2.2 - Le tract du Colonel Vaudrey dans la matinée du 26 mars1962

IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.

1 - Tract du colonel Vaudrey distribué dans la matinée du 26 mars 1962, publié dans « Un crime sans assassins » de Francine Dessaigne - page 53
 - Tract distribué dans la matinée du 26 mars 1962 - Source et diffusion Jeune Pied-Noir

2 - "Jean-Claude Perez parle" . Un DVD réalisé par Olivier Cazeaux -  animateur du blog mauvaise graine -  le 3 octobre 2012

3 -  Le colonel Roland Vaudrey et Jacques Achard, responsable du secteur de Bab el oued  - page 366 - Francine Dessaigne

4 - Gilles Mermoz journaliste qui a séjourné à Alger de 1959 à 1962 - page 367 - Francine Dessaigne

5 - Jean-Jacques Susini nous a accordé un entretien - page 368 - Francine Dessaigne

 

1 - Le tract du colonel Vaudrey distribué dans la matinée du 26 mars 1962

Copie de l'original 

 

ORGANISATION ARMÉE SECRÈTE

ZONE ALGER SAHEL     26.3.62 T.Z. 109

 

HALTE A L’ETRANGLEMENT DE BAB EL OUED

Une opération monstrueuse, sans précédent dans l’histoire, est engagée depuis trois jours contre nos concitoyens de Bab el Oued, on affame 50.000 hommes, femmes, enfants, vieillards, encerclés dans,un immense ghetto, pour obtenir d’eux par la force, par la famine, par l’épidémie, par "tous les moyens", ce que le Pouvoir n’a jamais pu obtenir autrement : l’approbation de la politique de trahison qui lie notre pays aux égorgeurs du FLN qui ont tué 20.000 soldats français en sept ans.


La population d'Alger ne peut rester indifférente; laisser se perpétrer ce génocide. Déjà un grand élan de solidarité s'est manifesté spontanément par des collectes de vivres frais.


.IL FAUT ALLER PLUS LOIN: En une manifestation de masse, pacifique et unanime, tous les habitants de Maison-Carrée, Hussein-Dey, El Biar, rejoindront ce lundi à partir de 15 heures, ceux du centre, pour gagner ensemble et en cortège, drapeaux en tête, sans aucun arme, sans cri, par les grandes artères, le périmètre du bouclage de Bab el Oued.


NON LES ALGEROIS NE LAISSERONT PAS MOURIR DE FAIM LES ENFANTS DE BAB EL OUED. ILS S'OPPOSERONT JUSQU'AU BOUT A L'OPPRESSION SANGUINE DU POUVOIR FASCISTE.


Il va de soi que la grève sera générale à partir de 14 heures.

 

Photocopie de l'original :

 

 

Tract distribué dans la matinée du 26 mars 1962 - Source et diffusion Jeune Pied-Noir

 

N.B. La plus grande partie du rassemblement s'est bien faite au plateau des Glières et il y a eu aussi un départ du square Bresson, compte tenu du verrouillage des artères de la ville par les forces de l'ordre.S.G.

 


IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.  

2 - "Jean-Claude Perez parle"  : un DVD réalisé par Olivier Cazeaux, animateur du blog  mauvaisegraine.rmc.fr  le 3 octobre 2012

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Pour voir la vidéo, cliquez : ICI

Vidéo de 53 minutes, première vidéo d'une série de trois consacrées à "Algérie-Vérité".

Perez

Jean-Claude Perez précise (minutes 7 à 13 ) quelle a été la responsabilité du colonel Vaudrey dans la diffusion du tract et la prise de décision des chefs de l'OAS de ne pas participer à cette manifestation et de ne pas le faire savoir -  ce qui aurait été désavouer l'un des leurs, d'une part, et d'autre part, faire courir des risques graves à l'affaire de l'Ouarsenis. L'affaire de l'Ouarsenis et du FLN était le gros chantier de l'OAS à ce moment-là, qui se solda au final par un échec .


IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.

3 -  Le colonel Roland Vaudrey et Jacques Achard, responsable du secteur de Bab el oued  - page 366 - Francine Dessaigne

 

Francine Dessaigne écrit - page 366

... tous les auteurs s'accordent à faire porter au colonel Vaudrey et à Jacques Achard la responsabilité du tract qui mit la foule dans les rues ...  Il semble maintenant reconnu que le général Salan n’était pas au courant de cette initiative (de la manifestation) pas plus que les autres responsables OAS d’Alger. Cet excès de zèle est le propre des mouvements clandestins et nous rappelle la réflexion du général Jouhaud à propos de la transmission des directives quand les chefs sont "dépassés par des subordonnés trop ardents".            

