7.7 - OAS. Témoignages

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

4 - Témoignage de Maurice JUIF pour Antoine ESPOSITO - " Entassés à 7 dans cette petite cage de fer à l'école de police d'Hussein Dey" - ADIMAD

"Tombé dans une embuscade tendue par les gardes mobiles, à l'aide d'half-tracks, j'ai été transféré avec Doumé Giacomoni et Caumas dans une cage en fer de 3x3 mètres à l'Ecole de police d'Hussein-Dey où se trouvait déjà Hans Muller, caporal au 2ème R.E.P., Jacky Perez, parent du Docteur, Fanfan Leca et Esposito, cafetier à Belcourt.

Entassés à 7 dans cette petite cage en fer de 3x3m à l'école de police d'Hussein Dey, gardés par des gardes mobiles fébriles et revanchards, nous injuriant à longueur de jour, Esposito ,n'a pu résister plus longtemps et il a tenté de s'évader. Un matin, en revenant des toilette, escorté par deux G.M., il a brusquement saisi un balai et a violemment attaqué un G.M., le blessant gravement à la main et pensant peut-être lui prendre sa Mat 49.

Aussitôt et sans sommations, le second G.M. ouvrit un feu nourri au P.M., par rafale à bout portant, sur le malheureux Esposito qui, face à la puissance de feu, recula et vint s'écrouler dans la cage au milieu de nous, plaqué au sol, la joue à même le béton. Un vrai miracle que personne d'entre nous n'ait été atteint et ce, malgré les ricochets qui sifflaient  contre les structures métalliques.

A l'arrêt du feu, nous tenant en joue, jambes écartées en position de tir, l'assassin excité eut le culot d'enchaîner :"le premier d'entre vous qui bouge, je lui envoie la purée". Ce jour-là, nous avons vécu des moments atroces. Cette scène horrible restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Atteint de nombreuses balles à la poitrine et au ventre, le pauvre Esposito râlait et gisait dans une mare de sang qui nous empêchait de bouger dans cette cage exigüe. Son agonie dura près d'un quart d'heure alors, que debout, nous réclamions haut et fort des secours et un transfert vers un hôpital.

Transpercé, ensanglanté, il mourut à nos pieds. Et pourtant un médecin militaire accompagné d'un infirmier soignèrent le G.M. blessé mais refusèrent de s'intéresser à notre camarade prétextant qu'il n'y avait plus rien à faire. Pis encore, afin de nous choquer un peu plus et de nous humilier, ils ont laissé le corps baignant dans son sang pendant plusieurs heures dans la cage. Ces salauds ont même tenté de nous servir le repas de midi avec le corps gisant au milieu de nous. Jamais je n'oublierai ces scènes effroyables. Quant à moi, quelques jours plus tard, interrogé et frappé durement par les policiers de la brigade antigang venus de Marseille, j'ai passé deux jours dans un état semi-comateux

Maurice JUIF
01 47 63 97 38

Sources :
Hervé Cuesta : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
ADIMAD : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
ALGERIE FRANCAISE :  ICI

 

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