6.2 - Les barbouzes : les Français avaient leurs "tontons Macoute"

III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

1 - « Un crime sans assassins » - “Les Algérois au 26 mars 1962” Pages 42-43
Introduction de Marie Jeanne REY
Et puis il y avait les barbouzes.

2 - Témoignage du commandant Azzedine - source Jeune Pied noir - 17 janvier 2008

3 -" Audition de  Pierre Lemarchand et de Jacques Delarue - Assemblée nationale 10 mars 1982" par Manuel Gomez 2002

 

 

1 - « Un crime sans assassins » - “Les Algérois au 26 mars 1962” Pages 42-43
Introduction de Marie Jeanne REY
Et puis il y avait les barbouzes.

Le Gouvernement en était si peu fiers que pendant des années il nia jusqu’à leur existence. Pourtant ils étaient là et bien là. Certains influencés par de célèbres romans policiers, imaginent que les barbouzes étaient des agents secrets, des espions de haute volée, des James Bond français. La réalité était tout autre.

Sous couvert d’un organisme officieux, le MPC (Mouvement pour la communauté), des agents gouvernementaux avaient recruté ce qu’ils avaient trouvé, des Vietnamiens ramassés on ne sait où, des musulmans du FLN et de jeunes voyous français de petite envergure mais de grande cruauté.

Monsieur Alexandre Tislenkoff fut leur prisonnier avant qu’une providentielle explosion dans leur repaire, explosion provoquée par l’OAS, ne le libérât d’eux sinon de la police et de la prison. Sa vie fut sauvée in extrémis car les barbouzes n’avaient guère coutume de rendre leurs captifs ni vivants ni morts. Sans doute pour se détendre entre deux séances de torture, quelques exécutants se confièrent à Monsieur Tislenkoff, ils lui montrèrent leurs belles cartes de police et affirmèrent qu’ils dépendaient directement de la Présidence du Conseil … ils n’avaient donc rien à craindre ni de la police ni de l’armée, quoi qu’ils fissent. Sans compter les « primes », c’est-à-dire ce qu’ils volaient ou extorquaient, leurs appointements s’élevaient à 2 500 francs par mois, somme coquette pour l’époque mais modique par rapport aux risques encourus.

Dans la lutte anti OAS, l’efficacité des barbouzes fut à peu près nulle, malgré une activité débordante, attentats commis seuls ou en collaboration avec le FLN, vols, tortures, assassinats … la population les haïssait et les policiers officiels, obligés de supporter ces authentiques truands ne les aimaient pas non plus. Ils se montrèrent si maladroits que l’OAS n’eut pas de mal à les neutraliser en grand nombre. Peu d’entre eux survécurent assez pour profiter du pactole.

Pour nous, à l’ignominie des crimes perpétrés par ces hommes s’ajoutaient le scandale et la honte : sans gêne aucune, le Gouvernement de la France, pays de vieille civilisation et de tradition démocratique, s’appuyait sur cette pègre. En métropole, les uns l’ignoraient, les autres s’en inquiétaient peu, mais le fait était là, les Français avaient leurs tontons « Macoute ».

Mars 1962, c’était tout ce poids pêle-mêle dans la tête et dans le cœur, sans que nous sachions que le pire n’était pas atteint.

Mars 1962 … c’était la flaque de sang sur le sol, le cadavre allongé sur le trottoir qu’on feint de ne pas voir, l’homme qu’on enlève et qui hurle, le camion militaire qui passe en mitraillant vers les fenêtres, le quartier investi tout à coup pour les perquisitions … Tous les passants se ressemblaient, teint blafard, traits tirés, regard cerné d’angoisse, gestes nerveux, corps crispé, et toujours la tête haute malgré tout. Chacun avait le même poids sur les épaules, la même douleur dans la poitrine, un trou noir et profond à la place du cœur. Comme un jeune corps vigoureux, terrassé trop vite, qui refuse la mort et se débat, Alger souffrait, luttait, voulait espérer encore.

Mars 1962 ... Ce fut Bab el Oued


Plasticage d'un siège de barbouzes Rue Lucien Reynaud


Plasticage de la Villa Andréa, lieu occupé par les barbouzes

Le dernier réduit où les barbouzes s'étaient retirées, l'hôtel Radjah, avait été loué aux hommes de Bitterlin par un proche du FLN, le bachaga Bouabdellah. L'installation à l'hôtel Radjah date du 12 février 1962. Les commandos Delta de l'OAS, connaissant la position de leurs ennemis envoyèrent immédiatement une première équipe de trois hommes à rencontre des vingt-cinq nouveaux locataires, le 14 février. La seconde attaque est menée le 18 février, à partir de 6 h 30. Ce 18 février deux half-tracks gracieusement prêtés par l'armée, chargés de soldats en uniformes de commandos de marine (en réalité les Deltas de Jésus de Bab El-Oued) ouvrent le feu au bazooka et au FM. Cette attaque sonne le glas pour ces hommes. Les forces de l'ordre ne manifestèrent aucune intention de contrer l'attaque menée par les Deltas. Les survivants restèrent à l'hôtel, tandis qu'une équipe accompagnait les blessés à l'hôpital Maillot. Cette équipe fut décimée le lendemain dès sa sortie de l'hôpital par une embuscade montée par un Delta qui avait suivi le trajet des policiers.

Les barbouzes enterrées au Cimetière de la Santé  - Mais qui est enterré là ?

LES BARBOUZES par Antoine Martinez à lire sur le site Algérie Française.org en cliquant sur le lien ci-dessous

Source : Algérie Française

 

Informations supplémentaires