6.11 - Terrorisme - Témoignages

III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

1 - Témoignage de Sylviane Léger pour Francis Jacquinot, retrouvé mort,  vidé de son sang, sur un tas d'ordures - Teyran  Hérault - 2010

2 - Témoignage de Jean-Pierre ROCHE Hyères Var - Extrait de :" Qui sont les nazis ?" Lettre adressée aux députés de la Région PACA

3 - Témoignage d'Hervé CUESTA pour Pierrette DONATO - 2008 : "attentat au Casino de la Corniche - Saint Eugène  juin 1957"

4 - Témoignage de Patrick CUESTA   - 24 octobre  2004 recueilli par Hervé Cuesta 

5 - Paul et Henri COUTURIER 14 et 18 ans : pour finir torturés, atrocement mutilés... 19 mars 1962 ... complicité ... un crime d'Etat français   par André TROISE  Béziers  2005

6 - Après 43 ans de silence : "Nous avons subis les uns après les autres des sévices graves"  - Source Jeune Pied Noir - 10 mars 2005 

7 - Témoignage du Général Maurice SCHMITT, Chef d’État Major des armées - 1987-1991 paru dans etudescoloniales.canalblog.com  janvier 2013

8 - Témoignage d'Alain Sanders pour Sœur Pierre FOURNIER  -  Article extrait du n° 7738 de Présent du Mercredi 28 novembre 2012. Pas de repentance pour elle ?

9 - Le calvaire d'un soldat du contingent fait prisonnier par l'A.L.N.  1957

10 - Un terrorisme d’État - Plainte auprès du Préfet de Police d'Alger  - Alger 21 mars 1962 par L'Union interprofessionnelle et intersyndicale de l’Énergie et des Transports

11- Noël 24 décembre 1956 - 19 heures - Mitraillage au Bar Gandillot - Bab el Oued - Témoignage d'Hervé Cuesta - 1er novembre 2011 

12- Attentat meurtrier au bar Otomatic  (le bar des étudiants) rue Michelet le 24 janvier 1957 Témoignage de Michèle HERVE

 

 1 - Témoignage de Sylviane Léger pour Francis Jacquinot, retrouvé mort,  vidé de son sang, sur un tas d'ordures - Teyran  Hérault - 2010

2010 - Sylviane LÉGER  - 34820 Teyran -  me communique  :

"La mort horrible de Francis JACQUINOT, son voisin et ami, dont elle connaissait bien la famille. Il était âgé de 18 ans et se rendait pour la dernière fois à son travail, près de la Place du Gouvernement, car il venait d’obtenir une mutation pour la nouvelle Poste de Kouba. Il n’est jamais rentré.

On l’a retrouvé mort deux ou trois jours après, vidé de son sang, sur un tas d’ordures à Fontaine Fraîche." « Nous l’avons accompagné à sa dernière demeure ». Des milliers, je dis bien des milliers de Français d’Algérie, disparurent en quelques mois... Pour les responsables de l’ordre ces enlèvements n’existaient pas car ils ne devaient pas exister, cela aurait gêné le Gouvernement. Aucune mesure de sécurité, aucune intervention n’était donc utile.

Parmi les gouvernements qui se succédèrent par la suite en France, aucun n’exigea la restitution des victimes survivantes, ni celles des soldats prisonniers que, par les accords d’Evian, le FLN s’était engagé à libérer. On ne se donna même pas la peine de les réclamer officiellement. Presque unanimes les médias se refusèrent constamment à évoquer ce sujet gênant.

Voir aussi : ICI

 

Ain Taya Chemin allant a la Fontaine Fraiche

 

Francis Jacquinot habitait Alger et son corps a été retrouvé à Fontaine Fraiche, village près de Blida, ville distante de 30 kilomètres environ d'Alger (S. Gautier) 


III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

2 - Témoignage de Jean-Pierre ROCHE Hyères Var - Extrait de :" Qui sont les nazis ?" Lettre adressée aux députés de la Région PACA

*En 1954 à Sétif - « Madame Bovo violée, tuée, par coup de feu et de boussaadis, mutilée aux seins et au ventre ».

* Sur la route d’El Ouricia - « l’abbé Navarro, tué, éventré, ses intestins étaient enroulés sur un bâton avec son chapelet ».

* A Kerrata – « Cécile Trabaud, violée en présence de ses enfants, tuée, parties sexuelles de son mari dans sa bouche. »

* Monsieur Albert Denier, membre du parti communiste « les mains coupées à coup de hache » (photo disponible).

En mai 1945 le chef du gouvernement était De Gaulle. Voici un extrait du télégramme qu’il a adressé au gouverneur Chataigneau « Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tous agissements anti-français d’une minorité d’agitateurs.

1954 - 1962
D’innombrables photos et témoignages des atrocités commises par le FLN. Rappelons seulement que le FLN a tué plus de musulmans que les forces françaises.Un fait occulté : pendant la guerre d’Algérie environ 600 militaires français ont été faits prisonniers par le FLN dont plus de 100 après les accord d’Evian. Rescapés connus 82 soit moins de 14 % … (listes disponibles)

Parmi ces prisonniers quelques cas remarquables.

* Prisonniers jugés par l’ALN et fusillés en Tunisie le 30 avril 1958 (corps disparus …) Feuillebois Jacques, Richome Robert, Ducourtreix René...

