11.2 - Témoignage du Commandant de la C.R.S. 182 - communiqué par le Capitaine de Police Jean-Marie SARRE Délégué départemental de l’ Association de Soutien Armée Française -33

VI - Les témoignages - Les militaires, les gendarmes, les policiers

EXTRAIT DU RAPPORT DU COMMANDANT DE LA C.R.S. 182 sur les circonstances de la mort du gardien Louis Pébayle, survenue à Alger le 26 mars 1962.

Je me trouvais seul, en avant du barrage de la CR.S. 182, lorsque vers 14 heures 50 j’entendis très distinctement une série de coups de feu qui éclataient dans un silence épais. C’était m’a-t-il semblé, quatre à six coups tirés par un pistolet à une cadence très régulière, au-delà du barrage de la rue Baudin.

Avant même que cette série de coups ne soient terminée, éclatait une longue rafale de P.M. Cette dernière a déclenché un tir immédiat et nourri des C.R.S. 12 et 147, puis avec un léger temps de retard, celui du personnel de la C.R.S 182. J’ai essayé de voir d’où provenaient les tirs et je n’ai vu que la fumée des points d’impacts des projectiles qui frappaient les immeubles en face de moi. Cette observation n’a duré que quelques instants mais lorsque je me suis retourné, le personnel de la C.R.S. 182 avait dégagé le milieu de la rue de la Gare et s’était abrité derrière des véhicules situés de part et d’autre de la chaussée et dans le garage au-dessous de l’immeuble Maurétania ; il continuait de tirer. Je me suis mis immédiatement en devoir de faire cesser le feu en invitant tout le monde au calme. J’ai été obéi aussitôt par le plus grand nombre.

J’ai alors demandé s’il y avait des blessés et un gardien m’a montré un corps allongé à hauteur d’un panneau « Taxi fin de stationnement » et entre deux automobiles garées à cet endroit (côté gauche en venant de la gare). J’ai retourné le blessé et, malgré les coups de feu et les rafales qui crépitaient encore, le gardien GARNIER m’a aidé à le hisser sur le trottoir. Je suis allé à la V.L. qui m’est affectée et j’ai appelé, mais en vain, pour demander une ambulance. Je suis revenu près du blessé : le brigadier CURUTCHET, qui se trouvait un peu en arrière, m’a indiqué qu’il s’agissait du sous-brigadier PEBAYLE que je ne connaissais pas. Le gardien GARNIER a intercepté une ambulance qui passait devant le Maurétania et le sous-brigadier ABRIDAT a transporté PEBAYLE dans le véhicule de l’hôpital Maillot. Il est décédé en cours de route et a été déposé à la morgue de cet établissement.

Toute l’action n’a duré que quelques minutes. Mes appels radio ne recevant pas de réponse, je suis allé voir le commandant du G.D.I. pour lui rendre compte de ce qui s’était passé.

Revenu à ma compagnie, j’ai appris que PEBAYLE avait été amené, où je l’ai trouvé, par le brigadier-chef BROCHERON et le gardien GANIER et, qu’il était tombé la face en avant et regardant vers le bas de la rue de la Gare. Ils l’avaient relevé à l’entrée de la rue, sur l’emplacement du barrage. Il s’y trouvait en serre-file de la colonne de gauche de la 3ème section et assumait la fonction de grenadier.

Lorsque je me suis retourné, et que je me suis adressé à mes subordonnés, je n’ai pas vu le corps de PEBAYLE qui avait déjà été enlevé. J’en déduis qu’il a été frappé dès les premiers coups de feu. Sa blessure à la tête et l’impact qui a percé la partie arrière de son casque, les déclarations du brigadier-chef BOCHERON permettent d’imaginer qu’il a reçu sa blessure à la tête au moment où il cherchait à se diriger vers un refuge en arrière de sa position. Une autre blessure à une jambe laisse supposer qu’il avait été préalablement atteint alors qu’il faisait face au boulevard Baudin et que cette blessure, ainsi que sa lourde musette de grenades, l’ont empêché de se déplacer aussi vite que ses camarades. J’ai récupéré cette musette de grenades avec le brigadier-chef BOCHERON et le gardien GARNIER à l’endroit où PEBAYLE a dû tomber.

Témoignage communiqué par le Capitaine de Police Jean-Marie SARRE Délégué départemental de l’ Association de Soutien Armée Française -33

Sur le plan ci-dessous le positionnement de la CRS 182 Avenue de la Gare à Alger (coloré en orange)

01

02

 03

 

Retour Sommaire

Informations supplémentaires