8.8 - Reponse de Nicole GUIRAUD au documentaire d’Yves Boisset sur LA BATAILLE D’ALGER /1957

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Ces années de plomb qui durent depuis1962

Réponses (texte original) au documentaire d’Yves Boisset  sur  LA  BATAILLE  D’ALGER /1957

Diffusé sur Antenne 2, le 11 janvier 2007, à 22h.55 (Infra Rouge)

Le documentaire d’Yves Boisset sur le thème de la Bataille d’Alger en 1957, diffusé sur France 2, le 11 janvier 2007, me parait une œuvre indigne et de mauvaise foi.

Se disant objectif puisqu’il prétend “donner la parole aux deux camps ”(des terroristes poseurs de bombes / des officiers de l’Armée française), il s’en tire à bon compte en écartant les victimes, et n’est en réalité que partisan. Face à cette nouvelle version du culte de la personnalité et de la banalisation du crime, on peut se demander à juste titre si le réalisateur et ses amis des 2 bords de la Méditerranée ne sont pas fascinés par le pouvoir et la violence, au point de justifier l’injustifiable tout en paraissant le condamner…Pourtant, la “soumission au Vainqueur” n’a jamais été bonne conseillère …

Je sais que l’amnistie couvre tous ces crimes et protège tous ces criminels(les).
Je sais que ce film  a été très officiellement soutenu par la nomenklatura du FLN  (Présidence de la République algérienne, Zohra Drif: vice-présidente du Sénat et ex-terroriste  poseuse de bombes).
Je me doute bien que, côté français, les contraintes politico-économiques obligent à certains “compromis” - comme ce film de l‘intermédiaire Y. Boisset, pompeusement intitulé “documentaire”-

Le résultat de ce “compromis”, c’est une œuvre fidèle à la ligne officielle, donc conventionnelle et banale, douteuse sur le plan de la vérité historique.En apparence équilibrée car “montrant les violences des deux côtés”, mais en apparence  seulement puisqu’elle laisse dans l’ombre l’essentiel : La manœuvre de légitimation des actes terroristes du FLN contre des civils innocents, et manœuvre d’intimidation  pour faire taire les témoins gênants de ses exactions.

Ce film n’est qu’un montage politico-médiatique de plus qui, ne pouvant faire l’impasse sur  les règlements de comptes internes du FLN que tout le monde aujourd’hui reconnaît (même les plus orthodoxes de nos “penseurs” pro-FLN), se rabat sur l’horreur de la torture en donnant largement la parole aux officiers de l’Armée française repentants (Bollardière, Teitgen) ainsi qu’à des victimes de la torture.

Curieusement, dans ce film tout le monde a la parole, sauf les victimes du terrorisme urbain  FLN, qui ne sont évoquées que par quelques images abstraites de dégâts matériels et de scènes d’explosion très proprettes (tirées du film tout aussi propret “La Bataille d‘Alger”, de Gillo Pontecorvo), alors que les victimes de la rue de Thèbes d’août 56 ont droit, elles, à de vraies images d’archives INA (on y entend à ce propos la Main Rouge traitée de “fasciste”…: C’est amusant, quand on sait que cette organisation a été, en quelque sorte, le “vénérable ancêtre” de la Barbouzerie gaulliste ….).

