2.1 - "La blessure mortelle de l’Algérie française" - Jean BRUA rédacteur en chef de Nice Matin - 25 mars 1987

XI - Bibliothèque - Investigations - Communications.

LE BOUT DE LA ROUTE

Provocation, piège, « dérapage » monstrueux, le temps a d’autant moins éclairci l’affaire que celle-ci s’est trouvée rapidement occultée par l’effet conjugué du black-out des autorités et le soulagement de l’opinion métropolitaine de voir s’achever l’interminable conflit (le peu de cas que l’histoire officielle fait du drame le montre bien).

Dans les semaines suivantes, il y aura encore beaucoup de victimes et de destructions, entre les feux croisés des « jusqu’auboutistes » de l’O.A.S. et des commandos F.L.N. Mais l’Algérie française, blessée à mort le 26 mars, agonise. Le traumatisme de cette journée a enclenché le processus mental de l’exode : si des troupes réputées fidèles avaient tiré sur eux, que ne devaient craindre les Français d’Algérie des « incontrôlés » que libèrerait bientôt l’explosion de l’indépendance !

Au début du printemps, soupire l’un d’eux, chacun avait l’habitude de regarder la mer en pensant aux premières baignades toutes proches. Mais après le 26 mars, cette année-là, on le découvrait avec d’autres yeux : cette vieille amie nous apparaissait comme le mur hostile contre lequel promettait de nous écraser la marche inexorable des évènements. Partir … Franchir l’obstacle bleu qui nous séparait du salut … Nous étions au bout de la route. Mais dans notre hâte de nous éloigner de ce cauchemar, nous ne savions pas que nous nous condamnions à la nostalgie éternelle …

LE MYSTÈRE DU FM LELLUCH

Évoquée pour la première et pour la dernière fois en justice lors du procès de Bastien-Thiry (l’organisateur de l’attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle), la fusillade de la ue d’Isly a fait l’objet de révélations à sensation sur le rôle mystérieux d’un quatrième fusil-mitrailleur.

Tirant du cinquième étage d’un immeuble de la rue Alfred-Lelluch (une artère en contrebas des axes parallèles Isly-Bugeaud), cette arme prenait en enfilade la rue Chanzy – située sur le même niveau – où de nombreux civils, fuyant les tirs de la rue d’Isly, ont été tués ou blessés.

Selon l’argumentation des avocats de Bastien-Thiry, elle aurait été servie par un supplétif vietnamien, évacué un peu plus tard, dans le plus grand secret, après avoir été atteint par les forces de l’ordre du boulevard Bugeaud, qui se croyaient visées par son tir (témoignage à la barre de deux officiers du 4ème R.T.)

LES BLESSURES : BALLES ET ÉCLATS DE VERRE

Les témoignages de source médicale s’inscrivent en faux contre les versions qui font état de jets de de grenades depuis des balcons ou … des hélicoptères. Toutes les blessures ont été provoquées par balles d’armes légères (9 mm et 7,5 mm) ou, parfois très grièvement (artères et tendons sectionnés), par éclats de vitrines des magasins où des dizaines de personnes avaient cru trouver un abri.

 

ENQUÊTE DE JEAN BRUA Rédacteur en Chef de Nice-Matin Mercredi 25 mars 1987.

 

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