6.1 - Textes poétiques écrits par des Français de l'Algérie française - Illustrations d'Alain Avelin

 

1 - On était simplement des Français d'Algérie -    

On était simplement des Français d'Algérie
Balancés n'importe où, dans l'amère patrie
Par un vieux galonné, sénile psychopathe,
On était simplement des Français d'Algérie ...
On était simplement des Français d'Algérie
Et durant les deux guerres, nos morts ont jalonnés
Tous les champs de bataille, de France ou d'Italie,
Il a tout oublié, le pédant galonné,
Le trop bouffi d'orgueil et de sombre folie,
On était simplement des Français d'Algérie ...
Pour nous pas de discours et pas d'accueil en France
Nos vieux ont attendu plusieurs jours sur les quais,
Sans aide ni pitié, noyés d'indifférence,
L'ogre de Colombey y avait ses préférences
Et il nous méprisait, lui et tous ses laquais
On était simplement des Français d'Algérie ...
Mais on s'est relevé à force de courage
Charlot s'en est allé au royaume éternel,
Heureux de son exploit, de son choix criminel,
Il restera pour nous le triste personnage
Qui n'aimait pas du tout les Français d'Algérie !
Les années ont passé sur nos joies et nos peines,
On a refait nos vies sur fond de nostalgie,
Les souvenirs au cœur et sans démagogie
Insensibles aux appels et au chant des sirènes
Pour demeurer toujours des Français d'Algérie.

Communiqué par Gérard Fuentes et transmis par Lydia Saint martin
25 mars 2010

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Gaston Deferre

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XI - Bibliothèque - In Memoriam - Poèmes - Chansons - Vidéos

2 - Le dernier soir de Pierre CACHIA -  Juillet 1998

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3 -"Le jardin d'Essais de ma jeunesse" ! de Robert Charles PUIG- 2002

LE JARDIN D’ESSAIS DE MA JEUNESSE !

Dans le jardin secret des jours de mon enfance…
Sempiternel printemps de joie et d'insouciance,
Mille massifs fleuris enchantent l'innocence
Et donnent à l'air du temps des senteurs de fragrance.

Des fleurs rouges impudiques en s'offrant au soleil,
Ne piquent pas les doigts, si on veut les cueillir.
Elles sont comme l'amour, quand les sens s'éveillent
Dans le grand bal d'été où valsent les désirs.

Septembre arrive ! L'automne frappe à la porte.
Avec les premiers froids, le jardin s'alanguit.
La musique s'enfuit, dans le vent qui l'emporte,
Et le long du chemin, les fleurs deviennent orties…

Demain, elles ne seront que des herbes brûlées
Dans le jardin d'hiver, tout à coup triste et nu.
Mais moi, au fond du cœur, je conserve à jamais,
Les couleurs du jardin… de mon pays perdu.

Le jardin d'Essais de ma jeunesse ! de Robert Charles PUIG

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4 - "T'es un Pieds-Noirs mon frère" de Louis des Issambres

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5 - "La ballade de ceux qui n'oublient pas" de Louis de CONDÉ

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Louis de Condé - 25 septembre 2011 - Entrée dans Paris au flambeau lors de la Marche des Harkis depuis Montpellier

 

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Hommage à Jean BASTIEN-THIRRY à Bourg la Reine, lors de la Marche des Harkis - 25 septembre 2011 - Louis entre Zohra et Thérèse

 

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Hommage au Général Raoul SALAN 10 juin 2014 - Cimetière de Vichy

 

Voir aussi ces deux articles :ICI  et   ICI

 


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6 -  "Le pied noir et la babouche " de Christian VEBEL (né le 12 janvier 1911 à El Kseur en Algérie- décédé le 16 mai 2002 en France - Vaugirard

 

La babouche

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Il était un petit pied noir
Qui logeait dans une babouche
Tous deux faisaient plaisir à voir
Marchant du matin jusqu'au soir
La babouche autour du pied noir
Et le pied noir dans la babouche.

La babouche un jour dit : "Pourquoi
Traîner ce pied noir avec moi?
Marcher ensemble, quel calvaire
Il est lourd, moi je suis légère
S'il voulait libérer les lieux
Seule, je marcherais bien mieux !"