On y voit donc étalés tous les poncifs sur la Bataille d’Alger …Ainsi, Yacef Saadi nous confie avec des mines gourmandes et un sourire malicieux : ” BIEN MALGRÉ NOUS, nous sommes des assassins”,  et continue à égrener ses joyeux souvenirs de jeunesse, en faisant passer le message “Ah  la bonne époque…, comme on s’amusait !…”Ce cabotin  roublard et sadique a la fois,  autoproclamé  “chef de la Casbah”,  sert d’introduction  à la brochette de “héros et héroïnes” qui défilent ensuite : Chacun a droit à son tour de piste devant la caméra, tout fiers de pouvoir “témoigner a visage découvert” - c’est-à-dire en toute impunité !- de leurs horribles crimes déguisés en actes de gloire et présentés comme un  “MAL NÉCESSAIRE,  inévitable” et, la fin justifiant les moyens, se présentant eux-mêmes comme des Héros-de-la-Résistance- ne-faisant- que-leur-devoir,  en poussant l’inconscience et l’irresponsabilité  jusqu’à déclarer, pleins d’assurance :“Les victimes civiles, oui c’est triste, mais CÉTAIT NÉCESSAIRE POUR UN EFFET SUFFISANT
Les morts et les blessés seront donc justifiés par “la logique de la  guerre”… Voilà qui a le mérite d’être clair… !
Suit une série de commentaires scandaleux sur leurs hauts-faits de guerre, tous plus écœurants les uns que les autres,  exprimés avec complaisance par ces bourreaux  sans la moindre compassion pour leurs victimes interdites de parole :

- Abdelkader Guerroudj : “Je n’approuve pas, mais je comprends …” (!)
- Jacqueline   Guerroudj : “ Les bombes étaient mal faites, mais très efficaces !”,  et elle s’extasie sur le joli bruit qu’elles faisaient : “C’était la marque JAZ, tic-tac, tic-tac…”. Souvenirs attendrissants de ses jeunes années …
- Daniele Mine,  brave petite fille de cette courageuse famille, récite avec application sa leçon apprise par cœur dès l’âge de 15 ans …- Djamila  Bouazza : “C’était une toute petite bombe, je l‘ai posée sur le guéridon…, c’est tout” (!).C’est tout ??  Demandez donc aux victimes …!
Au fait,  pourquoi ce silence sur Djamila Bouhired (ex-Mme Jacques Verges) et Zohra Drif  (célébrité de la nomenklatura FLN), toutes deux poseuses de bombes du Milk-Bar et d’autres lieux en 1956, ainsi que sur Daniel Timsit, le fabricant des “joujoux” de ces dames (décédé en 2002) …?

- Et l’ami Yacef continue a nous  “expliquer” comment  “le contre-terrorisme précéda le terrorisme” (bien sûr en occultant soigneusement tous les attentats antérieurs du  FLN…!), à nous raconter avec jubilation et force détails comment les  attentats furent “un succès” pour les combattantes poseuses de bombes… :”Ça a marché !” , et poursuit sur sa lancée :

- Les tramways d’Alger, en juin 1957 : “Un carnage… !”-  Puis le casino de la Corniche - un autre carnage - qui arracha des larmes (démagogiques) à ce pauvre Yacef  lorsqu’il alla sur place vérifier les résultats de sa “commande”….      C’est tellement émouvant qu’on pourrait presque y croire … Quelle âme sensible…! Et comme il est humain, ce vieux farceur de terroriste, quand même …
On croit rêver … S’il n’y avait pas tant matière à pleurer, on pourrait rire du grotesque de ces clowns monstrueux… En d’autres temps, en d’autres lieux, ces criminel(le)s “de guerre” auraient à rendre des comptes à leurs victimes pour leurs actes effroyables. Mais nous sommes dans la France d’aujourd hui, royaume d’Ubu,  et tout s’explique alors …

C’est pourtant bien ce vieux cabotin  qui mit en place  le système du  “cycle infernal attentats/ torture” qu’il dénonce aujourd’hui  !
Pour cet “assassin ordinaire” et son équipe de “héros et héroïnes” de pacotille, les victimes civiles ne comptaient pas, n’existaient pas …: Elles ont été DÉSHUMANISÉES.

Aujourd’hui  elles ne sont plus occultées …, elles sont tout simplement “annihilées”, particulièrement par les médias de l’Hexagone. Car  ce qui ne doit pas exister  n’existe pas,  tout simplement.


