2.6 - La tragédie : reportage de Paris-Match

IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.

Les dix minutes sanglantes de la rue d’Isly.

Page 54 : Alger - La Poste - Rue d’Isly - 26 mars

14 h 50 - C’est le drame. Les balles du service d’ordre sifflent dans toutes les directions. D’un seul mouvement, tous les manifestants, qui ne s’attendaient pas à la soudaineté de cette riposte, se plaquent à terre.

Page 57 : - Le lieutenant les avait suppliés. Personne ne sait encore que le drame va éclater. Drapeaux en tête, 3.000 manifestants (en haut), qui voulaient rejoindre Bab el Oued bouclé, s’arrêtent à l’entrée de la rue d’Isly devant une section de tirailleurs algériens. Le lieutenant (ci-dessus en képi) les adjure : "N’avancez pas. Nous avons ordre de tirer." L’instant est dramatique, les nerfs surtendus.


Page 59 : - Des photos faites au mépris du danger.. Contourné par la foule, le barrage des tirailleurs se défait puis se reforme. A ce moment des coups de feu éclatent et tout aussitôt c’est la fusillade, terrifiante. La panique s’empare des manifestants. Hommes et femmes se réfugient sous le porche de l’entrée principale de la Poste (en haut, à gauche) ou se plaquent au sol. Sur le macadam, une étoile humaine : instinctivement, pour se protéger, neuf Algérois se sont jetés à terre visage contre visage.


Page 60 : - Ils s’étaient couchés. Mais tous ne se sont pas relevés. Lorsque la panique cessa, les passants hébétés se relevèrent et eurent sous les yeux un spectacle atroce : la rue était jonchée de corps. On les tirait hâtivement sous les portes cochères. Au coin de la rue d’Isly et de la rue de Chanzy (notre photo), une vielle femme et sa fille étaient tombées l’une contre l’autre. On emmena 46 corps par camions à l’hôpital Mustapha. Il y avait aussi près de deux cents blessés, dont plusieurs, peu après, devaient succomber.


Page 68 : - 3. - L’équipe de Paris Match est divisée en deux groupes : le premier se trouve à l’angle de la rue d’Isly et du boulevard Pasteur. Il est 14 heures 20. Malgré l’interdiction de la manifestation, trois mille personnes qui ont réussi à se rassembler Plateau des Glières, se heurte à un barrage rue d’Isly : 15 tirailleurs musulmans, commandés par un lieutenant européen : un jeune homme très grand, très beau. Son képi a la couleur du sable, ses yeux celle du ciel. - "n’avancez pas mes hommes ont l’ordre de tirer. - Vous n’allez tout de même pas tirer sur nous dit un manifestant. Un soldat musulman terrifié crie : nous tirerons, je vous dis, nous tirerons... Boulevard Pasteur qui débouche rue d’Isly, un trop-plein de manifestants prend en courant les militaires à revers. Les 15 musulmans, leur chef, le radio européen sont débordés. On entend le claquement de culasses qu’on arme. Dix minutes plus tard, au même endroit des coups de feu éclatent. C’est le premier barrage traversé par les manifestants qui tire sur la fin du cortège. Les manifestants qui ont vu les armes automatiques pointés sur eux refluent en courant. je les vois tomber comme des cartes balayées par le vent. ........... Chez Claverie, spécialiste de frivolités, plusieurs personnes qui cherchaient un refuge ont trouvé la mort. Dans l’étalage bouleversé, trois corps entassés : celui du dessus est un mannequin. Ici l’horreur est surréaliste.

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N.B.: Les photographies extraites de Paris Match ne suivent pas l’ordre chronologique du drame mais l’ordre des pages de la publication.

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