2.11 - Hommages et commémorations Alger 26 mars 1962 en 2013

XII - 50 ans après - Lundi 26 mars 1962.

1 - Cérémonie du 26 Mars 2013 à Hyères

2 - Cérémonie pour les victimes du 26 mars, à Toulon

3 - Le Cannet Mandelieu

 

1 - Cérémonie du 26 Mars 2013 à Hyères

Le soleil, ce 26 mars 2013 à Hyères, était au rendez-vous, adoucissant cette journée -souvenir, si sombre et sa chaleur nous permit de mieux nous souvenir de tous nos compatriotes tombés pour rien, tombés pour avoir cru en une Patrie lointaine pour laquelle, à peine quelques années auparavant, ils avaient donné leur sang.

26 mars 1962 : c'est ce jour-là, qu'une foule française a été mitraillée par ses propres soldats : un assassinat collectif sur ordre du sommet de l'État. Cela ne s'était plus produit depuis la Commune de Paris en 1870.

Tout le petit peuple d'Alger, de tous âges, se rend vers Bâb el Oued en une longue manifestation pacifique, arborant les drapeaux de la République, chantant l'hymne national ou bien "Les Africains".

Une cinquantaine de fidèles à ce douloureux souvenir se retrouvèrent au cimetière de la RITORTE autour des associations réunies pour cette commémoration dont les organisatrices :

Usdifra-AC.ptt.Algérie représentées par Roger LANCRY, Le Cercle Algérianiste représenté par Jean-Pierre ROCHE, La Smala’h représentée par Michel BALDINO, l’ADIMAD représentée par Régis GUILLEM.

Messieurs André Vidal du Cercle National des Rapatriés, Francis SCHEIDECKER du Cercle National des Combattants, Marc BAUCHIERE de l’Asaf, Alain AVELIN du Comité VERITAS, Pierre CARIO de l’UNP étaient également présents.

Abderhamane NOUICHI représentant de l’Association des Fils de Harkis, ne put hélas être présent en raison de problème de santé et d’hospitalisation mais il nous fit adresser toute sa sympathie.

Jacques POLITI, Maire de Hyères et son adjoint de Lustrac nous firent l’honneur de leur présence et de leur soutien.

A 9h00, Roger LANCRY ouvrit la cérémonie par une courte allocution et présentation des associations qui déposèrent des gerbes de fleurs. Puis ce fut le Père Laurent Garcia qui évoqua brièvement les évènements et termina par une prière, reprise collectivement.

Puis Régis GUILLEM et Alain AVELIN donnèrent alternativement lecture des noms et des âges de toutes les victimes de cette tuerie du 26 mars 1962 à Alger d'après une liste établie par Simone Gautier.

Régis GUILLEM rappela ensuite la disparition brutale de Claude-Sandra RAYMOND, héroïne de la défense de l’Algérie Française, dont les obsèques avaient eu lieu la veille, exactement 51 ans après son arrestation, jour pour jour, à Oran, avec le Général Edmond JOUHAUD.

Simone GAUTIER, témoin principal du massacre de la rue d’Isly au cours duquel son époux fut abattu, nous fit également l'honneur d’être présente et prit la parole à son tour pour évoquer l'horreur de Bâb el Oued, la nasse dans laquelle nos compatriotes furent enfermés et massacrés, et la véritable chasse aux Pieds Noirs à laquelle se livrèrent gardes mobiles et CRS. Une émouvante et terrible allocution.

Michel BALDINO et Jean-Pierre ROCHE évoquèrent tour à tour certains évènements douloureux.

La dernière prise de parole fut l’intervention d’Alain AVELIN qui relata son entrevue récente avec le Ministre des Rapatriés dont la position indigne à l’égard des Français d’Algérie, toutes confessions confondues, marque bien le mépris du Gouvernement à notre égard.

Le chant des Africains clôtura cet hommage aux morts du 26 mars 1962 à Alger, puis  les officiels rendirent les honneurs aux drapeaux.

Régis GUILLEM

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Vidéos : Alain AVELIN

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 XII - 50 ans après - Lundi 26 mars 1962.

2 - Cérémonie pour les victimes du 26 mars, à Toulon

A 18 heures 30, à Toulon, Porte d'Italie, André VIDAL,  Président de l'association "Cercle National des rapatriés " et ses adhérents se sont recueillis devant la stèle dédiée : "L'Algérie française à ses martyrs".
Après le dépôt des gerbes, la parole est donnée à Simone Gautier pour un rappel de cette terrible et tragique journée et en hommage à ces morts absents aujourd'hui encore de la Nation, aux oubliés de l'État français.