* Le capitaine Raymond Bouchemal, chef de la SAS de Tessala, tombe dans une embuscade le 5 juin 1958. Après avoir été torturé quotidiennement durant près d’un mois a été pendu par les pieds à un arbre, mains liées derrière le dos. Détaché, atrocement mutilé, a été enterré à Arrès dans un endroit encore inconnu.

* Le lieutenant Dubos Olivier, prisonnier le 4 février 1958 a été fusillé.

Et les autres comment sont-ils morts ? Où sont leurs corps que les familles réclament depuis plus de quarante ans ?

Année 1962
En Juillet : massacre des européens à Oran.
Les troupes françaises sont consignées sue ordre du général KATZ. Enlèvements d’Européens (plus de 3000 selon le Ministère français des Affaires Etrangères ce qui représenterait 150.000 personnes à l’échelle de la France). La plupart ont été torturés avant d’être exécutés et jetés dans les charniers. Les parents attendent les corps …Les Harkis
Combien ont été tués ? Entre 70.000 et 100.000. Ils ont été suppliciés, « les supplices précédent la mort n’ont pour limites que l’imagination des tortionnaires. On leur fait boire de l’essence et on y met le feu … on dépèce à la tenaille, on arrache les yeux. Des hommes sont obligés d’assister au viol collectif de leurs femmes ou de leurs enfants. Tous sont ensuite tués à coup de bâtons, de pioche, parfois brûlés ou égorgés.
(cité par Mohand Hamoumou in « Et ils sont devenus harkis »).

Les cimetières français chrétiens et juifs.
Ils ont été profanés, violés, vandalisés (documents disponibles)

 

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III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

3 - Témoignage d'Hervé CUESTA pour Pierrette DONATO - 2008 : "attentat au Casino de la Corniche - Saint Eugène  juin 1957"

recueilli par Hervé CUESTA : La Roquette sur Siagne 06550  pour le joindre Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

"Ma voisine Pierrette DONATO avait 19 ans ce jour-là, le 21 juin 1957. Elle a eu le foie transpercé, un rein en moins et surtout elle est devenue paraplégique. Depuis 3 ans son unique rein ne fonctionne plus. Elle est donc sous dialyse ...Comment peut-elle oublier les valeureux combattants de la libération algérienne" ?

Pierrette DONATO en 2008

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8.les victimes 21

 

Au Casino de la Corniche, situé sur un éperon rocheux de Saint-Eugène, dans la proche banlieue d'Alger, un gamin de dix-sept ans, plongeur dans l'établissement, posait un paquet sous l'estrade qu'occuperait quelques heures plus tard l'orchestre de l'enfant chéri de Bâb-el-Oued : Lucky Starway.

Le Casino de la Corniche était le nouvel objectif de Yacef Saadi. Là, pas d'enfants. Seulement des jeunes gens, beaucoup de militaires, d'inspecteurs de police, de joueurs. Et pas de musulmans. Ils étaient refoulés à l'entrée. C'est pourquoi Yacef avait eu besoin de la complicité d'un employé du Casino. Il ne l'obtint qu'en promettant au jeune homme de le faire évacuer au maquis avant l'explosion de la bombe.

 

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L'engin explosa 18 h 55, fauchant des dizaines de couples qui dansaient tendrement. L'estrade fut littéralement soulevée par l'explosion. Le piano réduit en miettes. Lucien Scror, dit Lucky Starway, était mort sur le coup, éventré. Sa chanteuse eut les pieds arrachés, le danseur Paul Pérez, les jambes sectionnées. Lorsque la fumée et la poussière des gravats furent retombées, plus de cent personnes gisaient dans les décombres, perdant leur sang. Le silence qui succéda à l'explosion fut bientôt déchiré par les hurlements des blessés. La bombe ayant explosé au ras du sol la plupart des victimes étaient atteintes aux membres inférieurs.

Huit morts. Quatre-vingt-un blessés dont dix furent amputés ! Les douze blocs opératoires de l'hôpital de Mustapha fonctionnèrent toute la nuit. Alger était à nouveau atteint de folie sanguinaire. Le cycle répression-attentat avait repris avec une intensité que jamais la capitale n'avait connue.

Et le mardi, aux obsèques des victimes, ce fut l'émeute. Comme à l'enterrement de Froger. Les ratonnades. Les magasins saccagés. Les C.R.S. qui tentent de contenir la foule en furie. Les grenades lacrymogènes... Le couvre-feu fut établi à 21 heures.

L'exaspération était à son comble. Chez les Européens, chez les musulmans, on veillait des corps. Le, fossé venait de s'élargir et de se creuser un peu plus. Ce n'était plus un fossé, mais un ravin ! Les débris laissés par l'émeute étaient tout juste balayés, la fumée des gaz lacrymogènes était à peine chassée par l'air printanier que Bigeard et ses hommes du 3ème R.P.C. revinrent dans le merdier.

 


II - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

 

4 - Témoignage de Patrick CUESTA   - 24 octobre  2004 recueilli par Hervé Cuesta   

Témoignage recueilli à PIA (66) le 24 octobre 2004, par Hervé CUESTA Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Le 9 mai 1962, vers 18 heures après ma journée de travail, à CHERAGAS près d’Alger, je me trouvais en compagnie de mes copains d’enfance : BERTOMEU, Jean GALLANT…etc... Nous étions 5 ou 6. Lorsqu’un nouvel ami, Ahmid, fît feu sur nous.

