5.33 - Une femme et son bébé réfugiés chez Natalys

4 - Témoignage de Suzanne CAZE AVELIN,


ancienne camarade d'école de Simone..., la jeune femme assassinée avec son bébé.

Fille de Paul Caze, bijoutier graveur, 7 rue Dumont d'Urville à Alger, ma famille habitait 6 rue d'Isly et j'ai fait mes études primaires et secondaires à l'externat de l'Assomption, rue Rolland de Bussy.
Ceci pour vous situer le quartier d'Alger où j'ai résidé pendant plus de vingt ans.
Lors de l'abominable 26 mars 1962, je n'étais pas sur le terrain du massacre mais chez mes parents et nous entendions tous le crépitement continu des mitraillettes.

Nous avons appris, par la suite, que parmi les victimes se trouvait une de mes amies d'enfance, également ancienne élève de l'externat de l'Assomption, qui, habitant à la fin de la rue d'Isly, s'est trouvée au centre de la fusillade, avec son bébé de six mois dans les bras.
Il parait que cette jeune femme a voulu s'abriter, avec d'autres personnes, dans un magasin de puériculture dont la vitrine avait été brisée.
Tous ceux qui avaient cru trouver un refuge en ces lieux ont été poursuivis et abattus et au nombre des victimes se trouvait mon amie ainsi que le tout petit enfant dont elle avait pensé sauver la vie en le cachant dans une poussette en exposition.

Je ne sais pas ce que sont devenus les membres survivants de cette malheureuse famille. S'ils ont choisi l'anonymat, il ne m'appartient pas de dévoiler leur identité, mais je puis vous assurer que mon père a gravé les plaques mortuaires à la demande de Pompes funèbres Guye et que j'ai rencontré, au moment, les religieuses de notre ancienne école, bouleversées par cette tuerie dont l'horreur était encore accentuée par le fait qu'il s'agissait d'une personne que nous connaissions et aimions et d'un nourrisson.

Je préfère arrêter là ce témoignage que je vous avais promis car les commentaires déchirants que je pourrais ajouter risqueraient d'altérer la sobriété que je souhaite donner à cet écrit.
Madame Lopez, mère de Jean-Marc, relatait aussi ce tragique épisode de notre martyr dont elle était parfaitement au courant.
32 ans se sont écoulés mais mes yeux se brouillent encore de larmes et je n'ajouterai plus rien.

Pour Francine Dessaigne - Un crime sans assassins.

Suzanne Caze Avelin révèlera par la suite que les corps de cette jeune femme et de son bébé ont été rendus à la famille avec exigence de la plus totale discrétion et  interdiction de relier leurs deux morts à la tuerie du 26 mars.

Le magasin Natalys se trouve à l'angle de la rue d'Isly et de la rue Chanzy

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