Dès lors, la babouche travaille
Pour blesser le pied, le tenaille,
Le comprime, et fait tant d'efforts
Que le pied noir ayant un cor
Et prenant brusquement la mouche
Se retire de la babouche.

Le pied noir, lui s'est replié
Bien sûr dans ses petits souliers
Mais il a poursuivi sa route
Et la plus étonnée sans doute
fut la babouche qui n'a pas compris, mais vu
Que sans petit pied noir, elle ne marche plus.

Christian VEBEL
né à El Kseur en 1911 - décédé en 2002

 


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7 - "C'était une petite place près du Ruisseau" de Gérard V. (Envoi de Michel et janine Carnimolla en 2010)

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C'était une petite place près du Ruisseau,
Un beau quartier à l'Est d'Alger.
A la terrasse du café on se retrouvait tous,
Pour manger une tchouktchouka ou un couscous.
Mais pour trouver une place il fallait faire fissa,
Et avoir, comme on dit, la baraka.
Sitôt assis, c'était anisette et kémia,
Olives, anchois, fèves au cumin, ma parole soua-soua.
Il aurait fallu être babao ou badjoc pour pas venir,
Bizoutche ou maboul pour s'abstenir.
Entre copains l'ambiance était bonne, sans tcheklala.
On rigolait de ceux qui attendaient, ils avaient la rabia.
On leur disait : vous avez la schkoumoune aujourd'hui,
Le mieux c'est d'aller chez Mansour, manger le méchoui.
Y'en a un il m'a dit : va t'faire une soupe de fèves,
Je laisse pas ma place, même pas en rêve.
Il devait aimer manger, vu sa pantcha,
Et j'avais bien l'impression, qu'il ne ferait pas scapa.
Arrivés au dessert, y'en a qui étaient de bouffa.
Ca parlait fort, ça chantait a capella,
On se traitait de boudjadi, de tchoutche, de gavatcho,
Il y avait une purée d'ambiance, poh!poh!poh!
On entendait : tu racontes que des tchaleffes, t'es un zoubia.
Et l'autre répondait : tu veux une calbote ou une botcha.
Mais entre nous, pas de coup de zouzguef,
Des ennemis, y'en avait pas bezef.
Il y avait un chouïa d'embrouilles parfois,
Mais jamais de coups sournois.
Bon allez, vinga, il faut qu'on y aille,
La purée, il faut qu'on retourne au travail.

Gérard V.

Envoi de Michel et Janine Carnimolla

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Le lycée technique du Ruisseau vers le Hamma


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8 - " Adieu" de Bruno VAISSON - Versailles - 10 mars 2017

 

Adieu

 

Recevoir de la France d’Alger, rien !
Une perle de jasmin chiffonnée
Embaumerait la méditerranée.
Oran verse ses larmes vers les siens !

 

Les pieds enflés de la poussière noire
Suivent les nez cachés dans les mouchoirs.
Le songe à la valise ou le cercueil
Frappe la vie, l’écume à son écueil.

 

Les mains vidées cajolent leurs petits
La lèvre et le baiser, la nuit console.
Tu viens à moi, exil, roulé au sol !

 

Je ne veux plus de ton silence rance,
Ne t’ai-je pas voulu t’aimer, la France ?
Les mains ridées cajolent leurs petits…

 

A Madame GAUTIER Simone

Bruno VAISSON - Versailles - (10-03-2017)

 

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9 - "On nous appelle PIEDS-NOIRS" de Camille Bender

 

On nous appelle "Pieds Noirs "

On nous appelle "Pieds Noirs" et ces deux mots jetés
Péjorativement, souvent comme une insulte,
sont devenus pour nous bien plus qu'un sobriquet.

On nous appelle "Pieds Noirs" avec cette nuance
De dédain, de mépris attachée à ces mots
Qui pour nous, ont un sens de plus grande importance

On nous appelle "Pieds Noirs", nous acceptons l'injure,
Et ces mots dédaigneux sont comme un ralliement
Comme un drapeau nouveau, comme un emblème pur

On nous appelle "Pieds Noirs", il y a sur nos visages
Le regret nostalgique des horizons perdus,
Et dans nos yeux noyés, d'éblouissants mirages.

On nous appelle "Pieds Noirs" il y a dans nos mémoires
Le souvenir joyeux des belles heures d'autrefois,
De la douceur de vivre, et des grands jours de gloire.