 

Le colonel Roland Vaudrey (1912-1965) en métropole au moment du putsch, avait été arrêté pour participation à ce qui fut appelé "le complot de Paris"" qui avait semé la crainte dans certains milieux politiques de la capitale. Emprisonné, condamné à 10 ans de réclusion, il s’était évadé avec l’aide d’un envoyé du colonel Lacheroy et avait rallié Alger en octobre 1961. Le colonel Godard prenant d’autres responsabilités lui avait laissé son commandement dans la ville.

Vaudrey et Godard ne se ressemblaient pas. Godard trouvait que son ancien adjoint à la Sûreté nationale en Algérie avait beaucoup changé. Ce n’était plus le Vaudrey froid et lucide qu’il avait connu. Le Vaudrey arrivé à Alger trois semaines auparavant était un colonel hargneux, emporté par sa haine de De Gaulle plus que par son désir de sauver l’Algérie. Il en était venu à mépriser tout le monde.: la France, ses anciens collègues officiers qui n'avaient pas "marché" pendant le putsch, aussi bien que ceux qui s'étaient dégonflés au dernier moment, laissant Challe tout abandonner  et condamnant ainsi les autres à la prison ou à la clandestinité. Oui, tout le monde .. Ne pourrait-on pas y déceler aussi les premières traces du cancer qui l'emportera trois ans plus tard, en Belgique où il s'est exilé en 1962 pour échapper aux poursuites.  

ColonelVAUDREY

Roland VAUDREY

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Alger 1959...

Le colonel Roland VAUDREY vient de mourir en exil à Bruxelles (Février 1965). Il était commandeur de la Légion d'Honneur. Dix sept citations avaient récompensé son courage de Soldat. Le soldat de France et d'Indochine.

Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1939-1945
Croix de Guerre T.O.E. (Indochine), Croix de la Voleur militaire
Croix de guerre vietnamienne, 17 citations à l'Ordre de l'Armée

 

 

Jacques Achard (1927 - 1984) était responsable du secteur de Bab el oued et avait trouvé un refuge discret dans la Bassetta. Pendant la guerre d'Indochine, faite à la tête d'un groupe de partisans pro-français, il avait voué une grande admiration au général Salan, qu'il rejoint en Espagne en 1960. Entre-temps, il avait occupé plusieurs postes administratifs en Algérie, dont celui de préfet. Buchard en trace un portrait où nous relevons :"A Bab el oued ce petit homme aux cheveux bruns et au nez pointu passait pour un dur"  ...Il était rapidement devenu indispensable à l'Organisation. C'était peut-être un officier qui avait su garder le plus de contacts avec ses collègues encore en activité.... Le plaisir d'Achard avait été de tous temps d'agiter des pions sur un échiquier. Il avait le goût du complot et du règlement de comptes".

La transformation de Bab el Oued en "fort Chabrol" lui était une obsession qui finit de la manière désastreuse que l'on sait. En 1962, il réussit à s'échapper et, par la Belgique puis l'Espagne, échoua au Mexique. Il revint en France trois ans après l'armistice total de 1968.

 

ACHARD

 

 


IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.

4 - Gilles Mermoz journaliste qui a séjourné à Alger de 1959 à 1962 - page 367 - Francine Dessaigne

Gilles Mermoz, journaliste qui a séjourné à Alger de 1959 à 1962, et bien connu des milieux “dits activistes”, donne une autre version à propos de ce tract. Il émet des doutes sur ce qu’il qualifie de "thèse administrative". En fait, la décision fut arrachée au colonel Vaudrey, par des subordonnés qui lui forcèrent la main et organisèrent la manifestation. L’un d’eux mourut cette année-là. Dans un accident, suppose-t-on. L’autre a "réussi" dans la vie. Dans des circonstances particulières il me confia à Alger : "Si nos compagnons savaient que j’ai été l’un des deux instigateurs de la manifestation de la rue d’Isly, ils me lyncheraient" (Rivarol - 13/10/1973). Il ne cite pas les noms et ajoute à propos de ce qu'il nomme "La commercialisation de l'histoire de l'OAS" par Yves Courrière dans son ouvrage et dans la série d'Historia-Magazine", une remarque intéressante: " Courrière soutient que dix ans de recul suffisent pour écrire l'histoire, quelle naïveté!" De nombreux témoins essentiels se taisent, d'autres ne songent qu'à raconter des histoires. Bien des complices des activistes à Alger étaient au service de l’État. Ils furent rarement identifiés. Francine Dessaigne ajoute : " Il ne nous a pas été possible de rencontrer Gilles Mermoz, nous le regrettons très vivement."