Les “sages” du  Conseil de l’ONU, “ne considérant  pas les terroristes  comme des salauds”,  étaient-ils bien  informés sur les atrocités perpétrées par ces “salauds” ?? Leur apathie ne fit que renforcer ces derniers dans leur sentiment d’impunité et d’irresponsabilité, et leur permit de poursuivre leurs activités meurtrières jusqu’à la capture de Yacef Saadi en compagnie de  Zohra Drif et la mort d’Ali la Pointe et de son groupe, ce qui signa la fin de la “saga de la Casbah”.
Le succès de l’Armée française fut  aussi selon l’auteur, “un drame moral pour l‘Armée occidentale et chrétienne” en raison des méthodes employées pendant la Bataille d’Alger :   la torture, dont la problé-   matique fut  instrumentalisée par les supporters du  FLN.

La propagande fut  si bien orchestrée  qu’elle fonctionne toujours.
La défaite militaire du FLN ayant été transformée par la magie élyséenne et onusienne en  “victoire politique”, les Grandes Consciences de l’Hexagone dénoncèrent la torture  unilatéralement  et décidèrent, avec un cynisme sans précédent, d’ignorer ouvertement les victimes du terrorisme.

La protestation contre leurs souffrances fut donc étouffée, et sacrifiée à celles des “torturés”  par l’Armée française. Traumatisées à vie, elles furent réduites au silence par le Pouvoir et les médias.
Culpabilisée à mort, l’Armée française le fut également.
Depuis, ces victimes n’ont toujours pas droit à la parole. On ne les tolère que muettes.
Mais quelle différence entre les rescapés des bombes et attentats FLN, mutilés, traumatisés,  invalides à vie (lors des attentats, souvent des enfants), et les victimes des tortures de l’Armée française ?

Les conséquences des attentats ne sont-elles pas, elles aussi une TORTURE physique et morale, et de surcroît permanente ? Ces victimes ne sont-elles pas, elles aussi, des TORTURÉS au même titre que les autres ?
La négation de la responsabilité des bourreaux envers leurs victimes n’est-elle pas une  TORTURE supplémentaire ?
La longue occultation  des victimes du FLN par la nation, malgré le “bonbon” du 5 décembre, n’ajoute-t-elle pas à cette TORTURE morale permanente ?

Et la collaboration des médias dans cette honteuse entreprise de “complot du silence”  protégeant les criminels du FLN,  par ex. en diffusant ce film si complaisant pour eux, ne participe-t-elle pas à cette TORTURE inadmissible envers leurs victimes ?
Et, pour reprendre les déclarations de deux de nos “Grandes Consciences” (Bollardiere et Teitgen), si “le tortionnaire s‘humilie…”, qu’en est-t-il des terroristes et autres poseuses de bombes ?

Ne se sont-ils pas aussi abaissés au plus bas niveau, avilis par leurs actes odieux envers des innocents ?
De cette boite de Pandore sortiront beaucoup de  “tortionnaires qui s‘humilient ”….!
Alors de grâce.., plus de faux-fuyants,  plus de leçons de morale !…
Cessons ces comédies hypocrites, ces mensonges infamants, et retournons à la rigueur des  faits.
Si on condamne la torture de l‘Armée, on doit tout autant condamner le terrorisme du FLN.

Il est regrettable que ce film d’Yves Boisset, à la limite de l’apologie de criminels “de guerre“, n’ait pas eu le courage de le faire jusqu’au bout.
Et si les victimes de tortures ou d’exécutions sommaires ordonnées par l’Armée française sont en droit d’attendre une reconnaissance (ce qui d‘ailleurs est le cas depuis un certain temps déjà), les victimes des attentats perpétrés par les terroristes FLN le sont tout autant !
Car il ne peut y avoir deux poids deux mesures…

La seule différence étant que ces dernières attendent toujours la même reconnaissance, la même sollicitude et la même repentance qu’Yves Boisset et France 2 témoignent envers les bourreaux …
Car c’est bien ce qui se produit dans ce film très orienté, les bourreaux du  FLN  se présentant comme des “Résistants“ (!), les exécutants fidèles d‘une “Cause Juste” (!),  des  “icônes de la Révolution” adulées, sanctifiées, intouchables, et surtout - malgré les simagrées grotesques de Y. Saadi - incapables de la moindre compassion envers leurs victimes, car trop confortablement installées dans leur auto- satisfaction, et nulle part confrontées aux  conséquences réelles de leurs “œuvres” …!