On nous appelle "Pieds Noirs", ami, te souviens-tu
De nos champs d'orangers, de nos coteaux de vigne,
Et de nos palmeraies, longues à perte de vue ?

On nous appelle "Pieds Noirs", mon frère, te souvient-il
Du bruyant Bab-el-Oued, d'El Biar sur sa colline,
Des plages d'Oranie, du glas d'Orléansville ?

On nous appelle "Pieds Noirs", là-bas dans nos villages,
Qu'une croix au sommet d'un clocher dominait,
Il y a un monument dédié au grand courage.

Les nommait-on "Pieds Noirs" les morts des deux carnages
De 14 et 39, les martyrs, les héros
Qui les honorera maintenant tous ces braves ?

On nous appelle "Pieds Noirs", mais ceux qui sont restés,
Ceux de nos cimetières perdus de solitude,
Qui fleurira leurs tombes, leurs tombes abandonnées ?

On nous appelle "Pieds Noirs" nous avions deux patries,
Harmonieusement si mêlées dans nos cœurs,
Que nous disions "ma France", en pensant "Algérie"

On nous appelle "Pieds Noirs" mais nous sommes fiers de l'être
Qui donc en rougirait ? Nous ne nous renions pas
Et nous le crions fort, pour bien nous reconnaître

On nous appelle "Pieds Noirs", nous nous vantons de l'être
Car nous sommes héritiers d'un peuple généreux
Dont l'idéal humain venait des grands ancêtres.

On nous appelle "Pieds Noirs" qu'importe l'étiquette
Qu'on nous a apposée sur nos fronts d'exilés,
Nous n'avons pas de honte, et nous levons la tête.

Ô mes amis "Pieds Noirs" ne pleurez plus la terre
Et le sol tant chéris qui vous ont rejetés,
Laissez les vains regrets et les larmes amères.

CE PAYS N'A PLUS D'ÂME, VOUS L'AVEZ EMPORTÉE.

Camille Bender - Décembre 1962

 

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10 - "A l'heure des bilans nous pouvons être fiers de nous" Texte d'une dame pied-noir qui réside aux USA. Envoi de Jean-Pierre Lledo 20 juin 2017

A l'heure des bilans nous pouvons être fiers de nous.


En venant en France, ou ailleurs sur la planète, il ne s’agissait plus de défricher des terres incultes, d’assécher des marais, de lutter contre le climat et les maladies, de bâtir un pays. Il s’agissait de construire sa vie, sa famille, de faire sa place. Tous l’ont fait, dans l’honneur et la droiture, dans l’amour du travail bien fait, dans le respect de la parole donnée.


Maintenant, que tous ces petits garçons et ces petites filles sont devenus vieux, ils témoignent. Les sites qu’ils ont créés sont nombreux, émouvants. Tous recréent cette vie d’avant, cette vie où ils étaient jeunes, insouciants et installés dans leur terre natale pour mille ans.

Nous sommes des «Muhadjirouns» des exilés, des vrais sans espoirs de retour, sans espoirs tout court. Seuls restent nos souvenirs amplifiés par la nostalgie, que nous partageons à longueur de page sur le web ou dans des milliers de livres édités souvent à compte d’auteur. Nos publications deviennent nos racines. Elles veulent remplacer celles qui furent coupées brutalement une année maudite de 1962.

Qui peut nous comprendre?
Rares sont les hommes et les femmes de bonne volonté qui puissent accéder à comprendre cette souffrance.

Mais malgré tout cela, le peuple pied-noir qui va disparaître, comme toute chose vivante d’ailleurs, ne perd pas son caractère. Cette joie de vivre, cette bonne humeur et ce bruit qui le caractérise. Ce bruit de la parole et du geste dont on lui fait reproche encore aujourd'hui. Ce bruit qui cache ses pudeurs, ses tristesses et sa peine immense de l’Algérie perdue. Ce bruit qui est notre marque de fabrique.

Ces milliers de petits garçons et de petites filles se retrouvent maintenant autour de la toile, partageant leurs textes d’avant, recroquevillées ensembles comme pour se tenir chaud dans leurs derniers moments. Leurs histoires, nos histoires seront les monuments de notre patrimoine national. On les visitera comme on visite un château perdu. Leurs enfants, leurs amis, les anonymes profiteront de ce jour annuel du patrimoine pour leur rendre l’hommage qui convient.