ALGER
Plateau des Glières
26  mars  1962
La tuerie dite de la rue d'Isly - Le grand silence  
Un assassinat collectif sur ordre du sommet de d'État


C'est, ce jour-là, qu'une foule française a été mitraillée par ses propres soldats.
Le 23 mars, 4 jours après les soi-disant accords d'Evian, les forces françaises encerclent le quartier de Bâb el Oued, soupçonné d'abriter des activistes OAS, l'isolent totalement de l'extérieur, en font un ghetto, mitraillent les façades, les terrasses et les balcons, fouillent sans ménagement les habitations, détruisent tout sur leur passage, voitures, vitrines, portes cochères ... violentent les habitants, s'attaquent à des civils sans défense ...  raflent les hommes de 18 à 70 ans pour des camps d'internement. Tous les morts, y compris les enfants, sont à eux.
Le 26 mars, tout le petit peuple d'Alger, chef lieu d'un département français, d'une province française l'Algérie, se rend vers Bâb el Oued en une longue manifestation pacifique. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieux messieurs avec leurs décorations se réunissent pour demander la levée de ce blocus inhumain. Là on est silencieux, là on chante la "Marseillaise" ou les "Africains". Là on séduit les militaires pour passer. Là on est passé. Là c'est le corps à corps avec les militaires.
Mais le piège est déjà en place : une véritable nasse.
La foule arrive sur le Plateau des Glières et s'engouffre rue d'Isly, seule voie rendue possible. Tout autour, toutes les artères sont verrouillées. La nasse fonctionne. Elle se referme.
14 heures 50, les tirailleurs du 4ème RTA ouvrent le feu sur ordre, mitraillent les civils  sans discontinuer, en rechargeant leurs armes. La radio, présente sur les lieux, enregistrera les appels vains et désespérés du lieutenant et de civils hurlant  "halte au feu".
Dans les rues alentours, cette fusillade devient un signal. Une véritable chasse aux Français d'Algérie commence. Les CRS et les gardes mobiles s'acharnent, tirent sur leurs compatriotes sans défense ..... Sur ordre … par vengeance.
Nous ne connaissons pas le nom et le nombre de tous ceux assassinés au Plateau des Glières devant la Grande Poste et tout autour, rue d'Isly, boulevard Pasteur, rue Chanzy, rue Lelluch, boulevard Baudin et plus loin, Place de l'Opéra et aussi aux Facultés, et plus loin encore au Champs de Manœuvres et dans le haut du boulevard du Télémly, et encore une heure encore après la fusillade.
Les militaires, les gendarmes, les CRS occupent les carrefours, les toits, les terrasses, font des barrages. Partout toutes les armes sont approvisionnées et chargées, partout. Les tirailleurs avancent rafales après rafales, arrosent les gisants au P.M. et au F.M., chargeur après chargeur. Ils mitraillent les façades, les intérieurs des appartements aux volets clos, achèvent les mourants à l'intérieur des magasins, les poursuivent à l'intérieur des couloirs des immeubles. Et puis, ils tirent sur les médecins et les pompiers. Ils tirent sur les ambulances, déjà toutes prêtes, déjà là, à attendre les morts et les blessés. C'est une véritable chasse aux pieds noirs, une tuerie, un carnage, auquel se sont livrés les tirailleurs aux gestes obscènes, les gardes mobiles aux ricanements haineux et les CRS qui insultent et matraquent et balayent rue Charras, rue Richelieu, rue Clauzel : lisez les témoignages.
La foule était dense. C'était un cortège de jeunes et de jeunes filles, d'enfants et de vieux messieurs aux médailles d'anciens combattants. Ils avaient des drapeaux, ils chantaient la Marseillaise et les Africains et ils s'effondrent gisants ensanglantés.
Et puis les ambulances et les Dodges des militaires ramassent les morts et vont et viennent et déversent leurs cadavres à l'hôpital Mustapha, à la clinique Lavernhe, à la clinique Solal.
Le bilan est terrible : entre 55 et 80 morts (dont des enfants rendus aux parents sur ordre de se taire) et des centaines de blessés dont certains ne survivront pas et d'autres souffrent encore des séquelles de leurs blessures. Une chape de plomb, 50 années de plomb, couvre toujours cette tragédie. C'est toujours le grand silence, une rupture de la continuité de la vie et de la mort, le deuil impossible. Les cadavres seront regroupés à la morgue de Mustapha puis enterrés à la hâte, sans sacrements, clandestinement, en faisant courir les familles dans les cimetières dispersés de la ville. Il y aura ceux enterrés de nuit à El Halia. L'enquête sera bâclée en quelques jours et les années de plomb commencent.

Leur agonie n'en finit pas.
Rendons leur hommage afin qu'ils ne sombrent jamais dans l'oubli.
C'est aussi pour eux qu'il est indécent de célébrer le 19 mars 

 

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3 - Le Cannet Mandelieu

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