2.9 - La Grande Poste d'Alger, un joyau d'urbanisme réalisée de 1910 à 1913

III - Histoire et récits - De 1830 à 1954 les réalisations

Dès l’entrée, le visiteur est impressionné par la salle centrale couverte d’une coupole octogonale, les jeux de la lumière, la délicatesse et l’ampleur du décor.

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J’ai rejoint la GP d’Alger. C’était un bâtiment particulièrement beau, ressemblant plus à une mosquée qu’à un bureau de poste ! Les arcades faisaient le tour des guichets, formant ainsi un cercle de plus de 30 mètres de diamètre. La coupole était formée de stucs ouvragés et peints, représentant des motifs arabes : une splendeur.

Les guichets étaient faits de bois dur et foncé, toujours astiqués. Un immense lustre de style arabe pendait au centre de la coupole, se souvient un postier qui y était affecté à la toute fin de l’administration française. Dès 1914, Henri KLEIN, en donne une description enthousiaste : « ce qui frappe particulièrement, c’est une coupole dont la superbe décoration en entrelacs géométrique rayonnant, une polygonie exquise aux enchevêtrements savants, jaillit de son centre où s’attache un pendentif pour s’épanouir ensuite sur un premier cercle paré de pommes de pin, puis sur un second constellé d’étoiles, et enfin sur cette admirable couronne de stalactites.

L’ornementation des parois, d’inspiration andalouse, évoque le palais de l’Alhambra : soubassement des murs en faïence polychrome surmonté d’un décor de stuc finement ciselé. Une annexe pour les chèques postaux édifiée par VOINOT occupe l’emplacement de l’ancienne église anglicane, du côté de la rue de Constantine.

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La Grande Poste d’Alger devient le plus important bureau de poste français après celui de la rue du Louvre. On peut s’étonner qu’inlassablement reproduite en carte postale, elle n’ait pas été avant 1962, le sujet d’un timbre algérien, contrairement à la poste de Casablanca représentée dès 1933 dans une série du Maroc. Il est vrai que jusqu’aux années 1950 les figurines algériennes, exotiques, pittoresques ou convenues, font la part belle au double héritage mis en exergue par la politique officielle, les antiquités romaines et le patrimoine arabe.

En architecture pourtant, avec la célébration du centenaire de l’Algérie en 1930, la tendance néo-mauresque entame un déclin progressif laissant place à un mouvement moderniste exaltant le caractère méditerranéen. Certes, à l’exposition de 1937, ce sont encore les répliques de monuments musulmans, en particulier le minaret de la mosquée de Sidi Abderhamane d’Alger, qui signalent le pavillon de l’Algérie dans la section de la France d’Outre-mer.

Mais il y a eu débat, les milieux européens regrettant que l’on sacrifie une fois encore au pittoresque avec le rappel des architectures traditionnelles. C’est pourquoi l’Algérie a un second pavillon dans la section des régions de France : « consacré à l’activité moderne » il présente artistes et vins… Encore au printemps 1944, lorsque la ville de Paris envisage une exposition philatélique ayant pour thème « La France et son Empire » avec émission de vignettes souvenir le projet retenu, jamais émis, représente la Casbah, l’Arc de Triomphe  de Timgad et la villa Abd-el-Tif. Certains membres de la commission d’organisation avaient pourtant souhaité représenter l’effort colonial français en Afrique du Nord par des édifices administratifs, des barrages… plutôt que des monuments antiques.

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Au fil des ultimes années de l’Algérie française, les tensions et les tragédies n’épargnent pas la Grande Poste. Claude MOLINA, le postier ébloui par les fastes du bâtiment, se souvient des derniers temps d’Alger, alors qu’il est affecté au guichet de la poste restante, fréquenté par les travailleurs venus de métropole, les représentants de commerce, les adultères, les prostituées mais aussi les clandestins, en particulier les membres de l’O.A.S., objets d’une étroite surveillance des services spéciaux.

 

III 2.9
Dessin réalisé par Rober Charles PUIG

La Grande poste est à deux pas du Gouvernement Général, au carrefour stratégique de grandes artères : les barricades se dressent non loin. Puis le 26 mars 1962, elle est le décor de la fusillade de la rue d’Isly qui fait plus de 100 victimes parmi les français d’Algérie venus manifester pour libérer Bab-El-Oued de son blocus.

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Avant la fin de 1962, les derniers postiers français non coopérants quittent Alger. En toute hâte, les dossiers personnels de tous les agents des PTT d’Algérie, gérés par la direction centrale d’Alger sont évacués. Trois ou quatre voyages d’un camion postal sont nécessaires pour les acheminer jusqu’au câblier Ampère. Puis ils sont expédiés vers le Ministère à Paris afin de faciliter le reclassement des agents rapatriés. Le reste des archives postales est laissé sur place. Postalement, la surcharge EA (Etat algérien) sur les timbres français marque le tournant définitif de l’indépendance. La Grande Poste demeure cependant un édifice cher aux Algérois. Et, depuis quelques temps, des voix se font entendre pour un classement de ce monument.

François CHAUVIN

Pieds-Noirs d’hier et d’aujourd’hui - N° 179 – Novembre 2009

Avec tous nos sincères remerciements à Jean-Marc LOPEZ

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ALGER EN 1960

Pour qui ne l'a pas encore vue, une belle vidéo d'Alger vers  1960, on y retrouve "NOTRE Alger", avec tous les lieux de notre jeunesse... C'est très émouvant, à voir absolument, pour quelques minutes on y retourne... vraiment ! Ca  c'était vraiment notre cher et regretté Pays que l'on n'oubliera jamais ............Notre petit coin de paradis. Certains ont fini par oublier, moi.... JAMAIS !!!

Jean-Pierre FERRER

Remerciements à Jean-Pierre FERRER.

 

 

La Grande Poste d’Alger brûlait le 19 décembre 2012, alors même que le Président François Hollande se trouvait en visite officielle à Alger, pour faire voeu de repentance, de la colonisation française "dure et injuste"...

Hasard ou colère divine ?

Fusillade de la rue d'Isly

 

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