1.1 - Jusqu'en 1830 - L'histoire oubliée des Blancs réduits en esclavage "Esclaves chrétiens - Maîtres musulmans"de R.C. DAVIS

III - Histoire et récits - Jusqu'en 1830

Certains furent rendus à leur famille contre une rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères.

Ce qui est frappant concernant les raids esclavagistes barbaresques est leur ampleur et leur portée. Les pirates kidnappaient la plupart de leurs esclaves en interceptant des bateaux  mais ils organisaient aussi d'énormes assauts amphibies qui dépeuplèrent pratiquement des parties de la côte italienne..... C'est seulement vers 1700 que les Italiens purent empêcher les raids terrestres spectaculaires, bien que la piraterie sur les mers continuât sans obstacles.

Certains pirates arabes étaient d'habiles navigateurs de haute mer et terrorisèrent les chrétiens jusqu'à une distance de 1600 kms. Un raid  spectaculaire jusqu'en Islande en 1627 rapporta près de 400 captifs. Nous pensons que l'Angleterre était une redoutable puissance  maritime dès l'époque de Francis Drake mais pendant tout le 17ème siècle les pirates arabes opérèrent librement dans les eaux britanniques, pénétrant même dans l'estuaire de la Tamise pour faire des prises et des raids sur villes côtières. En seulement trois ans, de 1606 à 1609, la marine britannique reconnut avoir perdu pas moins de 466 navires marchands britanniques et écossais du fait des corsaires algériens....

La vie sous le fouet

Les attaques terrestres pouvaient être très fructueuses mais elles étaient plus risquées que les prises en mer. Les navires étaient par conséquent la principale source d'esclaves blancs. A la différence de leurs victimes, les navires corsaires avaient deux moyens de propulsion : les esclaves des galères en plus des voiles. Cela signifiait qu'ils pouvaient avancer à la rame vers un bateau encalminé et l'attaquer quand ils voulaient....

Un navire marchand de bonne taille pouvait porter environ 20 marins en assez bonne santé pour durer quelques années dans les galères et les passagers étaient habituellement bons pour en tirer une rançon. Les nobles et les riches marchands étaient des prises attractives, de même que les Juifs, qui pouvaient généralement rapporter une forte rançon de la part de leurs coreligionnaires. Les hauts dignitaires du clergé étaient aussi précieux parce que le Vatican payait habituellement n'importe quel prix pour les tirer des mains des infidèles

Si les pirates étaient à court d'esclaves pour les galères ils pouvaient mettre certains de leurs captifs au travail immédiatement mais les prisonniers étaient généralement mis dans la cale pour le voyage de retour. Ils étaient entassés, pouvant à peine bouger dans la saleté, la puanteur et la vermine et beaucoup mouraient avant d'atteindre le port.

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Dès l'arrivée en Afrique du Nord c'était la tradition de faire défiler les chrétiens récemment capturés pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures. Au marché des esclaves, les hommes étaient obligés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux et les acheteurs voulaient souvent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes ; les concubines blanches avaient une valeur élevée et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homosexuel florissant. ... Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave.

Le pacha ou le souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-ci étaient presque toujours des hommes et devenaient propriété du gouvernement plutôt que propriété privée. A la différence des esclaves privés qui embarquaient avec leur maître, ils vivaient dans les "bagnos" ou "bains" ainsi que les magasins d'esclaves du pacha  étaient appelés. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves publics  comme une humiliation supplémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine.

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La plupart des esclaves publics passaient le reste de leur vie comme esclaves sur les galères et il est difficile d'imaginer une existence plus misérable. Les hommes étaient en chaînés trois, quatre ou cinq par aviron, leurs chevilles enchaînées ensemble aussi. Les rameurs ne quittaient jamais leurs rames et quand on les laissait dormir  ils dormaient sur leur banc. Les esclaves pouvaient se pousser les uns les autres pour se soulager dans une ouverture de la coque mais ils étaient souvent trop épuisés ou découragés pour bouger et se souillaient là où ils étaient assis. Ils n'avaient aucune protection contre le brûlant soleil méditerranéen et leur maître écorchait leur dos déjà à vif avec l'instrument d'encouragement favori du conducteur d'esclaves, un pénis de bœuf allongé ou "nerf de bœuf". Il n'y avait aucun espoir d'évasion ou de secours ; le travail d'un esclave de galère était de se tuer à la tâche  ... et son maître le jeter par dessus bord au premier signe de maladie grave.

Quand la flotte pirate était au port, les esclaves des galères vivaient dans le bagne et faisaient tout le travail sale, dangereux ou épuisant que le pacha leur ordonnait de faire. C'était habituellement tailler et traîner des pierres, draguer le port, ou les ouvrages pénibles. Les esclaves se trouvant dans la flotte du sultan turc n'avaient même pas ce choix. Ils étaient souvent en mer pendant des mois d'affilée et restaient enchaînés à leurs rames même au port. Leurs bateaux étaient des prisons à vie.

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