Il faut préciser que cet ami, Ahmid, qui venait de la frontière marocaine, s’était de lui-même incorporé à notre bande dès son arrivée à CHERAGAS en 1960, ses parents étant employés du Docteur MAIGROZ  de ce même village.

Donc ce jour-là, aucun de nous ne pouvait deviner ce qui arriva :A l’angle de la rue du Bain Maure à côté d’une boucherie arabe, il surgit avec un pistolet 7,65 [1] et fit feu sur notre groupe.

J’étais le premier sur la trajectoire, et pris la balle en pleine tête, presque à « bout touchant ». Elle pénétra près de l’oreille gauche et vint se loger dans ma mâchoire supérieure à l’articulation des deux mâchoires : le condyle.La surprise et la panique s’emparèrent de mes copains, qui s’enfuirent tous, me laissant seul à terre dans une marre de sang. Etourdi et chancelant, je me relevais et me dirigeais  chez le docteur CARON mais il était absent, sa secrétaire me claqua la porte au nez.
A t’elle eu  peur ? Encore une question laissée sans réponse après 42 ans…

(Des rumeurs laissent imaginer qu’après l’indépendance, ce docteur pensait pouvoir collaborer avec le FLN.) Je revins, sur mes pas, vers le centre du village, et je tombais sur le docteur TREILLE qui était déjà en retraite; il me fit entrer dans son cabinet pour m’apporter les premiers soins et appela aussitôt mon père qui me conduisit avec son auto à l’Hôpital MUSTAPHA à Alger.
Le lendemain à midi j’étais opéré pour extraire la balle. Malgré trois opérations de l’œil et de la mâchoire, après 42 ans, je souffre toujours des séquelles de cet attentat qui reste gravé au fond de ma mémoire pour ma vie entière: il suffit que je me regarde dans la glace… Sans compter les complications neurologiques pour lesquelles je suis toujours en traitement.

Quant à mon agresseur, il fût arrêté une semaine après par les militaires, emprisonné puis relâché quelques jours après (accords d’Evian...).

Mais cependant, les gardes-mobiles vinrent chez nous pour effectuer une fouille complète de notre maison afin de découvrir des éventuelles armes... Bien entendu, nous étions suspectés d’appartenir à un réseau OAS…. Mes parents furent menacés de poursuites s’il arrivait quelque chose à l’auteur de l’attentat…!!!

Je précise que pour ma sécurité, j’étais caché à Bab-el-Oued chez ma tante dès la sortie de l’Hôpital, jusqu’à mon départ pour la métropole le 8 juin 1962.

Le personnel de l’Hôpital m’avait conseillé de fuir en Métropole et de me mettre à l’abri, étant persuadé que le FLN n’hésiterait pas à venir à MUSTAPHA pour m’achever ; des cas semblables étant déjà arrivés : l ‘Armée Française n’avait plus le pouvoir de protéger la population européenne.

Je ne revis donc plus le village où je suis né et j’en étais au début, soulagé. Pendant plusieurs années j'ai fais des cauchemars, la crainte de me faire enlever comme tant d’autres, même en Métropole…

D’autres rumeurs font état que mon agresseur Ahmid, soupçonné de jouer le « double-jeu » a été défenestré lors d’un « interrogatoire poussé » par ses amis du FLN quelques mois après.
C’est un ami de CHERAGAS,  lui-même enlevé en juillet 62 puis relâché deux mois après qui m’apprit cette nouvelle.

J’atteste sur l’Honneur, que toutes ces informations sont rigoureusement exactes.

Je continue de percevoir une pension militaire à titre civile, étant pensionné à 95 %.

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Patrick CUESTA est né en 1944.
Patrick
CUESTA est le cousin d'Hervé CUESTA.
C'est un ancien champion cycliste d'Alger.
Il devait partir,  un mois après l'attentat, dans une école de cyclisme professionnel en métropole

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Pistolet UNIC  et munition calibre 7.65

[1] - Dès 1951, dans la Police Nationale, l'ensemble des armes de poing détenues est remplacé par un pistolet automatique de marque UNIC modèle Rr 51 en calibre 7,65 mm jusqu'en 1981. Cette arme est faite pour le corps à corps ou tir sur courte distance (efficacité jusqu'à 25m). J'ai vu des projectiles rebondir sur des pneus sans parvenir à les percer. (Source : Alain AVELIN, retraité de la Police Nationale)

 


III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

5 - Paul et Henri COUTURIER 14 et 18 ans : pour finir torturés, atrocement mutilés... 19 mars 1962 ... complicité ... un crime d'Etat français   par André TROISE Béziers  2005

La veille de la signature des accords d’Evian où les représentants du gouvernement français ont honteusement capitulé sans conditions devant les ennemis FLN de la France, assassins durant huit ans et du cessez-le-feu unilatéral du 19 mars 1962 (celui de l’Armée française), mes deux jeunes beaux-frères, Paul et Henri Couturier, 14 et 18 ans, encore des enfants, furent enlevés et séquestrés dans des trous noirs, bras et jambes entravés de fil de fer, ensuite traînés durant de longs mois dans les maquis de l’Ouarsenis, utilisés comme des bêtes pour les corvées les plus pénibles et les plus avilissantes, subissant tous les sévices de ces rebelles de l’ALN, barbares et sauvages à l’extrême, se nourrissant de glands, de racines et d’herbes, couchant à la belle étoile, uniquement vêtus d’un short, donc torses nus dans l’hiver rude de ces djebels, souffrant les mille misères de nuits de cauchemars et de journées ponctuées de coups et d’insultes, et pour finir torturés, atrocement mutilés et égorgés comme des moutons.