Notre histoire est grandiose, nous étions des petites gens, nous sommes devenus grands. Malgré toute la rancœur que nous pouvons nourrir contre les politiques d’antan, la France nous a permis de vivre de manière économique sociale et culturelle en échange nous lui avons donné nos grands-pères, nos pères, nos frères pour la défense de sa liberté. Dans la France, ce grand pays, nous avons reconstruit nos familles, nos vies.

A l'heure des bilans nous pouvons être fiers de nous.

Vive le Peuple Pied-Noir dont je suis.

NOUS AVONS SU NOUS INTÉGRER, NOUS......

D'AUTRES NE LE VEULENT TOUJOURS PAS ...

ET CONTRAIREMENT A NOUS, LA FRANCE LES PROTÈGE !!!

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11 - "Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m'y sentant aussi chez moi... Enfin !" Texte anonyme - Envoi de Robert PUIG - Janvier 2017  

Robert PUIG
13 janv. à 07:42
Je ne sais pas qui a écrit ce texte mais il est magnifique et je le fais suivre. Robert

Pour que notre descendance n'ait pas à rougir de nous !!! .


A quelques encablures de ma fin de vie, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence, je ressens le besoin d'éclairer un malentendu.


Après plusieurs années de vie professionnelle, j'ai travaillé avec vous, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme. j' ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France, de s' étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j' avais fini par oublier que j' étais né sur une autre rive, de parents venus d' ailleurs et de grands-parents à l' accent impossible d' une ville de la Méditerranée.

Je m'étais cru Français comme vous et j'avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde. Et puis, depuis quelques mois, des maisons d'édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d'Algérie. Les chaînes de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l'Histoire de 134 ans de présence française en Algérie.

Avec une étonnante convergence de vues, la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre. J’ai revu l'histoire de ma patrie, l'Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales :
La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime» Les Français d'Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres» «Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays» "Certains Français ont eu raison d'aider les fellaghas à combattre l'armée française et peuvent s'enorgueillir aujourd'hui d'avoir contribué à la libération de l'Algérie»."

Alors, j'ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s'il n'avait d' abord appris à l'aimer... et vous n'avez jamais aimé "notre Algérie" !

Alors, j'ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand j'affirmais mon origine "pied noir" ; j'ai compris que l'exode arménien ou l'exode juif vous avait touchés mais que notre exil vous avait laissés indifférents. J’ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d'abandonner ce morceau de France et les Arabes entraînés à nos côtés, étaient traités de putschistes.

J'ai compris pourquoi des mots comme "colon" avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.

Même des Français de France comme vous, tués au combat, n'ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation que les Poilus ou les Résistants, parce qu'ils furent engagés dans une "sale guerre" ! Sans doute, même si leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, est-il plus facile de célébrer des héros vainqueurs que des soldats morts pour rien.

Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre pays pour continuer à y vivre, était criminel...«Vérité en deçà de la Méditerranée ; erreur au-delà !"

Vous si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l'armée française au cours des dix dernières années, vous êtes devenus amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à nos compatriotes européens et musulmans. Vous ne trouvez rien à dire sur l’œuvre française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien ! Les fictions même s'affligent des mêmes clichés de Français arrogants et de Musulmans opprimés.


Ce qui est singulier dans le débat sur l'Algérie et sur la guerre qui a marqué la fin de la période française, c'est que ceux qui en parlent, en parlent en étrangers comme d'une terre étrangère.


Disséquer le cadavre de l'Algérie leur est un exercice clinique que journalistes, commentateurs et professeurs d'université réalisent avec la froide indifférence de l'étranger.


Personne ne pense qu'un million de femmes et d’hommes n'ont connu et aimé que cette terre où ils sont nés. Personne n'ose rappeler qu'ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil sur une terre souvent inconnue et souvent hostile ... Quand certains intellectuels français se prévalent d'avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d'avoir armé les bras des égorgeurs de Français .... Cette terre vous brûle la mémoire et le cœur ... ou plutôt la mauvaise conscience.

Je n'ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes maîtres français m'ont appris à aimer comme un morceau de la France. Mais, même si " mon Algérie" n'est plus, il est trop tard, aujourd'hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes parents, ma patrie.


J’attends de vous amis français, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu'elle soit aussi votre Histoire.


