1.6 - Le 5 juillet à ORAN - Les témoignages

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


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- Témoignage de  Dominique COUDY,  Reporter pour CARREFOUR le 18 Juillet 1962

« J’ai vécu les heures atroces d’Oran quand les français se faisaient massacrer par les fellagas ».

Plusieurs centaines de jeunes musulmans devenaient les maîtres de la rue, préparaient une guérilla dont, plus tard, ils rejetteront la responsabilité sur ceux qui en furent les premières victimes.

A quelques mètres des manifestants qui dansaient sur les toits des autobus, un coup de feu déchire l’air. Un musulman tombe blessé. Les armes sont sorties. Les Européens n’ont pas besoin d’explication. Ils ont compris que leur place n’est plus dans la rue. Ils prennent la fuite.

Les jeunes musulmans « blousons noirs » les rattrapent, les fouillent, les font avancer les mains sur la tête ou en l’air. Sur un simple soupçon, sur un geste maladroit, on tire et on tue.

D’autres sont emmenés, prisonniers, au Commissariat Central. De là, on les dirige vers la ville nouvelle. C’est la vengeance à froid. Aveugle.

Parfois des prisonniers passent devant une caserne encore française. Les militaires regardent passer sans lever le petit doigt. Ils devinent pourtant ce qui va se dérouler.

Ces compatriotes humiliés, injuriés, qu’on promène les mains en l’air, ne vont pas boire le thé à la menthe. Ils marchent au supplice, c’est évident. Mais côté militaire, il n’y a pas la moindre petite velléité d’intervention.

Il y a des civils qui ont été condamnés pour non assistance à personne en danger de mort, avec moins de preuves accablantes ! On tiendra à souligner, quelques jours plus tard, que c’est, seulement en état de l légitime défense que l’Armée française à ouvert le feu, le 5 juillet.

Cette journée n’en finit pas. Pendant que la fusillade atteint son paroxysme dans les quartiers européens, en ville musulmane, les Européens prisonniers sont éventrés, égorgés, décapités, torturés.

Un reporter de la télévision américaine, fait prisonnier, lui aussi, est enfermé quatre heures dans une annexe de la mosquée. Il voit par la petite fenêtre, les corps entassés sur une camionnette. Il ne songe qu’à fuir. Son camarade arrêté en même temps que lui,  est mort de peur, il l’empêche de sortir : « Nous sommes en sécurité ici, si tu sors, je t’assomme… ».

Un autre caméraman, bien connu pour son courage qui frise l’inconscience, se promène, à pied, au milieu des émeutiers, le torse  bardé d’appareils et le drapeau de son pays autour du cou.

Un manifestant approche de lui et lui demande à être filmé devant son trophée, la tête d’un européen. Le journaliste, dégoûté,  refuse et tourne les talons, se dirigeant vers d’autres atrocités.

Dominique COUTY
Reporters pour Carrefour N° 931 – 18 Juillet 1962

Source : documents officiels: Jean-François PAYA- Historien

Petit Lac à ORAN

 

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