Ils furent retrouvés au bord d’un chemin forestier, près de Ténès, solidement ligotés à un arbre, la poitrine écartelée laissant apparaître le cœur, le ventre ouvert de haut en bas, les tripes pendant à leurs pieds comme des animaux de boucherie, émasculés et la gorge tranchée.

Ces crimes odieux ont été volontairement perpétrés et exposés pour semer la terreur parmi la population civile européenne.

Les autorités civiles, militaires et religieuses, ont refusé de rendre les corps de ces malheureux et pauvres gosses à la famille bouleversée, démolie et dans une peine indescriptibles. Les motifs injustifiés de ce refus étant soi-disant d'éviter un vent de colère et de révolte légitime de la population européenne.

Cette révolte aurait porté ombrage au processus des accords d'Evian. Les autorités civiles et militaires d’ Orléansville avaient déjà établi des contacts avec l'ALN et le FLN et n'ont rien fait pour libérer ces gamins et les sauver d'une mort affreuse, la veille du 19 mars 1962. Cette complicité avec l'ennemi est aussi un crime d’État.

C'est suivant les indications obtenues d'un officier des renseignements, le commandant Restiquinli qui avait pour couverture une armurerie à Tenès, et les renseignements arrachés à un curé d'Orléansville et à deux membres du FLN, dont un avait été un temps dans la police, qu'un commando OAS monta une expédition punitive dans la région d'Orléansville et à Ténès. Justice fut faite.

Une trentaine de terroristes et de barbouzes furent exécutés et une douzaine grièvement blessés. Dix d'entre eux avaient participé à l'enlèvement et à l'assassinat de ces enfants.

Les archives de la Préfecture d'Orléansville et celles du commandement militaire existent et doivent être mises à la disposition des Pieds-Noirs et des historiens.

L’État français se doit de rendre des comptes, lever la censure, établir la vérité historique et réparer les dommages. Les médias se doivent de participer à cette œuvre salutaire comme pour la Shoah et les crimes nazis et soviétiques.

Il faut imaginer, ne serait-ce qu'un instant, les souffrances physiques et morales de ces milliers de martyrs et celles de leurs familles depuis 43 ans déjà.

A ceux-là il faut ajouter les soldats français prisonniers exécutés par l'ALN et le FLN, les Harki et leurs familles exterminés suivant ces procédés ignobles d'une barbarie et d'une sauvagerie dépassant l'entendement de tout humanoïde.

Un témoignage en mon honneur et conscience morale et humaine qui s'ajoute à tant d'autres. André TROISE -  Béziers  - 2005

André TROISE a témoigné dans le film documentaire de Charly Cassan :"La valise ou le cercueil" 2011 -  Palmes académiques 2012
Il a écrit "Crimes d'Etat d'un chef d'Etat" - Préface de Joseph Hattab Pacha feu président national de Veritas

 

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Paul complétement à gauche

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Paul 14 ans et Henri 18 ans COUTURIER

 

André Troise

 

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III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

6 - "Nous avons subis les uns après les autres des sévices graves"  - Source Jeune Pied Noir -  

 

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Source Jeune Pied-Noir

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Le tortueux chemin Laperlier sur les hauteurs d'Alger en rouge
En bleu le boulevard Gallieni qui mène à El Biar et la rue Michelet qui descend jusqu'à la Grande Poste

 

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Chemin Laperlier

 


III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

7 - Témoignage Général Henri Schmitt - janvier 2013 dans  etudescoloniales.canalblog.com

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Maurice Schmitt, né le 23 janvier 1930 à Marseille, est un général français, chef d'État-Major des armées françaises du 16 novembre 1987 au 23 avril 1991 puis gouverneur des Invalides jusqu'en 1996.
Faits d’armes : Diên Biên Phu - Bataille d'Alger (janvier 1957 S.G.) Commandement : Chef d'État-Major des armées
Guerre d'Indochine, Guerre d'Algérie ( 1954 – 1962 S.G.),Guerre du Golfe
Source Wikipédia

 


III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

8 - Témoignage d'Alain Sanders pour Sœur Pierre Fournier   Article extrait du n° 7738 de Présent, du Mercredi 28 novembre 2012

Pas de repentance pour sœur Pierre Fournier ?

Dans Présent du 23 novembre, j’ai évoqué sœur François Solano, arrachée aux mains des fells par les hommes de la 19e DI. Et aussi sœur Pierre Fournier qui avait été enlevée en même temps qu’elle, mais qui fut retrouvée morte.

Le 17 octobre 1956, après deux accrochages avec les fellaghas, les soldats de la 1re Cie du 28e BCA vont délivrer les deux religieuses. La plus jeune, sœur François Solano, est épuisée. Mais vivante. La plus âgée, sœur Pierre Fournier, a été assassinée par ses geôliers. Après un mois de marches forcées dans le djebel, elle ne pouvait plus suivre. Dans la nuit du 16 au 17 octobre, lors de l’accrochage, le chef des fells va l’abattre. Deux coups de chevrotine tirés à bout portant.

Raconter ce qu’ont subi ces deux femmes, leur calvaire, est impossible. Naguère, une cause en béatification fut ouverte pour sœur Pierre Fournier. Je ne connais pas la suite qui a été donnée à ce dossier.