Il est donc bien évident que dans ces conditions il ne faudra pas attendre, ni de la part des victimes du FLN ni de ceux qui les soutiennent, une quelconque “Repentance” quant à la période française en Algérie. Il ne pourra jamais être question d’une Repentance UNILATÉRALE.

Et ce n’est pas Yves Boisset et Yacef Saadi, tout fiers d’annoncer que “La Bataille d‘Alger” de Gillo Pontecorvo a été visionné par le Pentagone (!), qui y changeront quelque chose …
Car pour atteindre un véritable apaisement, il faudrait d’abord que les tueurs du FLN/ALN et ceux qui les aidèrent puissent se libérer de leur auto complaisance et de leur négationnisme,   et qu’ils fassent repentance auprès des victimes sacrifiées sur l’autel de leur “Révolution”,  en reconnaissant qu‘elles aussi sont des torturés a vie !

Il faudrait également que les médias français cessent de leur côté, de perpétuer cette  TORTURE en refusant dorénavant de diffuser des films aussi complaisants envers des terroristes.
Il faudrait enfin cesser d’intervertir les faits et de mélanger les causes et les effets …!.

Ce serait cela, le vrai “courage des héros”.
Au vu de ce documentaire, nous en sommes loin encore,  hélas…
Car j’ai eu honte devant ce film pervers et manichéen.
Pas pour moi, ni pour les autres victimes du  FLN …

- Mais j’ai eu honte  pour ces terroristes irresponsables, qui n’ont toujours rien compris aux conséquences et aux implications de leurs actes.
- J’ai eu honte  pour le réalisateur Yves Boisset qui, se faisant le complice de leur narcissisme en leur rendant un hommage appuyé sans aucun scrupule ni aucune distance, à totalement compromis le but de son enquête : “COMPRENDRE …”
- J’ai eu honte pour les programmateurs de France 2 qui, en diffusant le film sans commentaires et sans débats, ont permis ce nouveau dérapage dans la voie de la déshumanisation des victimes du FLN.
- Et enfin, j’ai eu honte pour ces Français qui démissionnent face à leurs anciens “Vainqueurs” et ainsi déshonorent les victimes, leurs propres enfants .


Nicole Guiraud
Francfort sur Main,
Janvier 2007.

Nicole GUIRAUD
13 rue Farges
34 000 Montpellier

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fax + téléphone 67 64 03 90                                       
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Copies à : Mr. Le Médiateur de France 2 / Alain Le Garrec
Associations des Victimes du F.L.N., de Pieds-noirs et de Harkis
Anciens de la Bataille d’Alger / U.N.P.
4 S.O.S. ATTENTATS / S.O.S. - TERRORISME

Monsieur le Président,

Je vous écris en tant que victime du F.L.N. (voir photo ci-dessous), indignée comme tant d’autres victimes de ce terrorisme que l’on n’a pas cessé d’ignorer, de bafouer et de culpabiliser pendant des décennies.

Plusieurs personnes autour de moi, elles aussi victimes des terroristes du F.L.N. et payant leur redevance, n’ont pas trouvé la force de regarder ce « documentaire » très ambigu sur France 2, qui présente nos bourreaux d’une manière qui frise l’apologie de crimes terroristes : « Bataille d’Alger » d’Yves BOISSET, diffusé le jeudi 11 janvier, sans commentaires et sans débats, sans donner la parole aux victimes (traumatisées doublement par cet « oubli ») et à leur familles.

Au nom de  toutes les victimes muettes du terrorisme F.L.N., je vous demanderais, Monsieur le Président, de veiller à ce que les programmes de la télévision française soient plus équilibrés à l’avenir, en donnant aussi la parole aux victimes du F.L.N.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.

Photos de deux petites victimes du MILK-BAR / 30 septembre 1956.

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Nicole GUIRAUD Congrès VERITAS à NICE en 2008

 

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