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 IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Lundi 26 mars 1962 à Alger.

5 - Jean-Jacques Susini nous a accordé un entretien - page 368 - Francine Dessaigne

Jean-Jacques Susini nous a accordé un entretien: "j'étais hostile aux manifestations de rue car je savais que cela se terminerait mal. C'est une initiative de chez Vaudrey. Je l'ai appris, comme tout le monde, en fin de matinée par le tract. J'étais responsable de l'Organisation pour la région d'Alger. J'étais très irrité qu'on ne m'ait pas demandé mon avis. J'ai immédiatement écarté Vaudrey. Nous lui parlons du "guet-apens" OAS et des tireurs embusqués. Aucun piège n'a été prévu, au contraire, les consignes étaient "pas de provocation", que nous avons fait circuler dès que nous l'avons su. Mais il y avait les barbouzes. D'ailleurs s'il y avait eu un vrai commando d'autant de tireurs, bon nombre de soldats auraient été tués. 

En mars 1962 il est reconnu  que les véritables chefs de l'OAS à Alger étaient Susini, Achard, Perez, le lieutenant Degueldre, le colonel Vaudrey. Le colonel Gardes s'occupait de l'implantation de maquis dans le bled. Le lieutenant Degueldre a été fusillé au Fort d'Ivry le 5 juillet 1962.

jean jacques susini

ACHARD1 
Jacques ACHARD

Perez

Degueldre

ColonelVAUDREY
Colonel Roland Vaudrey


 GARDES

Organisation pour l'Algérie

État-Major
Général Raoul Salan
Général Edmond Jouhaud
Colonel Yves Godard
Jean-Jacques Susini
Docteur Jean-Claude Perez

Algérois
Général Paul Gardy (Adjoint Colonel Yves Godard)
OM Organisation des Masses (Colonel Jean Gardes, Adjoint Michel Leroy), chargée du recrutement.
BF Bureau des Finances (Charles, Rambaud)
S1 Section Ressources (Medeu, Armstrong, Trouard, Duriff)
S2 Section Budget (Michel, Rameau)
S3 Section Social (Anciso, Verneuil)
Commandos Z (zonaux) : (Jean Sarradet, lieutenant Pierre Delhomme)
Grand-Alger (Colonel Roland Vaudrey)
APP Action Psychologique et Propagande (Jean-Jacques Susini, Adjoint Georges Ras), chargée de conquérir les faveurs de la population.
DL Diffusion-Liaison
AP Agitation-Propagande
ORO Organisation Renseignement Opération (Jean-Claude Perez, Secrétaire général-Adjoint Capitaine Gérard Dufour), chargé de préparer les opérations à une éventuelle prise de pouvoir65.
BCR Bureau Central de Renseignement (Jean Lalanne), chargé de la collecte de l'ensemble des informations.
Commandos Alpha (Jacques Achard)
BAO Bureau d'Action Opérationnelle (Lieutenant Roger Degueldre, Adjoint Lieutenant Pierre Delhomme66), chargé de l'exécution des opérations.
Commandos Delta (Lieutenant Roger Degueldre)
Delta 1 (Sergent Albert Dovecar)
Delta 2 (Sergent Wilfried Schliederman)
Delta 3 (Jean-Pierre Ramos)
Delta 4 (Lieutenant Jean-Loup Blanchy)
Delta 5 (Josué Giner, dit « Jésus de Bab-el-Oued »)
Delta 6 (Gabriel Anglade, dit « Gaby l'argenté »)
Delta 7 (Jacques Sintes, dit « Jackie »)
Delta 9 (Joseph Rizza, dit « Nani »)
Delta 10 (Joseph-Edouard Slamadeski, dit « Doux-doux »)
Delta 11 (Paul Mancilla, dit « Paulo longs cheveux »)
Delta 14
Delta 15 (Claude Peintre)
Delta 20 (Maurice Stimbre)
Delta 23
Delta 24 (Adjudant Chef Georges Coumes (Marcel Ligier), dit « Marcel bazooka »)
Delta 30
Delta 33 (Jacques Bixio)
Secteurs (« Soviet des capitaines »)
Alger-Centre (Capitaine Guy Branca)
El Biar (Lieutenant Olivier Picot d'Assignies)
Hussein-Dey (Capitaine Pierre Montagnon)
Maison-Carrée (Capitaine Philippe Le Pivain)67
Orléans-Marine (Jacques Achard)
Guyotville (« Nicolas »)

 

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