Ce que je sais, en revanche, c’est que personne, ni l’Etat, ni l’armée, ni l’Eglise, ni ces hommes politiques si empressés à servir les mensonges du FLN, n’a jamais fait repentance pour la mort de cette religieuse aimée et respectée – et c’est pour cela qu’elle fut enlevée et tuée – par les populations des douars où elle œuvrait.

Quant à la survivante, sœur François Solano, on lui interdit – aujourd’hui – d’être décorée de la Légion d’honneur au motif que cela pourrait chagriner Alger…

Pas de repentance, non plus, pour les martyrs de Petite Kabylie, habitants du Douar Ihadjadjen, des villages de Feraoun, Iguerguendouze et Akansas de la commune mixte de la Soummam en février 1956.

Des bandes d’égorgeurs arrivèrent dans ces villages paisibles. Les hommes furent rassemblés et envoyés, sous la menace, couper des poteaux télégraphiques pendant que les felleghas s’« occupaient » de leurs femmes…? On ne plaisante pas avec l’honneur kabyle. Tous les hommes des villages concernés, regroupés derrière leurs chefs, se rendront chez le caïd pour demander que l’annonce de leur ralliement soit connue ? Le chef rebelle en Kabylie, Amirouche, inquiet de ces ralliements en masse, va alors commander la destruction de tous les villages de la zone ralliée. C’est ainsi que de jeunes appelés de la 19e DI, récemment arrivés dans la zone ralliée, vont découvrir des dizaines de cadavres de villageois, la gorge tranchée, mutilés, émasculés.

Plusieurs villages kabyles furent ainsi rayés de la carte. Amirouche y gagna le surnom glorieux de «boucher de la Soummam ». Mais pas de repentance non plus pour ses victimes.

On dit qu’on ne peut pas réécrire l’Histoire. Certes. Ce qui est insupportable, en revanche, c’est que l’Histoire de l’Algérie française soit – et de plus en plus – écrite par ses ennemis. Quand cela vient des fous furieux d’Alger, c’est déjà une infamie. Mais quand ce sont des Français qui acceptent, accompagnent, accréditent ces mensonges, c’est encore pire. Il y a la gauche et l’extrême gauche pour s’y employer. Normal. Eux et leurs héritiers furent et sont les porte-coton des fellaghas. Mais il y a aussi les gaullistes qui laissent dire. Car ils savent que raconter les choses telles qu’elles se sont passées, c’est fatalement convoquer leur grand homme, De Gaulle, au tribunal de l’Histoire.

Alain SANDERS
Article extrait du n° 7738 de Présent, du Mercredi 28 novembre 2012

 

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Des deux religieuses enlevées à Igjhil-Ali une (sœur Pierre Fournier) a été égorgée, l'autre (sœur François Solano) est retrouvée hébétée, toutes deux ont été abondamment violées.

Il lui est demandé de ne jamais parler de ses tortures, et elle est mutée en Afrique.

En retraite à Montréal, le gouvernement français lui a attribué en 2012 la Légion d'honneur.

Mais la Supérieure lui interdit de l'accepter, car « cette acceptation pourrait mettre en danger les religieuses qui survivent en Algérie »

Voir la source : http://guerredalgerie.pagesperso-.fr

 

Le colonel de la wilaya III - LE BOUCHER DE LA SOUMMAM

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III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête...

9 - Le calvaire d'un soldat du contingent fait prisonnier par l'A.L.N. 1957

Guerre d’Algérie (1954-1962) : le calvaire d’un soldat du contingent fait prisonnier l’ALN -

Le 22 février 1957, à un jour près, un groupe de combattants nationalistes algériens, dirigé par Mohamed Hanoufi, alias si Abdelhaq, natif de Cherchell, accroche violemment un convoi de l’armée coloniale à Bouyemen-Lalla-Ouda, dans l’arrière-pays de Dupleix (Damous). Les forces adverses y laisseront au moins 21 soldats tués, un fait prisonnier, quatre véhicules militaires détruits, un hélicoptère abattu. Les armes, les vêtements des victimes seront récupérés par les combattants de l’ALN.

Si Abdelhaq, qui se voulait un exemple pour ses compagnons, qui se plaçait toujours en tête de ses djounouds, tomba au champ d’honneur.

A notre modeste connaissance, le nom de Mohamed Hanoufi alias Si Abdelhaq, un authentique héros de la révolution algérienne, ne figure sur aucun document ou livre publié à ce jour, estampillé historique, consacré aux « Evènements » d’Algérie.

Et pour cause ? Avec des moyens humains et matériel dérisoires, pendant au moins une année, il ridiculisera l’état-major de l’une des plus puissantes armées du monde, forcera l’admiration de ses compagnons et de son peuple. On peut dire qu’il a placé la barre de l’héroïsme et de la morale du combat anticolonial si haut qu’elle ne sera sans doute jamais effleurée par aucun des béni Hilal, des félons et dévastateurs qui ont confisqué l’indépendance de l’Algérie, ruiné son image, tari ses ressources, outragé son peuple, faussé son histoire.

Que les algériens qui sont légitimement écœurés par leur racaille politicienne, corrompue jusqu’à la moelle des os, se rassurent, il n’existe aucun lien de parenté entre leurs dirigeants post coloniaux et l’esprit d’une révolution authentiquement populaire. Comparer un quiconque mafieux de leurs dirigeant actuels à leurs glorieux martyrs d’antan reviendrait à faire violence à la vertu pour la contraindre à s’agenouiller devant le vice.