Je n'attends de vous aucune complaisance mais le respect d'une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son œuvre et de ses cultures J'attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j'ai laissés là-bas et dont la vie fut faite de travail, d'abnégation et parfois même d'héroïsme.


J'attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d'objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l'Histoire de la France d'en deçà et d’au-delà de la Méditerranée.


Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m'y sentant aussi chez moi...  Enfin ! " 

 

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12 - Petit fellagha - Poème de Pierre-Jean VA ILLARD

 

Seulement, ces temps-ci, il faut compter là-bas,

Avec un mécontent, un certain Fellagha.

Et, petit Fellagha, c’est à toi que je pense

En voyant ta rancune à l’égard de la France.

J’ai beaucoup réfléchi et ma méditation

Me décide à venir te demander pardon....

Oui, pardon, Fellagha, pardon pour mon grand-père

Qui vint tracer des routes et labourer la terre.

Il est venu chez toi, il a tout chamboulé.

Où poussaient des cailloux, il a planté du blé.

En mettant après ça, Ô comble de l’ignoble,

Où poussaient des cailloux, il a fait un vignoble.

Pardon, cher petit Fellagha,

Oh, pardon de tous ces dégâts.

Et mon affreux grand-père (il faut qu’on le confesse)

N’était bien sûr, pas seul, à être de son espèce.

Ces autres scélérats ont bâti des cités,

Ils ont installé l’eau et l’électricité.

Et tu n’en voulais pas, c’est la claire évidence

Puisque on sait que avant que n’arrive la France

Tu n’avais en dehors de la Casbah d’Alger

Que la tente ou bien le gourbi pour te loger.

Et ton éclairage, tu n’avais que de l’huile.

Alors nos maisons, bien sûr, c’était la tuile.

De l’électricité, là encore soyons francs,

Tu ne demandais pas qu’on te mette au courant ...

Tu t’es habitué à ces choses infâmes,

Mais c’est à regret et la mort dans l’âme ...

Stoïquement d’ailleurs, tu supportes ces malheurs,

Avec force courage et tant de belle humeur.

Donc tu as engraissé, mais de mauvaise graisse.

Car tu prenais le car (une invention traîtresse)

C’est ce même car que, pris d’un délire divin,

Tu devais, un beau jour, pousser dans le ravin.

Je comprends ta rancœur, je comprends ta colère,

Tu n’es pas au niveau des arabes du Caire.

Tu glandes et tu vis mieux qu’un fellah égyptien.

A quoi Nasser ... Nasser à rien.

Nous avons massacré tes lions et panthères.

Nous avons asséché tes marais millénaires.

Les moustiques sont morts ... Les poux ..

De Profundis.Nous avons tout tué, jusqu’à la syphilis.

Ah pardon Fellagha pour tous ces carnages.

Nous avons fait tout ça, c’est bougrement dommage.

Bien pardon Fellagha, de t’avoir mieux nourri,

De t’avoir vacciné pour le béribéri

Et d’avoir à tes pieds nus mis (oh maladresse)

Des souliers ....Pour nous botter les fesses.

Pardon vraiment pour ce crime contre l'humanité.

Texte écrit dans les années 50 par le chansonnier Pierre Jean VAILLARD,  lequel est plus que jamais d'actualité, d'autant que  la Repentance est devenue la Religion d'un État en perdition !

 

Pierre Jean Vaillard

 

Pierre-Jean Vaillard, né à Sète le 12 mars 1918Il épouse Odette Marie Céleste Kellner le 9 février 1942 à Tunis.Chansonnier, écrivain, auteur d'aphorismes, comédien de théâtre et de radio, il a été à l'origine, avec Jacques Canetti, de la fondation, en 1943, du théâtre des Trois Baudets, rue Mogador à Alger.

Il a été la tête d'affiche du théâtre des Deux Ânes pendant plus de trente ans. Dans les années 1960, il rédige plusieurs chroniques pour le journal de droite Minute dans lesquelles il prend position pour l’Algérie Française et contre la « dévirilisation » de l'Armée Française.Il a vécu les dernières années de sa vie rue de Saint-Simon (Paris VIIe).

Il est mort le 17 février 1988, et est inhumé à Paris au cimetière de Montmartre (26e division).


 

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13 - L'exil de Eric Montaner

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