moteurs d’intégration ou au contraire de communautarisme. Elles sont pourtant précieuses pour illustrer les contacts interculturels. S’attacher davantage à la rencontre entre les deux cultures implique d’approfondir les recherches sur les pratiques des rapatriés, notamment par des entretiens et des sondages. Comparées à des études similaires sur les catholiques métropolitains, les représentations spécifiques de la communauté rapatriée apparaîtraient. Si, dans notre travail, la place de l’oralité a supplanté sondages et statistiques, une analyse plus poussée devra nécessairement intégrer des évaluations quantitatives. Emmanuelle Comtat[ii] utilise ainsi une méthode fondée sur un panel de plusieurs centaines de rapatriés.

Multiplier les entretiens atténue les difficultés dues à la pauvreté des documents écrits issus des institutions religieuses. Les délais de consultation des archives – celles des conseils épiscopaux par exemple -, liés à leur absence de classement ainsi que les refus de consultation ont limité nos recherches. Les archives diocésaines des mouvements, tels les Scouts de France, sont souvent trop récentes pour notre sujet ou inexistantes.

L’élargissement du cadre géographique à d’autres diocèses permettrait d’étoffer le corpus et ouvrirait la voie au comparatisme. Le diocèse de Marseille qui connait une forte immigration, n’a pas la même réponse matérielle et spirituelle que les diocèses plus ruraux. Celui de Metz qui a connu le rapatriement de nombreux Lorrains lors de la cession de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne un siècle plus tôt, réagit encore différemment. Une étude nationale favoriserait l’élaboration d’une carte des lieux de mémoire religieux, matérialisés par les objets de culte rapatriés et les mémoriaux. Ce travail serait mis en corrélation avec la répartition démographique de la population et du clergé rapatriés.

L’étude des relations entre l’Église catholique et les Pieds-Noirs peut enfin s’intégrer dans une analyse générale sur la décolonisation. Jean-Louis Miège précise d’ailleurs qu’il n’y a pas d’études générales, systématiques et comparatives sur les réponses de l’Église face aux différentes vagues de rapatriement et aux contacts interculturels qui en découlent.[iii]

[i] Par exemple Clarisse BUONO « Pieds-noirs de père en fils » Paris Balland 2004

[ii] Emmanuelle COMTAT « Le comportement politique des Pieds-Noirs d’Algérie » : études de cas dans l’Isère, mémoire DEA en Science Politique Centre d’information des données socio-politiques Grenoble 2000

[iii] Jean-Louis Miège « Expansion européenne et décolonisation de 1870 à nos jours » Paris Nouvelle Clio PUF 1971,1993.

 

 Laureats Universitaire 2005
Renan MÉGY

 

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Université Jean Moulin - Lyon III

 

Prix universitaire "Jeune algérianiste" : Cercle algérianiste  Congrès national  25 novembre 2007 Perpignan

Traditionnellement remis lors du Congrès national du Cercle algérianiste, le prix universitaire "Jeune algérianiste" est une action majeure du Cercle qui vise à promouvoir et encourager les travaux les plus remarquables de jeunes étudiants sur les thèmes chers à noter communauté. Nombre d'entre eux ont été ainsi récompensés et ont pu  faire éditer leurs travaux.

Cette année,  le prix universitaire "Jeune algérianiste" a été attribué à Damien LORCY pour 'La gendarmerie en Algérie, Organisation et missions (1830-1870". Thèse soutenue à l'université Montesquieu - Bordeaux IV et dirigée par le professeur Gérard GUYON.

Le deuxième prix  a été décerné à Renan Megy pour : " Des oubliés de l’Église ? L’Église catholique et les Rapatriés d'Algérie de 1962 à nos jours dans les diocèses d'Aix en Provence et Marseille". Thèse soutenue à l'université Jean Moulin - Lyon III et dirigée par le professeur Jean-Dominique DURAND

Mention spéciale : Emmanuelle COMTAT pour : "Les pieds-Noirs et la politique. 4 ans après le traumatisme du rapatriement". Thèse soutenue à l'université Pierre Mendes-France- Institut politique de Grenoble sous la direction du professeur Pierre BRECHON.

L'action du Cercle en direction de ces jeunes chercheurs est une de celles qui est la plus porteuse d'avenir. Elle devrait être dans les prochains mois renforcée et dynamisée car elle conditionne pour une grande part la pérennité de l'oeuvre entreprise par le Cercle algérianiste.   

 

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