Appartenant à une famille authentiquement révolutionnaire, notre maison fut, de 1956 à 1959, le passage obligé pour les combattants nationalistes algériens circulant d’Est-Ouest et vice versa ou affectés en zone IV de la wilaya IV, dans la vallée de Kella, arrière-pays de Gouraya.

Je tiens à préciser que je n’ai vu le jeune soldat fait prisonnier à Bouyemen qu’une seule fois, de nuit, vers le 24 février 1957.

Cependant, grâce à un réseau de témoins oculaires, concordants, j’ai pu suivre son chemin de croix jusque son terme tragique.

Il y a longtemps que j’ai voulu écrire l’histoire de ce jeune soldat français du contingent. Cependant, plus d’un demi-siècle après les faits, mes multiples tentatives de l’écrire ont échouées à cause d’une intense émotion qui me glace le sang dans les veines, me crispe les muscles et me paralyse le cerveau à chaque fois que je me mets devant mon clavier.

Aussi, suis-je conscient que bien que fort tardif, mon témoignage peut être ressenti par certaines personnes comme une lame acérée remuée dans des plaies en voie de cicatrisation ou raviver chez elles de douloureux souvenirs en voie d’apaisement. Je m’en excuse et les rassure que moi-même, un peu plus d’un demi-siècle après les faits, la souffrance du jeune soldat fait prisonnier à Bouyemen me donne encore des sueurs glacées, me fait passer des nuits agitées, sans sommeil, comme s’il était de ma famille, comme s’il était : mon frère, ma mère ou mon père, tous les trois furent victimes des violences coloniales.

Aussi, suis-je conscient qu’écrire sous la tyrannie de l’émotion n’est pas aisé. Mes propos peuvent être maladroits, mal compris au choquer des âmes sensibles, notamment des personnes qui peuvent reconnaître la victime dans mes propos.

Ma présente démarche ne tend ni à occulter, ni amoindrir, ni trouver des circonstances atténuantes aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité perpétrés par l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954-1962.) Cependant ces crimes indignes d’une nation comme la France ne doivent nullement légitimer ceux de certains seigneurs de guerre du FLN/ALN.

Suite à leur retour de l’accrochage de Bouyemen-Lalla-Ouda, en attendant qu’un couscous préparé par ma mère leur soit servi dans une aile de notre maison, les combattants nationalistes algériens exhibent leurs trophées de guerre : armes, vêtements, pataugas, ceinturons, ensanglantés. Et, un jeune soldat du contingent fait prisonnier, qui est légèrement vêtu, transi de froid et de peur, qui n’avait pas mangé depuis au moins 24 heures, qui supplie, dans un arabe des plus approximatif : « Ya Khaouti ma téqlounich » (mes frères ne me tuez pas. »

Une fois le couscous fut servi, le jeune captif refuse de s’alimenter. Je courre vers ma mère pour l’informer de la présence du jeune prisonnier parmi nos vaillants combattants. A son tour, elle accoure vers ses nids de poule, attrape quatre œufs frais, les met à bouillir. Une fois cuits, elle me les confie accompagnés d’une pincée de sel, me charge de les offrir au jeune prisonnier. Aussi m’a-elle chargé d’exhorter le chef des moudjahidine de ne pas rendre : « Sa mère malheureuse. »

Quand je lui présente le cadeau de ma mère, le jeune soldat éclate littéralement en sanglots. Le successeur de Si Abdelhaq, une brute, lui arrache les œufs des mains. Il me fusil du regard tout en me disant : « ça c’est pour mes djounouds», me dit-il sèchement. Etant sous notre toit, en présence de mon père, alors « président du comité populaire du FLN», de mon frère Mohamed, engagé dans les rangs du même FLN, la brute, Sihka, tente de se rattraper, me dit : « Vas dire à ta mère que la mère du prisonnier ne sera pas malheureuse.

La quasi-totalité des populations alliées du FLN/ALN, qui ont vu le prisonnier, ont d’abord demandé à son geôlier de lui épargner des souffrances inutiles. Les nationalistes algériens n’avaient pas les moyens de garder des prisonniers.

Le soldat de Bouyemen a visité plusieurs douars alliés du FLN/ALN. Le libérer serait de prendre le risque de faire s’abattre une féroce répression sur ces populations.

Par conséquent, son sort était scellé. Cependant, le livrer à une minorité de revanchards, qui avaient jusqu’à là gardé leur distance vis-à-vis des nationalistes algériens, était indigne d’une révolution populaire comme la révolution algérienne.

Un jeune combattant nationaliste désapprouve les méthodes de son chef. Il propose de tuer le prisonnier sans le tourmenter ni l’humilier.

Dans un monde de brutes, la pitié, l’un des principaux attributs de l’espèce humaine, est toujours synonyme sinon de lâcheté du moins de faiblesse.

La brute Sihka, à l’aide de la crosse de son fusil, brise le genou de son compagnon qui le désapprouve ses méthodes, pour l’empêcher de fuir, le désarme, le dote d’une branche en guise de béquille. Une fois arrivés à Hayouna, arrière-pays d’Oued Messelmouhn, le même Sihka présente aux populations le jeune soldat fait prisonnier à Bouyemen comme étant le tueur de Si Abdelhak, de leur héros et le jeune algérien au genou brisé comme étant un harki, son complice.

Le soldat français aura les mains et pieds liés derrière le dos, couché face contre terre, il sera lapidé jusqu’à ce mort s’en suive par des revanchards excités par Sihka.

Quant à son infortuné compagnon, qui a commis le crime d’avoir eu pitié d’un prisonnier, qui a exprimé son souhait de mettre fin à ses tourments par une mort propre, il sera mis à mort par pendaison.

Le pendu était le fils de la dame qui a préparé le couscous aux combattants de l’ALN avant et après l’accrochage de Bouyemen, qui a offert des œufs bouillis au jeune prisonnier et au président du comité populaire de la vallée de Kellal.

C’était mon frère Mohamed, qui laissera une jeune veuve enceinte d’une fillette qu’il ne prendra jamais dans ses bras.


III - Histoire et récits - Mars 1962-C'était tout ce poids dans la tête... 

10 - Un terrorisme d'Etat - Plainte auprès du Prefet de Police d'Alger

Union Interprofessionnelle et Intersyndicale de l’Energie des Transports

                                                             
ALGER le 21 mars 1962 

                                                     Monsieur le Prefet de police

                                                    Préfecture de Police d' ALGER                                                                                                                                  

 

                       Monsieur le Préfet de police,

Le vendredi 16 mars 1962, les Sociétés de Distribution de pétrole et le Syndicat des détaillants de carburant se sont mis en grève pour protester contre l’enlèvement arbitraire sur son lieu de travail, de Monsieur PETITJEAN, ingénieur à   la Société Nord africaine des Automobiles Berliet à ROUÏBA.

Le même jour, l’Union Interprofessionnelle et Intersyndicale de l’Energie et des Transports, dans une motion qui vous a été adressée, vous faisait part de son intention de se solidariser avec les grévistes, si aucune information valable ne lui était donné sur la détention de Monsieur PETITJEAN, avant le samedi 17 mars 1962 à 15 heures.

Le dimanche 18 mars 1962, alors que, pour permettre aux membres du Corps médical de remplir leur mission, nous avons accepté l’ouverture d’une station-service (station SCHELL, boulevard Gallieni à El Biar), de graves incidents, que nous relatons ci-après se sont produits.

Une file de voitures appartenant à des membres du Corps médical faisait la chaîne devant la station service dans l’attente d’être servies, « lorsqu’une  jeep immatriculée 025036, portant la marque distinctive de la gendarmerie et occupée par un adjudant », remontant le boulevard Gallieni, s’est trouvée bloquée par la chaîne de voitures.

L’adjudant de gendarmerie a crû devoir insulter les passagers des véhicules, ce qui amena par réaction l’un des conducteurs à klaxonner « Algérie française ». L’adjudant de gendarmerie au paroxysme de la fureur, arma sa mitraillette et tira une rafale de six balles qui passaient au-dessus de la tête des personnes qui se trouvaient sur la piste de distribution. Le gendarme qui occupait la place arrière de la jeep, sortit son pistolet automatique et tira une balle par terre qui par ricochet passa entre les jambes des mêmes personnes.

De tels faits, encore plus inadmissibles à l’heure présente, nous amènent à confirmer la plainte que nous avions déposé le 21 février 1962 à 16 heures 40, auprès de Monsieur le Secrétaire général de la Préfecture de police, au sujet du mitraillage le 20 février 1962 à 20 heures 15, d’une voiture de service d’AIR ALGERIE, par les gendarmes mobiles.

De tels actes de violence dirigés contre des travailleurs dans l’exercice de leur profession, ne sauraient rester impunis, sans que les Pouvoirs publics n’en portent la lourde responsabilité.

C’est pourquoi nous vous redemandons que les deux enquêtes, la première étant restée sans réponse à ce jour, soient effectuées avec le maximum de diligence et que les sanctions méritées soient prises pour flétrir les actes qui risquent d’entraîner toutes sortes de réactions incontrôlables des paisibles travailleurs.

Dans l’attente d’une réponse qui, osons l’espérer, nous donnera satisfaction, veuillez croire, Monsieur le Préfet de police, à notre considération distinguée.

Le Comité Directeur
de l’Union Interprofessionnelle et Intersyndicale
de l’Energie et des Transports

Pour E.G.A

Pour S.N.C.F.A.

Signé :            BLANCHET

                        SAINSOT  

                        CIPRESSO  

Signé :          FERNANDEZ

                      BORJA

                      HERMITTE

 

Pour les Sociétés Pétrolières d’Exploitation

Pour les Sociétés Pétrolières deDistribution

Signé :      BATARD

                 GOURGOUILLON

                 PRUD’HOMME   

Signé :     D’APREVAL

                 GERARD

                 TUDURY

 

Pour l’Aéronautique Civile

Signé : JANIN

            JORDY 

 

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III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

11. Attentat meurtrier au bar Otomatic rue Michelet à Alger -  24 janvier 1957 -Témoignage de Michèle HERVE

Michelle HERVE est une étudiante de 23 ans.

"Je revenais avec ma sœur jumelle Josiane  de la bibliothèque estudiantine. Je devais faire un exposé sur le service social de l'Algérie et les idées me manquaient. J'étais en 1ère année des études d'assistante sociale après avoir réussi avec mention mon diplôme d'infirmière de la Croix Rouge. Il faisait beau ......... "

Dans l'après-midi du samedi 26 janvier 1957 des engins à retardement ont explosé dans le même temps dans les bars de l'Otomatic, la Cafeteria et le Coq Hardi, situés dans rue Michelet  et dans son prolongement rue Charles Péguy .

Mettre un plan

Le 4 décembre 1957 Danièle MINNE, la poseuse de la bombe est arrêtée. Elle a 17 ans.

Elle est fille d'activistes communistes. Sa mère se remarie avec Abdelkader Gerroudj, un militant du parti communiste algérien. A partir de janvier 1956 ils participent au réseau de bombes de Yacef Saadi et de son chef Larbi Ben M'Hidi. C'est la Bataille d'Alger.

Des attentats sont décidés avec pour objectif les brasseries en plein centre ville : l'Otomatic, la Cafeteria et le Coq hardi. La date est fixée au 26 janvier 1957.Yacef Saadi recrute 4 poseuses de bombes :
- L'Otomatic : Danièle Minne (qui deviendra Djamila Minne Amrane - fille de la militante communiste Jacqueline Guerroudj ex Minne) et Zahia Kerfallah
- La Cafeteria : Zoubida Fadila- Le Coq hardi : Djamila Bouazza

Les Bombes que Yacef Saadi leur remet ne sont pas plus grandes qu'un paquet de cigarettes, faciles à dissimuler dans un sac. Le système d'horlogerie de la mise à feu est remplacée par un crayon allumeur.

Danièle Minne bénéficiera de l'amnistie générale de mars 1962 et des aller et retours Algérie-France elle finit par enseigner L'histoire de la décolonisation à l'université de Toulouse Le Mirail

 


III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers 

11 - Noël 24 décembre 1956 - 19 heures - Mitraillage au Bar Gandillot - Bab el Oued - Témoignage d'Hervé Cuesta - 1er novembre 2011

24 décembre 1956 - Préparation du repas de Noël à Alger Un ami intime de notre famille Raymond MAZOYER, petit-fils du propriétaire de la ferme « Bel-Air » à Dra-El ATTACH, où mon arrière-grand-père et grand-père paternels ont été métayers, est venu dans l’après-midi apporter des grives à notre domicile. Mon père était au travail et je remerciais Raymond pour son attention… Il me dit « ton père va manger des grives d’AÏN-BESSEM ce soir pour le repas de Noël. Tous deux étaient bons chasseurs et amateurs de gibier.

En fin de soirée, avant de rejoindre ma mère, ma sœur (11 ans) et mon petit frère (2 ans) à la papeterie 9 bis, rue DUPUCH, je passe chez MANOUSSE (BAR GANDILLOT), café préféré de mon père qui se situe au coin de notre avenue GANDILLOT et le 28, rue ROVIGO, pour lui dire que pour le repas de Noël, nous avons des « grives de Raymond »… Mon père tout heureux, me dit qu’il va monter tout de suite les plumer… Moins de 10 minutes plus tard, j’arrive au magasin de ma mère et nous nous attendons la fermeture.

Il devait être 19 heures ou plus ? De toutes les façons la nuit était bien noire depuis longtemps… Au bout de quelques minutes nous entendons les claquements secs et puissants d’un mitraillage. Nous le situons aussitôt au CADIX, carrefour célèbre des Tournants ROVIGO. Des crissements de pneus nous parviennent, ainsi que des cris grâce à l’écho du carrefour et notre proximité (moins de 300 mètres ; nous avions l’impression d’être au milieu de la fusillade)…

Ma mère affolée me fait baisser le rideau métallique et nous attendons la fin des coups de feu.

Cela parait interminable, ma mère n’arrêtant pas de dire « et ton père qui est chez MANOUSSE !... » Pour rassurer ma famille, je lui réponds : « il est monté aussitôt pour préparer les grives de Raymond… » En même temps, je me rassure. Au bout d’un moment qui nous a paru long, nous quittons la rue DUPUCH très inquiets. Un silence de mort troublé par les sirènes des ambulances au loin…

Des voisins nous disent « Ils ont mitraillé MANOUSSE ! » La peur nous gagne maintenant et tous quatre nous pensons au pire pour notre père.

En prenant le raccourci des escaliers de la rue MAURICE, nous évitons le carrefour du CADIX pour ne pas passer sur les lieux de la fusillade et aussi pour arriver plus tôt chez nous… Il est facile d’imaginer notre angoisse, puis notre joie quand mon père nous ouvre…

Il avait cessé sa préparation culinaire au moment des coups de feu et nous attendait dans une crainte semblable à la nôtre. Lui aussi avait localisé la fusillade et pensait à ses copains… De la fenêtre de notre salle à manger qui donnait sur le garage POULAILLON le café de MANOUSSE était sur la gauche, mais caché par les immeubles.

Nous n’avons pas mangé les grives ce soir-là, le cœur n’y était plus.

Le lendemain, nous avons appris la mort d’une jeune fille de 17 ans, Mademoiselle LILLO qui sortait de la mercerie mitoyenne pour acheter des boutons pour sa robe de réveillon, et dont la cervelle éclaboussa la façade du café ...

Nous étions en pleine « bataille d’Alger » J’avais 13 ans, et je ne souhaite pas à 5 mes petits-enfants de vivre mon adolescence…

Hervé CUESTA
La Roquette, le 01 novembre 2011

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